Les femmes, des leaders différentes

FEMMES. Les femmes exercent-elles le même type de leadership que leurs homologues masculins?

C’est la question que se sont posé Mireille Lalancette, chercheure et professeure de communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), et Mélissa Doucette, assistante de recherche. Elle a récemment complété le premier volet d’un rapport de recherche sur les représentations du leadership des Mauriciennes d’influence, en collaboration avec la Table de concertation du Mouvement des femmes de la Mauricie.

Mme Lalancette a donc analysé 47 dossiers de candidature du concours Mauriciennes d’influence de la TCMFM, ainsi que la représentation du leadership de ces actrices de changement dans le quotidien régional.

«C’est en assistant à une activité Mauriciennes d’influence que j’ai vu tout le potentiel dans les candidatures. J’ai vu à quel point c’est intéressant de souligner le leadership des femmes et pas que dans le monde des affaires, mais aussi en culture, en éducation, dans le secteur social, etc. On a souvent une façon de concevoir le leadership au masculin et on a donc des attentes particulières pour les femmes. Ce qu’on constate, c’est que les femmes se distinguent par un leadership transformationnel, c’est-à-dire qu’elles veulent travailler en équipe», explique Mireille Lalancette.

La chercheure constate également qu’une forme de leadership sociétal, en ce sens où les leaders féminins préfèrent travailler avec les employés plutôt que dans une situation de pouvoir face à l’employé.

Elle remarque aussi que les dossiers de candidature mettaient l’accent sur les réalisations professionnelles et les implications sociales des candidates.

«Dans les dossiers de candidature, les femmes en nomination sont présentées avec beaucoup de valeurs éthiques. Et s’il n’est pas question de famille dans les questions qui sont posées dans le formulaire de candidature, cet aspect revient systématique. Les candidates sont une source d’admiration pour les gens qui les mettent en candidature, entre autres parce que malgré le fait qu’elles aient des enfants, elles continuent de s’impliquer, mais la conciliation travail-famille demeure un enjeu de taille», précise Mireille Lalancette.

Dans plusieurs cas, les candidates étaient les premières femmes à occuper un poste ou à assumer certaines fonctions chez leur employeur. Par ailleurs, toujours dans les dossiers soumis, la maternité était aussi considérée comme une difficulté sur le parcours professionnel.

Interview

Un deuxième volet de recherche a déjà été entamé: les entrevues avec une vingtaine de gagnantes d’un prix Mauriciennes d’influence.

«On voulait leur demander ce qui caractérise leur parcours, les défis qu’elles ont rencontrés, comment elles entrevoient les différences entre le leadership masculin et le leadership féminin, et quels conseils et suggestions elles donneraient à ceux et celles qui auraient envie de suivre un parcours semblable. Jusqu’à présent, il ressort des choses extraordinaires de ces rencontres», souligne la chercheure.

«Par exemple, il y a des différences entre le parcours des jeunes et des plus âgées parce qu’elles ont été socialisées différemment. Les plus expérimentées voient qu’il est plus difficile d’être une femme dans les monde des affaires ou dans leur implication, tandis que les jeunes voient plus de différences en lien avec leur jeune âge», ajoute-t-elle.

Mme Lalancette aimerait ensuite aller à la rencontre du grand public pour évaluer si la population a plus tendance à voter pour un homme ou pour une femme et pour quelles raisons.