Pompier volontaire: une passion dangereuse

Dans la conception du présent reportage sur les pompiers volontaires de la MRC de Maskinongé, deux mots sont revenus souvent dans la bouche de ces combattants du feu: passion et adrénaline. L’Écho vous propose cette semaine de plonger dans l’univers de ces femmes et hommes qui mènent une double vie, celle de pompier volontaire, en plus de leur travail régulier.

Un boulanger baker de Tim Hortons, un employé de la construction et un directeur adjoint d’une école secondaire ont un océan de différence dans leur routine quotidienne, pourtant, ils ont la vie de chacun entre leurs mains lorsqu’un incendie éclate ou qu’un grave accident de la route survient et que la sirène se fait entendre.

Tout un processus se met en branle, les personnes concernées sont appelées à se rendre sur les lieux le plus rapidement possible, c’est à ce moment que l’adrénaline se manifeste. En revanche, 8 fois sur 10, l’alerte est fausse ou bénigne.

D’autres fois, par contre, une intervention prodigieuse peut permettre de sauver des vies. Martin Fréchette, pompier volontaire à Maskinongé, se souviendra toujours du 1er janvier 2010.

La glace récemment formée sur les cours d‘eau était encore fragile. Des motoneigistes s’étaient alors embourbés dans une situation critique sur le Lac St-Pierre.

«Quelqu’un dans une cabane de pêche a vu des lumières, qui ressemblaient à des motoneiges, disparaître au loin. Effectivement, ils avaient calé. Un père et son fils de 12 ans étaient prisonniers de la glace. Nous avons été capables de nous rendre sur les lieux, grâce à un véhicule amphibie tout terrain Argo. Nous avons attaché un pompier après un winch. Il a ensuite rampé pour aller les chercher un après l’autre pendant que les ambulanciers attendaient un peu plus loin. Le père et son fils étaient déjà en état d’hypothermie avancée, quand ils ont été transportés à l’hôpital. Je crois sincèrement que nous leur avons sauvé la vie ce jour-là», relate M. Fréchette.

Deux ans plus tard, en janvier dernier, plusieurs pompiers volontaires de la région ont suivi une formation pour intervenir sur l’eau glacée. Le Service d’incendie de Louiseville s’est doté d’un vaste équipement, nécessaire à ce genre d’intervention d’urgence.

Gérald Allard se souvient de deux moments qui l’ont marqué particulièrement.

«Il y a eu un accident à la sortie de la (route) 166, l’année dernière, je dirais que c’est lui qui m’a marqué le plus, affirme-t-il. On a été capables de sortir la fille du char, elle avait perdu une main.» L’intervention rapide des pompiers pour la sortir de sa prison de fer a fait en sorte que des chirurgiens ont pu lui greffer sa main plus tard.

M. Allard se souvient aussi d’une connaissance qu’il a sauvée des flammes. Avec son équipe, il a reçu une plaque commémorative et une lettre de remerciements. «Aujourd’hui je peux jaser avec cette fille-là quand je la croise. C’est des moments comme ça qui font en sorte que l’on continue», conclut-il.

La perte de «Popeye»

Le 10 novembre 2010, les pompiers sont appelés sur les lieux d’un grave accident de la route à Ste-Ursule, près de St-Justin, impliquant un semi-remorque et un véhicule utilitaire sport. Les pinces de désincarcération sont requises. Avant de se rendre sur les lieux, le chef, Alain Laflamme, rencontre ses pompiers: inutile de se presser, la victime est décédée sur le coup. Il s’agit d’Yves Bastien, surnommé «Popeye», un membre du service d’incendie de Maskinongé, actif depuis 20 ans et très investi dans les aléas du métier.

Pour protéger ses collègues, M. Laflamme insiste: «N’y allez pas si vous ne vous en sentez pas capable, nous allons très bien comprendre.»

Sans hésitation, tous les pompiers appelés font fi du conseil de M. Laflamme et se mettent au travail pour extirper le corps de leur équipier.

Lors des funérailles, le lundi suivant, une délégation de pompiers forme une haie d’honneur afin de reconduire leur camarade vers le dernier repos. La solidarité entre les membres est plus forte que jamais, suite à cette épreuve.

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Le doyen

Denis Ringuette connaît bien l’uniforme qui fait fantasmer bien des demoiselles, il le porte depuis presque 40 ans.

Denis était encore un adolescent quand il décidé de suivre les traces de son père comme pompier, il avait seulement 15 ans. Selon lui, le travail a évolué beaucoup au fil des années, particulièrement au niveau de la sécurité. «Quand j’ai commencé à être pompier, on montait dans une échelle, mais on ne se barrait pas, je suis déjà tombé de 35 pieds; j’ai manqué de mourir!» Se barrer est une technique utilisée par les pompiers pour être stable et éviter les chutes quand ils travaillent en altitude.

Souvent père de famille, la pire crainte d’un pompier est de retrouver le corps d‘un enfant sur les lieux de l’intervention. C’est ce qu’à vécu M. Ringuette à sa première sortie, il y a 39 ans. «C’était dans un accident de char. Je suis resté marqué pendant quasiment un an, admet-il. J’y pense encore.»

M. Ringuette se souvient de plusieurs feux marquants, une église, l’usine Cascade, la polyvalente. «C’est un dur métier», convient-il.

Toutefois, parmi les durs combats qu’a menés le vétéran dans sa vie, le plus récent a été aussi le plus troublant; il a survécu à un cancer. Un des premiers réflexes qu’a eus M. Ringuette au début de sa rémission a été de remercier les gars.

«Quand j’ai été malade, tous les pompiers de la région m’ont encouragé. Ils ont été très présents et je me demandais ce que j’allais faire, si j’allais revenir. Puis là tout va bien, je suis heureux, on a une bonne gang et je veux continuer de faire ce que j’aime.»

Une panoplie de responsabilités

Pour devenir pompier dans une ville de 25 000 habitants et moins, les pompiers doivent suivre un cours de 285 heures: Pompier 1, qui comporte plusieurs modules. Les pompiers assistent à des formations tout au long de leur carrière, mais surtout, ils pratiquent une fois par mois. Un pompier volontaire relativement actif peut toucher entre 5 000$ et 10 000$ dans une année en salaire.

Outre les feux et les accidents, ces derniers interviennent dans la communauté, que ce soit en faisant des visites préventives dans les maisons, en donnant des démonstrations dans les écoles ou en dirigeant la circulation dans un tour cycliste.

Les pompiers doivent également procéder à l’inspection des véhicules chaque semaine.

Mentionnons en terminant que toutes les municipalités de la MRC de Maskinongé ont un Service incendie, à l’exception de St-Sévère, qui compte le moins de citoyens (330 en 2006).