Un autre coup dur pour les municipalités?
SÉCURITÉ INCENDIE. Les municipalités du territoire sont confrontées à une hausse des frais de scolarité à l’École nationale des pompiers du Québec depuis le mois de décembre dernier. Or, en théorie, chacune des municipalités doit débourser davantage pour la formation de leurs pompiers.
Ces frais doivent être prévus au budget du service de sécurité incendie qui provient directement des taxes municipales des citoyens.
Pour pallier à cette hausse, le gouvernement du Québec a annoncé vers la fin de l’année 2014 la mise en place d’un nouveau Programme d’aide financière pour la formation des pompiers volontaires ou à temps partiel. Cette aide financière provinciale de l’ordre de 19,5 M$, répartis sur cinq ans, vise à aider financièrement les municipalités et les petites villes du Québec en réduisant les dépenses des municipalités liées à la formation de leurs pompiers. Une aide financière qui était réclamée depuis longtemps par le domaine municipal et de l’incendie au Québec.
«Cette aide financière nous est remise uniquement lorsqu’un candidat termine et réussit sa formation. Les dépenses reliées au voyagement, les salaires et les repas ne sont pas compris dans cette aide financière. De ce que je décode, c’est que le ministère laisse l’École nationale augmenter ses frais de scolarité et, pour elle, c’est une façon d’augmenter son financement. Au lieu de la subventionner directement, cette aide financière aux municipalités sert à deux choses: financer l’École nationale des pompiers et avec le même dollar elle permet de faire un cadeau aux municipalités. Ça, ça nous déplaît un peu cette histoire-là», admet Serge Dubé, président du Comité de sécurité incendie de la MRC de Maskinongé et maire de Saint-Paulin. Ce dernier convient qu’il n’y a pas d’impact présentement au niveau des municipalités, mais que l’histoire pourrait prendre une autre tournure dans quelques années.
Et dans cinq ans?
Alors qu’adviendra-t-il dans cinq ans quand l’entente de cette subvention sera arrivée à échéance et que les municipalités devront débourser les frais supplémentaires?
Pour le moment, il est difficile de chiffrer avec exactitude les répercussions que pourrait avoir cette hausse dans le budget des municipalités.
«Les frais de scolarité ne baisseront certainement pas à la fin de cette entente. Lorsqu’on a un pompier en formation, il n’y a pas uniquement les frais de formation dont parle le ministère. On est totalement impuissant devant ce qui arrivera, on verra et on espère que le gouvernement qui sera en place pourra trouver une façon de nous aider», ajoute M. Dubé.
Le roulement du personnel dans une brigade incendie n’aide certainement pas les municipalités à voir la lumière au bout du tunnel comme en témoigne le président du Comité de sécurité incendie à la MRC de Maskinongé.
«On doit faire avec. Si on avait des pompiers à temps plein, on n’aurait pas cette problématique-là et on n’aurait pas le même roulement. Nos pompiers ont tous un travail à temps plein et ils le font parce qu’ils aiment ça. Si pour le travail ou d’autres raisons tu dois déménager, tu n’es pas attaché à la municipalité même si elle a payé ta formation. C’est ça la vie du temps partiel. La seule chose qu’on veut, c’est que nos pompiers terminent leur formation pour qu’on obtienne la portion de la subvention dont nous avons accès et les garder le plus longtemps possible au sein de notre brigade incendie», conclut-il. Inutile de dire que les municipalités de la MRC de Maskinongé n’ont pas le nombre d’appels requis pour avoir des pompiers temps plein, ni le budget.
Avec la collaboration d’Audrey Leblanc
260 pompiers dans la MRC
On compte environ 260 pompiers répartis dans 16 casernes à travers la MRC de Maskinongé. Chaque pompier coûte près de 7 000 $ pour suivre la formation Pompier 1, une formation obligatoire pour être pompier dans une municipalité du territoire. Avec cette nouvelle aide financière du gouvernement, Québec rembourse environ 2 000$ par candidat qui termine sa formation. Chaque année, les municipalités envoient en moyenne deux nouveaux pompiers en formation.
Plus de 18 000 pompiers au Québec
Au Québec, ce sont près de 18 000 pompiers à temps partiel qui répondent à des appels d’urgence et se chargent d’assurer la sécurité de la population 24h/24 et sept jours sur sept. Au total, la province compte environ 23 000 pompiers.
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