Une infirmière de Louiseville dans un hôpital de guerre
Un hôpital de guerre est un endroit où les blessés arrivent pour la plupart en hélicoptère et où le mot urgence prend tout son sens. En Afghanistan, c’est dans cet univers qu’Annie Tétreault, une infirmière de Louiseville, devient aussi par extension une pharmacienne, une nutritionniste, une inhalothérapeute, une préposée aux bénéficiaires et encore plus parce qu’ici le moindre geste a son importance et peut sauver une vie.
Selon Annie Tétrault, on ne peut pas comparer l’urgence de l’hôpital de la base militaire de Kandahar à une urgence de n’importe quel hôpital du Québec. «C’est comme comparer des pommes et des oranges. Ici, si nous recevons au même moment 10 patients, qui sont victimes d’une bombe, nous sommes capables de faire face à la musique. Au Québec, ce genre de situation arrive rarement. Quand cela survient, c’est un peu la panique.» La jeune femme raconte que 21 patients locaux, uniquement des blessés majeurs, sont déjà arrivés au même moment, victimes d’un kamikaze. «Nous étions plus de 100 personnes à travailler au même moment.» De l’extérieur, tout cela a l’air d’être le désordre, mais non, car on “focus” sur ce qu’on a à faire. Notre but à tous est de sauver des vies.»
Une chose est sûre, le personnel est efficace et fait parfois des miracles, car l’urgence de l’hôpital de la base peut se vanter d’avoir un taux de survie de 97 %. «Les soldats nous le disent, s’ils arrivent ici en vie, ils sont corrects et ils vont vivre.» Mais, il arrive que la mort soit plus forte et, même si elle s’est habituée à cette partie du travail, Annie Tétreault admet avoir encore beaucoup de difficulté lorsqu’il s’agit d’un enfant. «C’est dur quand un enfant meurt, surtout lorsque tu as fait tout ton possible. Ce sont des victimes innocentes.»
Bombes artisanales, accidents de la route, mais aussi des enfants qui ont joué avec des explosifs, c’est ce genre de patients qu’Annie reçoit. Même si elle s’est habituée à traiter tous les cas, dont des amputations, elle va toujours se rappeler sa première victime d’explosion. «Mon premier gros trauma, je le revois encore. La personne est arrivée, mais il ne lui restait plus de jambes. En plus, lors de ce même incident nous avions appris que nous avions perdu un collègue.»
Malgré tout, la Louisevilloise ne changerait pas d’emploi pour tout l’or du monde, car elle adore ce qu’elle fait. D’autant plus qu’ici, elle peut prendre des initiatives qui lui seraient interdites au Québec. «Nous avons plus de latitude. Les médecins nous font confiance et nous avons une belle relation avec eux».