Réorganisation en santé: une décision précipitée estime le syndicat

SANTÉ. La décision du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) de fusionner les cliniques externes spécialisées inquiète la présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes, infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec, Andrée Guillemette.

Cette dernière appréhende les conséquences de cette décision qu’elle juge précipitée. «C’est extrêmement préoccupant de voir les dirigeants du CIUSSS MCQ décider d’une telle orientation sans même consulter le personnel ni les élus de la région. Pourtant, s’ils sont si sûr du bien-fondé de leur décision, ils ne devraient pas craindre de nous la soumettre avant d’aller de l’avant», commente-t-elle.

Andrée Guillemette craint également les répercussions potentielles chez les patients plus vulnérables. «Sous prétexte de réduire les délais d’attente, on va obliger les patients à se déplacer d’une ville à l’autre. Or, tous ne possèdent pas un véhicule et tous ne jouissent pas d’un degré d’autonomie qui leur permette un tel déplacement.»

La leader syndicale n’est pas non plus rassurée par l’affirmation du CIUSSS MCQ à l’effet que l’établissement se doit d’abord de prioriser les usagers en fonction de leur condition clinique: «Quels critères seront utilisés pour évaluer cette condition clinique? Nous n’en savons encore rien», soulève-t-elle.

La présidente déplore également le fait que le CIUSSS MCQ ait pris cette décision sans se questionner sur les effets que cela aurait sur le personnel. «C’est très irrespectueux. Nous ne sommes pas des acteurs secondaires. Les interventions quotidiennes de nos membres sont essentielles à la bonne marche de notre système public de santé.»

Elle termine en invitant la population et les élus à questionner les dirigeants du CIUSSS MCQ sur cette décision qui, à son avis, a pour effet de priver certaines municipalités de services de santé auxquels la population a droit.

L’APTS réagit

De son côté, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a tenu à sonner l’alarme devant les nouvelles mesures de centralisation annoncées par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

«Après la centralisation des services de laboratoire prévue par le projet OPTILAB, le déplacement de professionnels des CLSC vers les groupes de médecine de famille (GMF), c’est maintenant au tour de la médecine spécialisée d’être réorganisée au détriment des services de proximité offerts dans les plus petites municipalités», a-t-elle tenu à rappeler.

« Cette fois, on ne peut pas prétendre que les patients ne seront pas affectés puisque la direction du centre intégré reconnaît que la population devra parcourir des kilomètres supplémentaires pour avoir accès à des services spécialisés», affirme la porte-parole régionale, Sylvie Godin.

Elle rappelle que le ministère a retiré à l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville l’autorisation de réaliser des chirurgies pour le cancer du poumon afin de les concentrer à Trois-Rivières, où la liste d’attente est déjà longue de plusieurs mois. « Quelle sera la prochaine étape? Jusqu’où ira-t-on dans cette opération de démantèlement des services en région?, s’interroge Mme Godin. On assiste à un véritable retour en arrière en matière d’accessibilité en santé et services sociaux.»