Stéphane Canuel donne une seconde vie aux animaux

-SAINT-ALEXIS–DES-MONTS. Stéphane Canuel prépare et empaille des animaux pour leur donner une apparence de vie. Le taxidermise a son propre commerce, Le Tanneur des Monts, à Saint-Alexis-des-Monts, où il travaille seul et à temps plein. C’est là qu’il prend soin d’empailler des moufettes, des marmottes, des chevreuils, des loups, des renards, des castors, des ours. La liste d’animaux est longue.

Ces temps-ci, la demande des clients est surtout pour les crânes blanchis. Des crânes de chevreuils et d’orignaux, en particulier. Pour Stéphane, la période de crânes blanchis à l’automne représente un bon temps pour lui, alors qu’il réussit à en vendre plusieurs.

« C’est vraiment une job qui demande beaucoup de patience, beaucoup de minutie », admet Stéphane qui a reçu L’Écho dans son atelier de production, entre deux clients, pour parler de son métier. « Moi, quand je commence, faut que je finisse. Je peux être ici longtemps, pour de longues heures, à tous les jours de la semaine. C’est bien l’avantage d’avoir mon atelier derrière la maison : je suis beaucoup plus flexible au niveau des heures, et les clients peuvent venir me voir à toute heure de la journée », soutient-il. 

En plus des crânes, Stéphane fabrique aussi des plus petits animaux, comme des moufettes, qui mesurent environ cinq pouces. Il prend le temps de les sculpter à partir d’une base d’uréthane, pour qu’elles aient toutes l’air plus ou moins semblables.

Un exercice à plusieurs étapes

Stéphane -Canuel doit passer au travers de plusieurs étapes pour tanner ses peaux d’animaux. Après être allé à la chasse, dans des bois autour de -Saint-Alexis-des-Monts, il revient dans son atelier et débute son processus habituel.

« Pour commencer à faire un tannage, il faut que l’animal soit dégraissé. Il peut être soit frais, ou moulé : il y a deux processus différents à suivre. Après l’avoir trempé, on commence le lavage, de 12 heures, et ensuite, au bain d’acide, pour un autre 12 heures. On poursuit ensuite avec le picklage [qui réduit le potentiel hydrogène des peaux avant un tannage minéral], et on s’en va ensuite au tannage, qui dure sept jours. C’est comme ça qu’on obtient un bon cuir soutient l’expert. On a ensuite trois jours de huilage, et trois jours de séchage. Et après je passe à la baratte pour casser les fils, et nettoyer la fourrure. Plus la fourrure est épaisse, plus elle passe du temps dans la baratte : ça peut aller jusqu’à 48 heures. »

Les différentes compositions chimiques utilisées par Stéphane se retrouvent dans des barils d’environ quatre pieds, qu’il laisse dans le fond de son atelier. Pour la peau des animaux, il prend également le temps de l’aiguiser avec une machine à coudre. De là, il peut fabriquer des couvertures, des tapis et des gants, qu’il vend par la suite.

Lorsqu’on lui demande son plus grand défi, -Stéphane pourrait en nommer plusieurs dû à la complexité de son métier. Le dédoublage en est un qui lui vient rapidement, possiblement parce qu’il doit en faire souvent ces-temps-ci, avec les crânes blanchis. « Avec les ours et les orignaux, tout ce qu’il y a dans la face qui peut avoir une double épaisseur, il faut l’enlever, ou le »dédoubler« . Si tu n’enlèves pas ça, le produit va être gâché. Il ne faut rien oublier, que ce soit les lèvres, les paupières, le nez, les joues, vraiment tout. » Il insiste pour dire que, dans le cas d’un crane d’orignal, « il y en a, des plis », sur 48 pouces de long, ce qui peut nécessiter jusqu’à 10 à 12 heures à compléter.

La tannerie, une passion de longue date

La taxidermie est une passion pour Stéphane Canuel. Bien qu’il n’ait jamais suivi de cours en ce domaine, il a développé -lui-même un intérêt intense dès un très jeune âge. Il a tanné son premier animal à l’âge de 14 ans, et roule sa propre entreprise depuis maintenant 20 ans.

« J’ai tout appris par -moi-même, se félicite -Stéphane -Canuel. J’ai trouvé ça plus vite que suivre des cours, et là je vis de ça à temps plein. Quand tu es passionné de ça, ça s’apprend vite. »

Les produits de Stéphane ont fait le tour du monde : il a eu des clients venant non seulement des quatre coins du Québec, mais aussi de l’Italie, la France, la Nouvelle-Calédonie. Il attribue cette réussite grâce aux hôtels et aux motels qui exposent ses animaux, comme l’hôtel Sacacomie et le motel de Saint-Alexis-des-Monts. Il se prépare cette année à vivre une autre saison achalandée, qui devrait le mener jusqu’au printemps prochain.