Pierre Thibeault reçoit la Croix du service méritoire du Canada

SAINT-ALEXIS-DES-MONTS. Encore aujourd’hui, Pierre Thibeault a toujours de la difficulté à réaliser ce qui lui est arrivé il y a quelques semaines à Toronto. Le 20 février dernier, au Fairmont Royal York de Toronto, le gouvernement du Canada lui a remis la Croix du service méritoire – division civile. Il a reçu cette médaille des mains de la gouverneure générale du Canada, Julie Payette, à l’occasion de la Cérémonie de remise de distinctions honorifiques canadiennes, à laquelle il avait été invité. Pierre Thibeault a obtenu cette distinction pour son implication et sa contribution dans le renforcement des liens d’amitié entre les peuples autochtones et la population canadienne. Il faut dire qu’il est l’un des membres fondateurs de l’organisme Terres en vues et du festival Présence autochtone de Montréal. «C’est vraiment tout un honneur et une grande fierté pour moi. J’ai compris qu’ils ont reconnu mes efforts soutenus. J’ai un peu de la difficulté à y croire. Je vis un peu le syndrome de l’imposteur. C’est quand même un honneur que je partage avec toutes les communautés autochtones», lance le résidant de Saint-Alexis-des-Monts. Cette distinction canadienne reconnait une action qui a été accomplie avec un professionnalisme exceptionnel ou qui présente un haut niveau de service, ou une norme exemplaire de très grande valeur et dont le Canada a tiré des avantages considérables ou de grands honneurs. Elle permet également d’honorer la contribution d’une personne qui représente un exemple à suivre ou qui, par ses actions, a amélioré la qualité de vie d’une communauté.

«Je ne suis pas carriériste de nature. J’ai toujours travaillé parce que le cœur y allait. J’ai été élevé à me remplir le cœur et non pas à me remplir les poches» – Pierre Thibeault

Apport exceptionnel Natif de Ville-Marie, en Abitibi-Témiscamingue, Pierre Thibeault a déménagé en bas âge à Trois-Rivières. Pendant la Révolution tranquille, en 1961, et trois mois après avoir fait son entrée à l’école Saint-Philippe, M. Thibeault suit son père Jean-Jacques Thibeault à Fort-Chimo (Kuujjuaq). Ce dernier, policier à la Sûreté du Québec, vient d’être muté comme chef de police et responsable de la sécurité publique sur ce territoire, auparavant sous la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada. À ce moment, Pierre Thibeault a quatre ans. Son arrivée à Kuujjuaq permet d’ouvrir la toute première école catholique française chez les Inuits, où il ne manquait qu’un seul élève dans la classe de l’enseignante Madeleine Bédard, de Louiseville. Le passage de Pierre Thibeault dans le Nord-du-Québec fut bref, mais fort enrichissant. «J’ai eu de la chance que mon père soit policier là-bas. J’ai vu un autre monde, une autre culture et ça a orienté ma vie. Tout se joue à l’âge de cinq et six ans. Ce sont des moments importants dans notre vie». À son retour à Montréal avec sa mère, deux ans plus tard, il était imprégné d’une autre culture. Il a vécu un véritable choc. «À Fort-Chimo, il n’y avait aucun véhicule motorisé. C’était des traîneaux à chiens. C’était une vie très calme, paisible et on se connaissait tous. Vraiment un autre univers! Quand je suis arrivé à l’école Saint-Pascal-Baylon, dans Côte-des-Neiges, j’ai été hospitalisé en raison du choc culturel que j’ai vécu. C’était grave; je commençais même à perdre mes cheveux», se souvient-il. C’est à partir de ce moment qu’il a été sensibilisé à la réalité des Inuits. «Je les comprends. Et mon contact avec eux m’a amené à avoir une approche plus humaniste envers la vie.» Quelques années plus tard, il s’est impliqué auprès du Centre d’amitié autochtone de Montréal, qui offre des services de première ligne aux peuples autochtones en milieu urbain. Son parcours l’a ensuite amené à côtoyer des autochtones pendant près de 20 ans et à s’impliquer auprès d’eux. «C’est devenu mon univers», partage M. Thibeault.   Terres en vues Tel que mentionné un peu plus haut, Pierre Thibeault est l’un des membres fondateurs de l’organisme «Terres en vues», une société mise sur pied en 1990 pour la diffusion de la culture autochtone. Il y a œuvré pendant 16 ans. Cet organisme est le maître d’œuvre du festival Présence autochtone,  qui fait de Montréal, pendant dix jours en août, le chef-lieu de la créativité indigène des trois Amériques. L’évènement célèbre l’histoire et les traditions des autochtones depuis près de 30 ans. «En créant ce festival, je voulais faire le pont entre mon monde d’enfance et mon monde d’adulte et créer une cohérence dans tout ça. Depuis sa création, Terres en vues a aussi l’objectif de créer des liens entre les Québécois, les Canadiens peu importe leur origine et les Amérindiens. L’organisme est en soi une boîte à outils qui sert à créer des ponts entre les communautés», souligne-t-il fièrement. Promotion de la culture et de l’histoire à la Pourvoirie du lac Blanc Depuis 2006, Pierre Thibeault est établi à Saint-Alexis-des-Monts. Son intérêt pour l’histoire, son aisance à la raconter, sa capacité à travailler avec le public et ses nombreuses réalisations lui ont d’ailleurs permis de joindre l’équipe de la Pourvoirie du lac Blanc qui cherchait à faire connaître la culture et l’histoire canadienne aux nombreux touristes venus de l’étranger. Il accueille bon an mal an pas moins de mille touristes européens. «Je fais de l’éducation auprès des touristes depuis 12 ans là-bas. On a construit un campement de Métis avec des ti

Pierre Thibeault a reçu la Croix du service méritoire – division civile du Canada.
pis et des tentes prospecteurs. L’idée, c’est de parler de nous parce que notre histoire n’est généralement plus racontée». Pierre Thibeault met en relief l’apport des Premières Nations au sein de la société québécoise et canadienne, au cours de l’histoire du pays. Il reçoit la clientèle de l’étranger et son mandat consiste à faire découvrir la culture des peuples autochtones et les ancêtres canadiens. «Ce sont des activités qui visent à unir les peuples. Les Français adorent l’histoire. Ils sortent grandis de l’expérience. L’héritage canadien, c’est important! Il faut s’intéresser à qui on est. On est justement issu de choses fascinantes», explique M. Thibeault, passionné d’histoire. Du mois de juin au mois d’octobre, il permet aux européens de découvrir l’histoire canadienne, d’observer l’ours noir, d’explorer l’environnement aleximontois, de réunir les visiteurs autour d’un bon repas et de participer à une soirée contes et légendes. Après une nuitée sur le bord du lac, M. Thibeault initie les touristes au lancer du tomahawk. L’hiver, Pierre Thibeault devient pilote d’un snowmobile B-12 de Bombadier, l’ancêtre de la motoneige, et offre une excursion historique avec un apéro. «Tout ce que je fais à la Pourvoirie du lac Blanc, c’est une continuité de mon parcours et de mon implication auprès des Premières Nations. J’aime partager notre histoire et partager mes connaissances avec les touristes», reconnait-il. Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon