Recycler par amour
CHARETTE. Les bouteilles de pilules, les bouchons de plastique, les attaches à pain et les goupilles de canettes peuvent changer des vies. Depuis un an et demi, une dame de Saint-Thomas-de-Caxton, qui souhaite garder l’anonymat, les recueille pour une cause qui lui tient particulièrement à cœur: la santé de sa petite-fille, atteinte du syndrome de Cowden.
La petite ne peut pas être assurée. Son syndrome a été détecté de façon intra-utérine. Sa mère en est également porteuse, tandis que sa sœur aînée est décédée de complications reliées à cet état, il y a environ deux ans.
Une pièce de la maison de Béatrice (*nom fictif) est dédiée à la vaste collecte qu’elle chapeaute. Dans cette pièce s’entassent les matières récupérées qu’elle a, au préalable, pris soin de trier avec minutie. Celles-ci proviennent de plusieurs points de chute gérés par divers organismes de la région de Maskinongé et d’ailleurs en Mauricie: Aféas, FADOQ, écoles, pharmacies, etc.
Une fois triées, ces matières sont acheminées à des récupérateurs spécialisés, qui les revaloriseront. Les goupilles de canettes aboutissent chez un ferrailleur de la région, qui verse à Béatrice un petit montant d’argent correspondant à la valeur marchande du métal rapporté. «Il reste toujours surpris de la quantité de goupilles qu’on lui apporte!», sourit la dame, qui va régulièrement y faire son tour pour y recueillir les quelques dollars que peut lui rapporter un gros sac à ordures rempli de goupilles triées.
Les bouteilles de pilules et les bouchons de plastique sont pour leur part envoyés chez un récupérateur de la région sensible à la cause de Béatrice. Ce plastique, soigneusement trié lui aussi, est transformé en genre de pâte servant à la fabrication d’autres objets de plastique. Encore là, le montant reçu en échange est minime, mais «c’est mieux que rien», philosophe Béatrice, qui considère faire en même temps sa part pour l’environnement.
En ce qui concerne les attaches à pain, elles sont envoyées principalement à Montréal, où un bon samaritain les prend en charge au bénéfice d’enfants handicapés; une autre cause qu’endosse Béatrice. «Comme nous allons régulièrement à Montréal pour ma petite-fille, on en profite pour aller lui livrer des caisses d’attaches à pain. Ça fait plus de 20 ans qu’il les collecte pour les revendre à une entreprise ontarienne qui les fait fondre pour les revaloriser», indique Béatrice, qui envisage aussi en acheminer à Sherbrooke, où quelqu’un les récupère au profit des traumatisés crâniens.
La patience, la minutie et le dévouement de cette grand-mère bienveillante lui permettent de ramasser de l’argent qui servira de coussin financier à sa petite-fille, pour d’éventuels services et soins médicaux.
Tranquillement mais sûrement, le bas de laine se garnit: «Je ne compte pas les heures ou le gaz investis dans le projet. Je le fais pour ma petite-fille, tout simplement. Ça nous permet de voir le soleil au bout du chemin; du moins, on s’arrange pour le voir! Et c’est grâce à la participation de chacun qu’on peut avancer», conclut Béatrice, la voix remplie de reconnaissance.