Pyrrhotite: une étude pour convaincre Harper

Au cours des derniers mois, des centaines de victimes de la pyrrhotite ont été interrogées par la Coalition Proprio-Béton et l’équipe du député néo-démocrate Robert Aubin afin de mesurer avec exactitude l’étendue des dommages causés par ce fléau sur le plan économique. Au terme de cette étude, on sait maintenant que les impacts économiques de la pyrrhotite en Mauricie se chiffrent à 1,3 milliard de dollars.

Cette étude avait un but bien précis: celui de convaincre le gouvernement fédéral d’aider financièrement les victimes de ce drame, tout en démontrant la pertinence de l’aide financière demandée au gouvernement Harper, soit une somme de 200 millions de dollars.

«On veut tenter de convaincre en démontrant le pourcentage de propriétaires victimes de pyrrhotite qui ont contracté une hypothèque et qui n’ont pas les moyens financiers d’en contracter une deuxième pour effectuer les travaux nécessaires, explique le député Robert Aubin. En prenant d’une part le montant de ces travaux et d’autre part le montant que l’on demande au fédéral, on veut prouver que ce que l’on réclame est loin d’être exagéré.»

Selon ce dernier, les 25 millions de dollars demandés depuis l’an dernier sont maintenant devenus largement insuffisants. «Au moment de mettre un montant sur les dommages, on comptait environ 800 victimes, alors qu’on en compte quelque 4 000 désormais. Alors, déjà, c’est insuffisant et c’est sans compter les potentielles victimes qui ne sont pas encore connues.»

Invitées à répondre au questionnaire, les victimes de la pyrrhotite avaient également l’occasion de raconter leur histoire. «J’ai lu des choses épouvantables, raconte le député néo-démocrate. Je ne comprends toujours pas que le gouvernement Harper refuse de venir en aide à ces personnes. Ce n’est pas une question de juridiction, c’est une question d’empathie et de misère humaine. Et ce qu’on demande, ce n’est pas la mer à boire. On n’est pas loin de la catastrophe naturelle. On ne peut pas la qualifier comme telle parce que ce n’est pas un déluge ou une grise du verglas, mais les conséquences sont exactement les mêmes.»

À qui la faute?

Dans un dossier aussi complexe que celui de la pyrrhotite, il est difficile de montrer du doigt les responsables de ce problème qui atteint d’énormes proportions. De l’entrepreneur à la bétonnière en passant par la carrière, tous se lancent la balle.

«Ça prend un temps fou pour identifier les responsables et, pendant ce temps-là, on a de plus en plus de victimes, constate Robert Aubin. Sur le plan juridique, ce n’est pas demain matin que les victimes vont pouvoir recevoir des compensations d’un responsable qu’on aurait clairement identifié.» «Prenons par exemple quelqu’un qui est pris avec une maison qui a de la pyrrhotite et qui fait un recours sur son entrepreneur, illustre ce dernier. Son entrepreneur risque de dire qu’il a construit la maison dans les règles de l’art et qu’il a seulement coulé le béton.» «La personne se retourne ensuite vers la bétonnière qui risque de dire qu’elle a vendu du béton conforme aux normes de construction fédérales et qu’elle n’y est pour rien, poursuit M. Aubin. La même personne se retourne alors vers la carrière qui dit que l’agrégat vendu répondait aux normes fédérales. Ça n’a pas de fin.»

D’autres moyens de pression à venir

Malgré l’inaction persistante du gouvernement fédéral dans ce dossier, le député Robert Aubin refuse de baisser les bras. «Je ne peux pas me permettre de ne plus y croire, répond-il simplement. Je n’ai pas le droit de ne pas croire qu’on va finir par avoir ce qu’on veut.»

En 2014, son équipe et lui continueront d’entreprendre des démarches en ce sens. «On n’arrêtera pas de mettre de la pression, affirme M. Aubin. L’an dernier, j’avais envoyé une lettre cosignée par tous les élus de la région pour inviter le ministre Lebel voir ce qu’il en est réellement chez nous. Je n’ai pas eu de réponse depuis.» Outre l’étude sur les impacts économiques, d’autres mesures seront bientôt mises en branle. «Soit ce sera une motion que l’on déposera à la Chambre des communes, soit ce sera un projet de loi. Dans les deux cas, le but est de modifier la norme sur l’agrégat du béton de sorte à éviter que de tels drames se reproduisent.» Rappelons que l’on dénombre 4 000 victimes de la pyrrhotite en Mauricie à ce jour et que 1 000 autres propriétaires pourraient être touchés. Photo, archives, TC Media