Un nouveau chapitre s’écrit chez Chemise Empire

ÉCONOMIE.  Un évènement significatif a marqué l’histoire de l’entreprise louisevilloise Chemise Empire au cours des derniers mois. L’entreprise familiale, propriété de la famille Béland depuis quatre générations, se retrouve désormais entre les mains du directeur de l’usine François Lizotte qui devient aujourd’hui président et directeur général de l’entreprise.

En affaires depuis 123 ans, la famille Béland vient de vendre ses actifs à M. Lizotte qui assurera la transition, le maintien des activités à Louiseville et la croissance de l’entreprise dans le secteur du textile au Québec malgré la forte concurrence étrangère. C’est notamment à la suite d’un voyage à vélo d’un mois avec sa fille, en 2013, que René St-Amant a appris à voir la vie d’une façon bien différente.

«Ça fait un petit bout que moi et ma conjointe nous réfléchissons à ça. Nos enfants ont des intérêts différents. J’ai réalisé beaucoup ici pendant 27 ans. Je me sens chez nous. Je suis rendu à une étape où je me rends compte qu’il y a autre chose que de travailler à l’usine six jours par semaine. Je n’avais pratiquement pas pris de vacances avant ce mois-là. Je veux profiter de la vie et passer du temps avec ma famille. François, c’est un gars rassembleur et un bon motivateur. Il avait autant de passion que nous pour l’entreprise et on a décidé de lui passer les rênes», indique René St-Amant, le conjoint d’Hélène Béland, arrière-petite-fille de Joseph-Édouard Béland, le fondateur de Chemise Empire.

«C’est un bel exemple de transfert d’entreprise. Il n’y a rien de déstabilisant pour les employés. La transition se fait de façon conviviale et tout le monde est gagnant là-dedans. Il y a un respect mutuel. Ça fait onze ans que je suis dans l’entreprise. Au-delà de la relation professionnelle, nous avons une relation personnelle qui s’est établie au fil du temps. Nous avons une belle proximité et c’est pourquoi cette transaction a été possible entre moi, René et sa conjointe Hélène», souligne François Lizotte, président et directeur général de Chemise Empire.

Geste symbolique

Le personnel et les employés de l’entreprise ont d’ailleurs pris exemple sur les équipes sportives et ont dernièrement retiré «la chemise» de René St-Amant. «Il fallait souligner ce moment. C’est un exemple à suivre. Tous les employés ont signé un message sur cette chemise. Il était vraiment engagé dans cette entreprise. Il va demeurer dans notre entourage et il aura toujours sa place parmi nous», admet M. Lizotte à l’endroit du cédant.

Spécialisée dans la confection de chemise d’uniforme, notamment pour la Défense nationale, différents corps policiers, services ambulanciers et pompiers, pour la GRC et différentes organisations privées, Chemise Empire évolue dans le domaine de la confection et de l’importation.

René St-Amant est fier de léguer une entreprise familiale en santé qui a su traverser des crises importantes dans l’industrie manufacturière. «Mon beau-père m’a légué une entreprise et c’était important pour lui qu’elle passe à une prochaine génération. Je fais la même chose avec François. On transfère l’entreprise à quelqu’un qui va l’amener à un autre niveau. Nous sommes fiers de faire des chemises ici au Canada, de faire travailler des gens d’ici à Louiseville et nous avons à cœur nos employés. C’est une famille! Nous avons une équipe dédiée et passionnée», révèle M. St-Amant, convaincu que son entreprise est entre de bonnes mains.

Recette gagnante

Chemise Empire demeure l’une des dernières entreprises au pays à œuvrer dans la confection de vêtements. Si elle a su trouver le moyen d’être compétitive et de maintenir ses activités au Québec, l’entreprise rappelle que sa croissance demeure un combat de tous les instants. «Notre recette est gagnante. Nous avons un équilibre entre l’importation et la production domestique. Il n’y a rien de facile. Si nous avons été capables de faire des chemises à Louiseville pendant aussi longtemps, je pense qu’on est encore capable de s’adapter et de continuer de le faire», observe le nouveau propriétaire.

Au cours des prochaines années, l’entreprise louisevilloise souhaite assurer sa pérennité tout en développant de nouveaux produits. Dans son plan stratégique, la direction vise également le renouvellement d’équipements afin de maintenir sa position concurrentielle dans le marché.

Un défi de main-d’oeuvre

Le principal défi pour Chemise Empire au cours des prochaines années sera de trouver de la main-d’œuvre qualifiée. Alors que la moyenne d’âge des employés est de 55 ans, les départs à la retraite s’accumulent.

«Chaque année, nous avons un pincement au cœur. On doit assurer le transfert des connaissances. Pour trouver de la main-d’œuvre qualifiée, il faut se débrouiller. La formation de couturière, ça n’existe plus. Le défi est d’attirer des candidats, les former et s’assurer qu’ils vont demeurer chez nous. Ce n’est pas évident de trouver des candidats qui répondent à nos exigences et qui adhèrent à nos valeurs d’entreprise. Comme dirigeant, on doit être facilitant et plus ouvert aux différentes réalités, dont la main-d’œuvre immigrante», reconnait François Lizotte.

Depuis le début de l’année, Chemise Empire a accueilli 17 nouveaux employés. L’entreprise est toujours à la recherche de personnel pour combler une dizaine de postes. 

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