L’éducation à n’importe quel âge: une mission pour Marie Delatri

Si on avait demandé il y a 20 ans à Marie Delatri quel métier elle exercerait plus tard, elle n’aurait probablement jamais mentionné celui d’enseignante à la formation aux adultes. Pourtant, c’est ce qu’elle fait aujourd’hui, et ce, depuis 20 ans! Elle enseigne l’anglais au Centre d’éducation aux adultes à Louiseville de la Commission scolaire Chemin-du-Roy.

«Je n’ai jamais voulu enseigner aux adultes, moi je suis une professeure d’éducation physique», lance-t-elle en souriant. «Je me suis recyclée malgré moi en professeure d’anglais et j’ai par la suite enseigné pendant quelque temps à l’école Val Marie du secteur Cap-de-la-Madeleine. Par accident, j’ai été informée qu’ils cherchaient quelqu’un pour donner des cours d’anglais à la formation aux adultes. Je suis donc ici depuis 20 ans» , ajoute Marie Delatri.

 

Se remémorant ses débuts en tant qu’enseignante dans cette institution, qui est aujourd’hui basée au Pavillon Panneton à Louiseville, Mme Delatri mentionne comment il est important pour un enseignant ou une enseignante d’être capable de se placer au niveau des élèves, surtout à ce niveau scolaire. «Les étudiants arrivent avec des acquis, il faut donc leur faire sentir qu’ils sont intelligents et qu’il n’y a pas de questions sottes. Souvent, les gens peuvent avoir une image plutôt négative des personnes qui prennent des cours aux adultes. Ils pensent que ce sont des raccrocheurs qui reviennent sur les bancs d’école, des gens qui ont des troubles de comportements ou d’apprentissage; oui il y en a, mais plusieurs sont là pour améliorer vraiment leur sort», explique l’enseignante. Cette dernière rappelle que ceux et celles qui ont cette image devraient plutôt lever leur chapeau aux élèves qui ont le courage de faire ce pas en avant, qui reviennent et qui essaient de rattraper le bateau. «Nous sommes trois professeurs à temps plein au Pavillon Panneton et notre mentalité est de les accueillir tous et de leur dire qu’ils sont courageux de revenir à l’école. Il ne faut pas oublier qu’il y a ici plein de bonnes personnes talentueuses avec plusieurs talents qui s’inscrivent à la formation aux adultes. Il faut seulement développer tout ça», souligne Marie Delatri.

 

L’enseignante a la preuve chaque fois qu’elle enseigne à ses élèves que l’école aux adultes permet à plusieurs de s’épanouir autant dans leur vie professionnelle que personnelle. «On a des élèves de tous les âges, on les accueille à 16 ans et même l’an passé, nous avions une élève qui avait 59 ans.»

Une 2e chance qui change des vies

Mario Giroux de Yamachiche est un père de famille, qui depuis 11 ans, travaillait dans une entreprise de la région. Ce dernier a décidé de se lancer dans l’aventure des études en novembre 2008, même si cela lui a demandé beaucoup de courage et de détermination. «Je travaillais dans une entreprise depuis 11 ans et ce travail ne me convenait plus. Je voulais me trouver un autre emploi avec de bonnes conditions. Après mes études, cela ne sera pas gênant d’aller sonner à des portes avec un secondaire 5 en main. C’est le meilleur choix que j’ai fait de retourner à l’école. Au début, j’avais tellement peur que le soir, en arrivant, je pleurais. Mais, ça en vaut la peine maintenant, je suis en train de passer au travers. Je devrais terminer tout ça dans quelques semaines», témoigne-t-il.

 

Marie-Josée Bellemare de Sainte-Ursule, quant à elle, poursuit ses études depuis septembre dernier. Maman à la maison pour élever ses deux enfants pendant quelques années, elle est retournée sur le marché du travail en tant que caissière. «Je me suis rendu compte que les tâches d’une caissière étaient toujours les mêmes. À 41 ans, je voulais faire autre chose de ma vie. Mon rêve est de faire un DEP (diplôme d’études professionnelles) pour devenir secrétaire médicale. Ça faisait cinq années que j’y pensais, je me suis alors inscrite, avec une peur terrible, aux cours à la formation aux adultes. Je ne regrette rien.» À 22 ans, Jessie Lambert elle poursuit ses études au Pavillon Panneton. Cette jeune fille ayant décroché de l’école pour cause de troubles de concentration désire plus que tout pouvoir subvenir à ses besoins un jour. Elle veut également réaliser son rêve, ouvrir sa propre auberge et être une designer de mode.

La vocation

Mme Delatri rappelle que les professeurs qui enseignent à l’école aux adultes doivent avoir en premier lieu une bonne écoute. «Il faut les aimer, prendre le temps de les écouter et de ne pas les juger. On a aussi d’autres ressources pour nous aider et qui les accompagnent et les encadrent. Malheureusement, on échappe encore quelques personnes, mais on réussit à en récupérer environ 80 %. De plus en plus, nos élèves se dirigent vers des DEP (diplôme d’études professionnelles), le collégial et même, quelques fois, il y en a qui se rendent à l’université. Alors, c’est exceptionnel de voir ça. La motivation de chacun est différente.» Marie Delatri passe le message à ceux et celles qui désirent faire le pas en avant et s’inscrire à la formation aux adultes d’avoir du courage et d’être inspiré par le moment. Que l’aide est là, il faut donc s’en servir. Mentionnons qu’à Louiseville, une soixantaine de personnes en moyenne fréquentent la formation aux adultes au Pavillon Panneton. Pour plus d’informations sur le sujet, il suffit de visiter le site Internet de la Commission scolaire Chemin-du-Roy.