Maurice Isabelle: la voix du «Minuit, Chrétiens»

YAMACHICHE. Tous les 24 décembre, elle revient, cette «heure solennelle». Réunis à l’église pour la messe de minuit, les fidèles attendent religieusement dans le plus grand silence le Minuit, Chrétiens.

Depuis 1988, c’est Maurice Isabelle qui est désigné pour chanter ce cantique de Noël à l’église d’Yamachiche.

«Sur les 32 ans, il y a deux ans que je ne l’ai pas chanté pour des raisons de santé. Le Minuit, Chrétiens, ce n’est pas juste un chant de Noël. C’est beaucoup plus que ça. Ça a une signification particulière. C’est très solennel et c’est un moment très attendu. Quand j’étais jeune, je me souviens que les gens se demandaient toujours qui chanterait cette chanson-là. Tu voyais tourner les têtes dans l’église pour voir qui l’interprétait», raconte-t-il.

Cette année, les célébrations de Noël seront bien différentes de celles que l’on connait habituellement. En raison des règles sanitaires en vigueur pour les régions qui se trouvent au palier rouge, seulement 25 personnes pourront participer aux messes de Noël.

À Yamachiche, contrairement aux années antérieures, aucune célébration n’aura lieu le 24 décembre. Une seule messe est prévue à 10h30 le jour de Noël. «On aura une messe de Noël un peu spéciale cette année. On ne peut pas avoir de chorale, ni beaucoup de gens à l’intérieur», indique M. Isabelle.

Ce dernier sera seul derrière le micro pour interpréter les chants de Noël. «Je ne sais pas encore si je vais chanter le Minuit, Chrétiens. Normalement, on ne le faisait pas le jour de Noël. Si les gens le demandent peut-être que je le ferai. C’est triste parce que c’était vraiment une tradition chez nous», explique-t-il.

Maurice Isabelle a fait son entrée dans la chorale paroissiale en 1975. Avec sa puissante voix, il est l’un des rares à maîtriser parfaitement ce classique de Noël. «J’ai une voix de basse qui est large et qui porte. Il y a toujours un petit stress qui s’empare de moi avant de le chanter. Chaque fois, j’ai peur de commettre une faute et de me faire juger. Je ne peux pas me permettre de manquer mon coup. Il faut plonger. Je donne tout ce que j’ai et le résultat me satisfait», admet le Yamachichois.

Lorsqu’il a l’occasion de chanter, M. Isabelle prend plaisir à le faire. «J’ai toujours chanté et je le fais parce que j’aime ça. La vie a été bonne pour moi. Quand je chante, c’est un peu une façon de redonner. J’ai peut-être ce talent-là et je m’en sers bien humblement», souligne-t-il.

Chanteur à ses heures, l’homme de 78 ans fait également partie du Chœur des Pèlerins de Trois-Rivières depuis une quinzaine d’années.

Origine du Minuit, Chrétiens

Le Minuit, Chrétiens a été composé en France par Placide Cappeau en 1843 et mis en musique par Adolphe Adam en 1847. C’est probablement le cantique qui éveille le plus de nostalgie et qui représente le mieux la tradition du réveillon de Noël. Au Québec, cette pièce a été interprétée pour la première fois le 24 décembre 1858, par la fille aînée du juge René-Édouard Caron, futur lieutenant-gouverneur du Québec, dans l’église de Sillery après que l’organiste Ernest Gagnon (né à Louiseville en 1834) l’eut entendu à Paris l’année précédente. En France, c’est une femme, Emily Laurey, qui l’a interprété pour la première fois le 24 décembre 1847 en l’église de Roquemaure.