Moments difficiles pour les églises

COMMUNAUTÉ. La pandémie porte un dur coup aux fabriques des paroisses catholiques. Déjà qu’elles ne roulent pas sur l’or, les communautés chrétiennes sont actuellement privées d’importantes rentrées d’argent qui sont généralement allouées à l’entretien et au chauffage des bâtiments religieux.

Depuis quelques semaines, les lieux de culte sont de nouveau accessibles à un maximum de 10 personnes, à l’exception des funérailles qui sont limitées à 25 personnes. Malgré cette directive gouvernementale, les paroisses Saint-Frère-André, Saint-Christophe et Notre-Dame-de-l’Alliance ont tout de même pris la décision de maintenir leurs églises fermées jusqu’à ce qu’un nombre plus élevé de fidèles puissent se réunir et assister aux célébrations.

«Il faut se rappeler qu’il y aura des jours meilleurs.»

– Julio Cesar Duran

Comme prêtre modérateur pour deux de ces trois paroisses, l’abbé Julio Cesar Duran, reconnait que cette décision a été difficile à prendre. «On doit composer avec la réalité et des protocoles. À 10 personnes, on trouve que ça ne vaut pas la peine d’ouvrir les églises en sachant très bien qu’il faudrait en plus refuser des gens. Nous avons jugé qu’il était mieux d’attendre les nouvelles consignes. On suppose qu’il y aura des assouplissements en mars après la semaine de relâche. La situation de la COVID s’améliore dans la région. On espère qu’on pourra revenir à 25 personnes ou à 250 personnes, mais nous sommes présentement dans l’incertitude», raconte-t-il.

Étant donné qu’il est impossible d’aller à la rencontre des paroissiens, Julio Cesar Duran préside chaque semaine deux célébrations à partir de l’église de Louiseville, soit le mardi à 8h30 et le dimanche à 10h30. Ces messes se tiennent sans public, mais sont diffusées en direct sur les ondes du 90,9 FM et depuis décembre par vidéo sur egliselouiseville.ca sous l’onglet Multimédia. «Ce sont deux moyens que nous avons pour rejoindre les gens. Les célébrations sont diffusées depuis plusieurs années à la radio, mais l’ajout d’une caméra constitue une belle innovation pour nous. Célébrer sans fidèle, c’est particulier! L’église de Louiseville a une capacité de 1200 personnes et là, il n’y a personne. Je ne suis pas habitué de me répondre par moi-même. Ce n’est pas facile de voir ça, mais je le fais quand même pour les gens qui nous écoutent et qui maintenant nous regardent à distance», explique-t-il, en soulignant au passage que 300 personnes ont assisté virtuellement à la célébration de Noël.

«Normalement, quand on célèbre l’eucharistie ou la messe, c’est pour le rassemblement. Le but d’aller célébrer, c’est de se rassembler, partager, être en famille, prier les uns pour les autres, rendre grâce et chanter. Cet aspect n’existe pas en ce moment. C’est dur pour moi et pour nous tous. Il faut vivre avec ça.»

Appel à la générosité

La pandémie fragilise les finances des fabriques. Celles-ci doivent composer avec une baisse importante des dons. «La pandémie nous affecte surtout sur le plan financier. Nos églises ont été totalement fermées pendant près de cinq mois. Elles le sont encore aujourd’hui. Nous avons quand même des factures à payer. C’est l’hiver et il faut chauffer les bâtiments. À certains endroits, c’est plus difficile financièrement. Il y a beaucoup moins de dons qu’avant. Nos grands bénévoles et donateurs sont décédés ou ils ont quitté leur milieu pour vivre dans des résidences ailleurs. Ça aussi ça a un impact», confirme Julio Cesar Duran.

«Ça va faire un an qu’on n’a pas vu des personnes. Puisque ces gens ne viennent plus à l’église, ils ne donnent pas. C’est dommage, car leur contribution est importante pour conserver nos églises», se désole le prêtre.

Ce dernier rappelle à la population l’importance d’être généreux envers leur communauté chrétienne respective. «Dans les communautés où les gens n’assistent plus aux célébrations, ne sont pas généreux et où le sentiment d’appartenance est peu élevé, on se dirige vers la fermeture et la vente des églises», admet-il.

Des changements dans le déroulement

Pour éviter que les églises deviennent des foyers d’éclosion, des comités de relance ont été mis sur pied et leur mandat consiste essentiellement à s’assurer du respect des protocoles et des consignes de la santé publique. «Les procédures ont changé lors des célébrations. La communion et la quête ont lieu, mais d’une manière différente. Il n’y a plus de chorale. Nous devons nous assurer que tout se fait dans les règles. Nous sommes devenus des agents sanitaires. C’est plus exigeant qu’avant», lance M. Cesar Duran, en précisant au passage que la formation à la vie chrétienne (pastorale/catéchèse) est suspendue jusqu’à nouvel ordre.

Un horaire chargé malgré tout

Entre deux réunions sur Zoom, l’abbé Julio Cesar Duran continue de travailler ses dossiers et accepte de recevoir les gens sur rendez-vous. Il poursuit également ses visites au département de soins palliatifs pour assister les personnes en fin de vie, dans les résidences de personnes âgées, les centres d’hébergement et de soins de longue durée et agit à titre d’aidant naturel pour une personne âgée malade de Louiseville. «Ça me tient occupé. En ces temps difficiles, le contact humain nous manque, il y a des gens isolés et malades. C’est important de les aider et de les accompagner en respectant les consignes sanitaires», souligne-t-il.

«Il y a beaucoup d’incompréhension. Il faut se rappeler qu’il y aura des jours meilleurs. La vie va revenir à la normale. Nous vivons dans l’espérance», laisse tomber M. Cesar Duran.