Un urgent besoin de main-d’œuvre dans le milieu agricole

À l’approche de l’été, le recrutement de main-d’œuvre dans les entreprises agricoles prend une importance capitale en cette période de pandémie, puisque de nombreux travailleurs étrangers ne pourront être au rendez-vous cette année.

Le gouvernement provincial est venu en aide au secteur agroalimentaire en lançant la campagne J’y vais sur le champ qui offre 100$ de salaire de plus par semaine pour encourager la population à venir travailler dans les champs. En Mauricie, l’Union des producteurs agricoles (UPA) a reçu plus de 500 candidatures.

«C’est tout un travail. On pose des questions, notamment à ce qu’ils pensent faire en août. Le défi, c’est qu’ils puissent travailler dans les champs jusqu’à la fin de la saison, pas que quelques heures par-ci par-là. On n’a pas besoin de bras seulement pour la récolte des fraises en juin. C’est aussi pour la plantation et d’autres tâches», souligne Jean-Marie Giguère, président de l’UPA Mauricie.

«Il y a toute une logistique à considérer pour établir le nombre d’heures disponible pour chaque individu. On doit aussi faire un premier tri selon les disponibilités qu’ils nous donneront, ajoute-t-il. On espère qu’environ 50% des candidatures reçues pourront être embauchées jusqu’à la fin de l’été. On se doute que ça dépendra aussi de la réouverture des commerces et entreprises. Espérons qu’il n’y ait pas une deuxième vague de COVID-19, car ce serait désastreux pour le secteur agroalimentaire.»

Surtout que les producteurs ne disposeront pas du soutien du même nombre de travailleurs étrangers que par les années passées.

«Depuis les années 2000-2001 qu’on embauche des travailleurs étrangers pour la saison estivale parce que les gens d’ici ne sont plus intéressés à venir travailler dans les champs. La ferme, ce n’est pas un camp de concentration!» plaide M. Giguère.

Ce dernier s’attend à ce que seulement environ 30% des travailleurs étrangers dont la région aurait besoin puissent venir prêter main-forte.

«Ils viennent surtout du Mexique et du Guatemala, car c’est plus difficile avec les autres ambassades. Ça met un frein au recrutement de travailleurs étrangers. Depuis octobre ou novembre, on essaie d’évaluer le nombre de travailleurs requis par ferme, mais avec tout ce que la COVID-19 amène, ça complique les choses et certains secteurs sont plus touchés, comme le secteur horticole qui devait partir les plants dès janvier. Ils ont eu de gros doutes jusqu’en avril», explique Jean-Marie Giguère.

Le président de l’UPA Mauricie s’inquiète également des impacts qu’auront la Prestation canadienne d’urgence et la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants durant l’été. M. Giguère ne cache pas que cela pourrait nuire au recrutement de travailleurs, puisque les personnes bénéficiant de la PCU et de la PCUE pourraient être tentées de ne pas travailler cet été, encore moins dans le milieu agricole.

«À la longue, ça viendra peut-être nous nuire. On essaie d’attirer la main-d’œuvre régionale à venir prêter main-forte dans les fermes. On espère qu’elle répondre à un fort pourcentage», précise-t-il.

Si la main-d’œuvre venait à être insuffisante durant l’été, les producteurs agricoles pourraient ne pas être en mesure de récolter tous des fruits et légumes, entraînant des pertes. «Ultimement ça aura un impact dans l’assiette», fait-il remarquer.

Une aide fédérale «insuffisante»

La semaine dernière, le gouvernement fédéral a annoncé une aide financière de 250 millions $pour le secteur agroalimentaire. Toutefois, les producteurs espéraient 2,6 milliards $.

«C’est un premier pas, mais c’est malheureusement insuffisant. À certains endroits, il est difficile de semer selon les prévisions. Il y a aussi des animaux qui attendent pour aller à l’abattoir. Ça aussi, ça a des impacts. Il faut nourrir ces bêtes et elles peuvent se retrouver plus entassées. Toute la chaîne alimentaire risque d’être touchée. Je crains de voir beaucoup de fermes fermer après la pandémie», soutient M. Giguère.

L’UPA Mauricie aurait préféré que le gouvernement prenne en charge les frais d’abattage et de transformation des bêtes pour que la viande puisse être donnée aux banques alimentaires.