Julie Brodeur témoigne de sa vie…à elle

Julie Brodeur a 26 ans. Belle, intelligente et courageuse, elle a tout récemment relevé un énorme défi. En effet, la jeune femme native de Maskinongé vit depuis toujours avec une légère déficience intellectuelle et le 27 mai dernier, devant plusieurs centaines de personnes à Shawinigan, elle a livré un émouvant témoignage sur sa vie, à la demande de l’Association du Québec pour l’intégration sociale.

Le témoignage

Ma vie à moi

Originaire de Maskinongé, je viens d’une famille de sept enfants dont je suis la dernière. Dès mon jeune âge, j’ai tout de suite appris à me battre pour prendre ma place dans ma famille et dans la société et ça, à tous les jours de ma vie.

Je veux être indépendante, je ne veux pas dépendre de quelqu’un d’autre que moi. Même avec ma limitation intellectuelle, j’ai des idées, j’ai des opinions, je ne veux pas que personne ne pense à ma place. Je suis capable de penser, réfléchir et agir pas moi-même.

J’ai aussi des passions, la formule 1 et le Nascar. J’ai eu également le désir de partir en appartement, depuis que je suis adolescente. J’ai vu partir mon frère Damien et j’ai réalisé qu’il pouvait faire des partys entre amis, qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait sans quiconque n’ait de mot à dire. Et j’ai vu tous mes frères et ma sœur partir, je me suis dit: moi aussi je veux partir en appartement!

Depuis que je suis née, ma famille a toujours été là pour moi quand j’ai besoin d’elle. Au début, pour l’aménagement de mon loyer, ma mère est venue acheter mes meubles avec moi. Elle m’a toujours aidé même encore aujourd’hui. Elle a collaboré à faire démarrer le projet de la construction d’un immeuble avec des logements supervisés, Premier Envol. D’ailleurs, j’y habite toujours. Depuis longtemps, je suis capable de me budgéter toute seule. Je peux faire ce que je veux dans mon appartement, mes horaires sont flexibles, je fais mes routines, j’adore cuisiner, je fais de l’ordinateur, je me couche à l’heure que je veux.

Je suis aussi des cours de français et de mathématiques dans un organisme d’alphabétisation, la CLÉ en éducation populaire de Maskinongé.

Je travaille aussi comme stagiaire à l’Association des personnes handicapées du compté de Maskinongé trois jours par semaine en tant qu’aide accompagnatrice auprès des personnes handicapées.

Un de mes rêves est de vivre un jour dans un appartement «normal» comme tout le monde. Je connais ma limitation, mais même avec celle-ci, je suis certaine que je vais y vivre dans quelques années. Je le pourrai un jour, parce que je suis convaincue de mes capacités physiques et mentales.

Malgré mon syndrome et les limites que la majorité de la population m’impose, je suis déterminée à poursuivre mon développement personnel et professionnel pour enfin réaliser tous mes rêves.