Plus de 70 000 commotions cérébrales par an chez les jeunes

Le professeur-chercheur en sciences de l’activité physique à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Philippe Fait, se penche sur le phénomène des commotions cérébrales depuis plus de dix ans. Ses recherches touchent, entre autres, la prévention, la prise en charge et les traitements contre les commotions.

Le professeur Fait est aussi thérapeute du sport agrée alors il a côtoyé beaucoup de sportifs.

«De par ma formation, j’ai suivi des athlètes de tout âge, soit du civil mineur jusqu’aux compétitions internationales. Ma programmation de recherche tourne autour des commotions cérébrales et à travers les lectures, nous constatons que chez les enfants et les adolescents, le cerveau est beaucoup plus fragile. D’autant plus que ce sont eux, en majorité, qui pratiquent les sports», explique-t-il d’entrée de jeu.

Les jeunes traversent une période plus critique lors de l’adolescence.

«Entre 14 et 15 ans, un mécanisme se produit dans le cerveau. Il y a une diminution de moitié du nombre de synapses sur une période de deux ans, pour s’en aller vers un cerveau adulte. Cette période-là est critique alors il ne faut pas subir de commotion cérébrale qui pourrait avoir un impact sur le développement du cerveau et sur la vie de la personne.»

Récupération plus lente

Il n’y a pas de différence entre une commotion cérébrale chez l’adulte comparativement à celle que subissent les jeunes.

«La différence, c’est la récupération, qui est beaucoup plus lente chez un enfant. Le cerveau de l’enfant est en train se développer et il effectue constamment de nouveaux apprentissages. Une blessure de la sorte peut changer et même avoir un impact son apprentissage. Chez l’adulte, il y a moins de séquelles à long terme parce que le cerveau est plus mature et que les apprentissages de base sont déjà faits.»

Prévention

Pour la majorité des sports pratiqués, l’équipement est d’une importance capitale.

«Bien s’équiper est important! Il faut des équipements qui ne sont pas endommagés et à la bonne taille. Les règlements, aussi, doivent être bien appliqués. Et ça dépend des sports. Par exemple, le Taekwondo a changé son règlement en ce qui a trait aux coups à la tête. Ça vaut maintenant trois points alors le nombre de commotions a augmenté. Il faut éduquer à nos jeunes ce qu’est une commotion cérébrale. S’ils connaissaient bien les problèmes, ils reviendraient moins vite à la compétition et prendraient le temps de bien guérir.»

Repos sportif… et scolaire

Les études démontrent que plus de 72 000 jeunes subiraient des commotions cérébrales chaque année.

«La prise en charge d’une commotion passe par le repos. Ce n’est pas seulement le repos physique, mais aussi cognitif. Il faut cesser tout ce qui va stimuler le cerveau. C’est donc dire de couper l’école, les devoirs, la télévision et les jeux vidéo. Puis le retour se fait de façon progressive. Le jeune ne doit pas recommencer le sport tant que l’école n’est pas reprise à 100%.»

Malheureusement, trop de commotions en bas âge ne sont pas rapportées. Les seuls endroits où elles sont comptabilisées, ce sont dans les urgences ou encore dans les CLSC. De nombreux jeunes ne vont tout simplement pas voir le médecin et attendent que les symptômes cessent d’eux-mêmes.