Un plombier se transforme en livreur d’épicerie

LOUISEVILLE. Habitué à exécuter des travaux de plomberie, Jimmy Cartier a complètement mis de côté ses outils à la fin mars, un peu comme l’ont fait la quasi-totalité des ouvriers et entrepreneurs, pour respecter les directives gouvernementales en pleine période de confinement.

Il était toutefois loin de se douter que les premiers jours de son congé forcé seraient consacrés à aider autrement la population en portant assistance à l’un de ses clients du secteur commercial, soit le Supermarché IGA Clément de Louiseville.

La contribution de ce père de trois jeunes filles s’est matérialisée alors qu’il se rendait lui-même faire les courses. Invité à se laver les mains à l’entrée du marché, le plombier a gracieusement offert son expertise à l’épicier propriétaire pour doter son commerce d’un équipement de lavage de mains plus performant et efficace. C’est lors de ces travaux d’installation et en échangeant avec le propriétaire Martin Auger que le Louisevillois a réellement pris connaissance de la forte affluence et de la demande sans cesse croissante des livraisons à domicile.

Voyant les commandes s’accumuler, le plombier a proposé son aide et son camion cube pour effectuer des livraisons. «Ils font plus d’une quarantaine de livraisons par jour et il y avait du retard. Le propriétaire voulait me rémunérer et m’offrait 40 heures par semaine en sachant que j’étais disponible, mais ce n’était pas ça que je voulais. Je voulais d’abord et avant tout lui donner un coup de main. J’ai enlevé mes outils du camion, j’ai tout nettoyé comme il faut et j’ai installé des toiles dans la boîte arrière du véhicule pour transporter les commandes», raconte Jimmy Cartier.

Geste apprécié

Cette situation est survenue au même moment où des milliers de Québécois se retrouvaient sans emploi. Le gouvernement demandait à ceux en santé qui n’étaient pas à risque d’offrir leur aide.

Ainsi, pendant quelques jours, Jimmy Cartier a bénévolement sillonné les routes de plusieurs municipalités de la région pour livrer aux clients leur épicerie. «C’était sans contact. Je déposais la commande faite en ligne ou par téléphone sur le perron en m’assurant que c’était au bon endroit. Les gens, principalement des personnes âgées, se demandaient pourquoi un plombier arrivait chez eux, mais ils voyaient ensuite que j’apportais leur épicerie. C’était drôle. En même temps, ils étaient vraiment heureux», reconnait-il.

Entraide et solidarité

La situation dans laquelle est présentement plongé le Québec en entier fera réfléchir, estime M. Cartier, lui qui en était à sa première expérience concrète de bénévolat. «C’est dans les pires moments qu’on se rend souvent compte à quel point il peut être facile de s’entraider. Cette crise qu’on vit nous porte à réfléchir. D’après moi, les gens seront plus solidaires après et vont plus s’entraider qu’avant», croit-il.

Avec un peu de recul, le plombier réalise l’ampleur de son geste. Bien qu’il aurait aimé vivre cette expérience en étant accompagné de ses enfants, Jimmy Cartier se dit très fier d’avoir aidé à sa façon des gens en difficulté ou plus à risque ainsi que l’un de ses clients. «C’est quoi pour moi de mettre un peu d’essence dans le camion et d’aider le monde? Ça fait vraiment plaisir! En plus, ça m’a permis de parler avec des gens que je ne connaissais pas à travers la fenêtre. Je sentais que ça leur faisait du bien à eux aussi», confie-t-il.

Sans le vouloir, cette action bénévole s’est également traduite en opportunité d’affaires puisque des clients ont manifesté leur désir de lui confier certains travaux de plomberie. «Ç’a effectivement permis à mon entreprise d’avoir une certaine visibilité, mais ce n’était vraiment pas dans cet esprit-là que j’ai offert mon aide», assure M. Cartier.

Après avoir pris goût au bénévolat et en attendant sa prochaine livraison, Jimmy Cartier se promet de jouer à nouveau le rôle de bénévole lorsque l’occasion se présentera dans le futur.

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