Ceinture fléchée: un héritage culturel

SAINTE-URSULE. Symbole vestimentaire fort de la culture québécoise, la ceinture fléchée a longtemps été portée. Moins populaire aujourd’hui, des artisans s’efforcent quand même de faire revivre l’art du fléché pour éviter qu’il ne disparaisse.

À la fois pratique et esthétique, la ceinture fléchée était anciennement utilisée comme attache pour les manteaux et permettait aux voyageurs de rester au chaud. Elle servait également de support lombaire, à transporter des charges ou divers outils. Souvent ornées de couleurs vives, les ceintures fléchées ont aussi servi de parure vestimentaire, ce qui explique en partie l’intérêt que lui portaient les Autochtones.

Au XVIIIe siècle, la Compagnie La Baie d’Hudson embauche des dames de l’Assomption pour confectionner des ceintures qui sont proposées aux Amérindiens en échange de fourrures. Le rouge, le blanc, le bleu le jaune et le vert seront les couleurs standardisées par la compagnie pour les ceintures qu’elle fera éventuellement produire sur métier à tisser, en Angleterre.

Le fléché est un art textile complexe. La fabrication d’une pièce fléchée requiert peu de matériel, mais un grand savoir-faire et beaucoup de patience. Marie-Claude Poulette maîtrise parfaitement cet art. Douée dans ce qu’elle entreprend, l’artisane de Sainte-Ursule s’adonne à la confection de ceintures fléchées depuis près de 22 ans. «J’ai décidé de m’initier à ça il y a longtemps quand j’ai été voir ma sœur lors d’une exposition de peintures à Berthierville. C’est là que j’ai vu Marie-Berthe Guilbault-Lanoix, une artisane d’expérience qui exposait ses ceintures. Je lui ai mentionné que j’aimerais ça apprendre la technique. C’est vraiment lorsqu’elle a vu une de mes créations de tricot et la patience que j’avais, qu’elle a accepté de me partager ses connaissances. J’ai beaucoup appris», souligne Mme Poulette.

Celles et ceux qui tressent de la laine le font d’abord et avant tout par passion. «C’est un beau passe-temps, reconnait-elle. Il doit rester environ une cinquantaine d’artisanes au Québec qui font des ceintures fléchées. Elles sont de plus en plus rares. Il n’y a pas vraiment de jeunes qui s’initient à ça. Il y a beaucoup de gens qui font du tricot, mais pas de la ceinture fléchée. C’est assez différent!»

Confection

La réalisation d’une ceinture fléchée se fait en plusieurs étapes et le processus exige de longues heures de travail.

Premièrement, l’artisan doit choisir la laine qui lui convient et déterminer les motifs à reproduire sur sa création. Ensuite, il doit organiser les fils de laine selon l’ordre des couleurs et il les tresse de façon à former des motifs de flèche ou d’éclairs, de flèche nette ou de flammes et de tête de flèche. Enfin, l’artisan termine sa pièce en torsadant ou en tressant la longueur de fil restant afin de faire les franges. «Il existe des ceintures tressées aux doigts, au métier et il y en au tricot. Les premières ceintures fléchées ont été tressées aux doigts et c’est cette méthode que la plupart des artisanes utilisent et tentent de préserver. Ça assure une certaine qualité et durabilité à la ceinture. Dans mon cas, j’utilise de la laine à 100 %. C’est plus solide et je la teins moi-même», raconte Mme Poulette.

La création d’une ceinture fléchée peut demander jusqu’à 500 heures de travail. Ceci explique la complexité et le coût parfois élevé aux yeux de bien des acheteurs. «Ça prend vraiment de la passion et de la patience pour bien réussir. Il faut être concentré. J’ai de l’intérêt pour tout ce qui touche l’artisanat. C’est quelque chose qui m’attire. J’en fais pendant mes temps libres», ajoute-t-elle.

Avant la pandémie, Marie-Claude Poulette enseignait son art à ceux qui souhaitaient l’apprendre. Elle compte d’ailleurs reprendre ses formations aussitôt qu’il sera possible de le faire.

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