Stéphanie Lafrenière fait sa place dans un monde «d’hommes»

ENTREVUE. Stéphanie Lafrenière n’a que 22 ans. En 2012, elle voulait être professeure. Depuis bientôt deux ans, elle est remorqueuse de profession et se plaît dans un monde «d’hommes».

Stéphanie a commencé sa carrière chez Kenny U-PULL avant de se joindre à Remorquage Madric.

«J’ai plusieurs types de transports à faire. Parfois des longs. Je suis allée jusqu’à Ottawa et même sur le bord des lignes pour effectuer des livraisons. Je peux être appelée sur des remorquages conventionnels, autant que sur des livraisons de tout ce qui peut embarquer sur la plate-forme, donc des conteneurs, pelles, cabanons ou des machineries Bobcat», confie d’abord celle qui a habité Bécancour pendant plusieurs années.

«C’est Kenny U-PULL qui m’a donné ma première chance de faire ce métier en me montrant comment travailler sur des chars de scrap. Je trouvais ça stagnant, alors j’ai décidé de changer de place afin de pouvoir tout faire. Le seul cours que j’ai suivi est celui des matières dangereuses. Tout le reste, je l’ai appris sur le tas et ça va faire deux ans en juillet.»

Unique

Bien peu de femmes pratiquent le métier de remorqueur, du moins dans la région.

«On me dit souvent que je suis la seule femme. Parfois, des filles de garagiste vont le faire, mais je suis pas mal la seule qui en fait son métier. J’avais entendu dire qu’il y avait une dame au Saguenay, une à Joliette et une autre, celle-là de mon âge, à Berthier.»

«Si vous m’aviez demandé ce que je voulais faire il y a trois ou quatre ans, j’aurais répondu enseignante. Et me voilà dans un tout autre domaine, mais j’adore ça! Cet hiver, j’ai eu beaucoup de travail dû à la température. J’étais sur appel 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, bien que j’étais en congé un week-end sur deux. Je suis sortie beaucoup et souvent même la nuit», ajoute la Trifluvienne.

Perception

Travailler dans un monde «d’hommes» peut s’avérer difficile pour une jeune femme. Et ce n’est pas toujours facile…

«C’est difficile physiquement, mais parfois mentalement aussi. Ce n’est pas tout le monde qui accepte ça. Parfois, j’arrive sur des lieux et les clients me demandent quand arrivera mon helper et je vois le doute dans leur visage. Parfois, ils veulent m’aider, mais moi, j’ai ma routine et j’aime faire mes tâches par moi-même. Souvent, les clients me confient qu’ils pensaient que ce serait plus long», confirme-t-elle.

Et sur les chantiers?

«Parfois, ça fait des jaloux envers d’autres travailleurs, parce que tout le monde veut m’aider. D’autres fois, il y a des clients qui appellent et qui demandent la fille. Puis travailler dans un environnement où je suis entourée d’hommes veut dire qu’on me fait souvent des jokes vulgaires. C’est typique, quoi!», conclut-elle en riant.

Anecdotes

Stéphanie Lafrenière raconte une histoire qui aurait pu mal se terminer:

«L’été dernier, je faisais du remorquage à double-voitures, alors quand j’ai voulu détacher le deuxième véhicule, il y avait une ruche d’abeilles cachée. Elles sont toutes sorties en même temps lorsque la ruche s’est décrochée. J’ai été piquée au moins trois fois et je me suis mise à courir. J’ai vu une piscine où je suis allée tremper mon bras.»