Treko: se nourrir en tout respect de l’environnement

SAINT-BARNABÉ. Les excursions en plein air exigent bien souvent un effort physique important et de l’endurance. Et le meilleur carburant pour le randonneur se trouve généralement dans une bonne alimentation.

Il y a pratiquement un an jour pour jour, des étudiants de la région ayant à cœur l’environnement, passionnés de plein air et d’entrepreneuriat, décidaient de participer au Startup weekend de Shawinigan, une compétition entrepreneuriale intensive qui a pour but de faire naître de nouvelles entreprises innovantes et de convaincre un jury de leur viabilité.

Liées par des intérêts communs, huit personnes se sont réunies pour travailler sur l’idée de créer des repas déshydratés et de les offrir dans des sachets biodégradables. Ce projet a d’ailleurs remporté la première position de l’événement avec un surprenant couscous aux pois chiches.

Parmi les membres de l’équipe originale, trois personnes ont choisi de porter le projet plus loin au cours des 12 derniers mois. C’est donc avec l’expérience technique de Carl Mooijekind, le dynamisme d’Anaïs Carrier et le calme structuré d’Émile Plamondon que l’équipe a travaillé pour mettre sur pied l’entreprise Treko.

«L’idée est venue à la base lors d’une randonnée dans le Fjord-du-Saguenay. On transportait avec nous des cannes de conserve de saumon. Il y a un moment où je me suis dit qu’il serait pratique d’avoir des repas dans des emballages biodégradables et qu’on aurait juste à les enterrer après l’utilisation. Actuellement, on achète des produits avec des emballages de plastique ou dans des contenants de métal et ça n’a aucun sens. On veut faire du trekking sans endommager la nature et en respect de l’environnement. Ça prend une cohérence», raconte Carl Mooijekind, l’un des fondateurs.

«Nous sommes un peu des randonneurs insatisfaits qui ont décidé d’innover et de travailler dans cette direction-là. On a découvert qu’il y avait un véritable besoin. Ces types de repas-là n’ont pas changé depuis 50 ans. Il n’y a pas eu d’évolution et les options ne sont pas nombreuses non plus. C’est aussi difficile d’utiliser des contenants réutilisables, car ça prend de l’espace et c’est lourd à transporter à la longue», renchérit Anaïs Carrier, partenaire d’affaires.

Prêts à se lancer

Après un an de recherche et développement, de planification et d’essais de toutes sortes, Carl, Anaïs et Émile sont sur le point de lancer leur entreprise et de commercialiser leurs produits. Si tout se passe bien, ils débuteront la production le 1er décembre.

Treko proposera dix repas abordables, nutritifs, équilibrés et conçus à partir de produits locaux. Les recettes seront véganes, sans noix et approuvées par une nutritionniste. «On a une approche tournée vers le pratico-pratique lors d’une randonnée. Tout est calculé et adapté pour les longues distances. On veut des choses simples et faciles», précise Mme Carrier.

Au niveau de l’approvisionnement, les dirigeants ont l’intention de conclure des ententes avec des producteurs et fournisseurs locaux. «Nous souhaitons notamment utiliser les restants de champs pour faire nos recettes. On veut réduire le gaspillage alimentaire surtout dans la région. C’est une des plus grandes choses qu’on aimerait accomplir. C’est aussi une belle façon d’obtenir de la matière première», souligne M. Mooijekind.

Ayant débuté ses activités au DigiHub de Shawinigan, l’entreprise a choisi de déménager et de s’installer à Saint-Barnabé. «On voulait être dans la MRC de Maskinongé parce qu’on a entendu parler du projet de hub agroalimentaire qui devrait voir le jour sous peu à Louiseville. C’est vraiment quelque chose qui nous intéressait et qui nous attirait», confie Mme Carrier, en signalant au passage que l’entreprise reçoit un certain accompagnement de professionnels du milieu.

À sa première année d’existence, Treko espère enregistrer un chiffre d’affaires avoisinant les 100 000$. «C’est quand même ambitieux, reconnaît Anaïs Carrier. Par contre, notre plan prévoit des stratégies et des actions concrètes. Nous sommes assez confiants d’atteindre notre cible.»

Campagne de financement en cours

Comme Treko prévoit utiliser une technique de déshydratation pour ses produits, soit la lyophilisation, l’entreprise a besoin d’équipements spécialisés. C’est pourquoi elle a dernièrement lancé une campagne de financement participatif sur La Ruche dont l’objectif est de récolter 5000 $ pour couvrir une partie de l’achat d’un lyophilisateur.

Si les entrepreneurs parviennent à amasser 7 000$, l’appareil sera complètement payé et à 13 000$, l’achat d’un deuxième sera possible. Déjà, l’entreprise a atteint 44% de son objectif.

«La lyophilisation, c’est un processus commun dans la nourriture d’expédition et destinée aux expéditions spatiales qui utilise le froid plutôt que la chaleur. Ça permet de congeler les aliments à -40 degrés Celsius afin de pouvoir retirer l’eau sans que celle-ci passe par un état liquide (sublimation). Les aliments conservent donc leur goût, leur texture, leur forme et leurs nutriments. C’est une méthode de conservation optimale», partage pour sa part Émile Plamondon.

Les personnes intéressées à faire un don en échange d’une contrepartie peuvent se rendre sur la plateforme laruchequebec.com

Climat favorable

Le lancement de cette entreprise survient au moment où les activités et les expéditions en plein air connaissent un regain de popularité au Québec. La protection de l’environnement est également un sujet omniprésent dans l’actualité.

Dès les prochains mois, les jeunes entrepreneurs entendent faire la promotion de leur entreprise dans différents salons de plein air. Quant à eux, les produits Treko seront bientôt disponibles en ligne sur treko.ca et éventuellement dans différents magasins de plein air à travers la province.