Muguette Paillé… un an plus tard

Auparavant illustre inconnue, Muguette Paillé, une résidente de Ste-Angèle-de-Prémont est venue au monde médiatiquement pendant la campagne électorale canadienne de 2011. Plusieurs journalistes ont même été jusqu’à dire qu’elle avait «gagné le débat des chefs». Elle a volé la vedette à Jack Layton du Nouveau Parti démocratique, Gilles Duceppe du Bloc québécois, Stephen Harper du Parti conservateur et Michael Ignatieff du Parti libéral, lors du débat en français, diffusé d’un océan à l’autre le 13 avril, grâce à sa question sur l’emploi. Son nom a été prononcé à plusieurs dizaines de reprises par les débatteurs qui répondaient à la question. Tous les chefs avaient une solution pour elle. Sur Twitter, le nom de «Mme Paillé» était parmi les 10 plus populaires au pays. D’elle on disait: «elle n’a pas à s’inquiéter, elle va trouver un emploi»… eh bien! Non, niet et nada, un an plus tard, la gentille dame de 54 ans en est toujours à la recherche.

C’est précisément cette question qui l’avait propulsée dans le cirque médiatique l’année dernière: «Le taux de chômage est très élevé en Mauricie, les emplois sont précaires et il est difficile pour une femme comme moi, âgée de 53 ans, de se trouver du travail. Alors, j’aimerais savoir ce que vous comptez faire pour la création d’emplois au Québec, particulièrement en Mauricie, pour aider les personnes de plus de 50 ans à se trouver un boulot permanent?»

De tous les chefs, M. Ignatieff a été celui qui avait le plus le nom de «Mme Paillé» en bouche lors de sa réponse; vraisemblablement préoccupé par sa situation, il lui aurait même envoyé un coup de fil le lendemain. Sur l’échelle du pays, les thèmes de l’économie et de l’emploi ont monté de 3 points, au détriment de la santé, selon CTV, le 14 avril 2011.

Telle une digne partisane dans un stade ennuyeux, elle a su faire démarrer une vague monstre, mais son équipe n’a pas capitalisé pour elle, qui se cherche toujours du travail. Certes, elle a été engagée pour un contrat de six mois, mais un an après le débat des chefs, elle est de retour à la case départ.

«La situation en emploi est la même en Mauricie, alors moi, ma situation est quasi-semblable à celle de l’an dernier. Je vis encore dans la précarité, je suis de nouveau chômeuse, toujours à la recherche d’un emploi. Alors, c’est sûr que le développement économique en Mauricie, c’est un petit peu déficient.»

Mme Paillé dit ne pas avoir reçu beaucoup d’offres d’emploi contrairement à la croyance populaire. «Je suis contente de pouvoir démentir ça, avisait-elle. J’ai eu une offre, une seule, peut-être une et demi. Un couple qui s’occupe de personnes âgées m’a demandé de les remplacer quand ils vont en vacances, ce qui n’est jamais arrivé. Puis l’autre, c’est une usine de Louiseville qui m’a dit: apportez votre CV, si on a un poste qui correspond à vos qualifications, on vous donnera des nouvelles et ce ne fût pas le cas. Je suis toujours au point mort et je poursuis ma recherche d’emploi. Je m’en occupe moi-même, je n’attends pas après personne pour me trouver un travail.»

La situation à Ste-Angèle-de-Prémont

La petite municipalité de Muguette Paillé a subi un dur coup lors de la dernière année avec la fermeture de l’usine Montpak International. La population de 718 âmes a vu plus de 60 travailleurs perdent leur emploi.

Pour l’instant, les négociations se poursuivent avec un acheteur potentiel, souhaitant acquérir l’usine spécialisée dans la transformation de viandes d’agneau et de veau. C’est le Centre local d’emploi qui s’occupe actuellement des chercheurs d’emploi. «Je leur souhaite d’être capables de trouver un emploi. Les grosses usines ne finissent pas de fermer. J’aimerais que les gouvernements provincial et fédéral mettent à la disposition des programmes pour qu’ils puissent se relocaliser dans des domaines où il y a de l’emploi», affirmait la mairesse Barbara Paillé, qui n’a pas de lien familial avec Muguette.

En attendant, des locaux appartenant à la municipalité ont été mis à la disposition des gens qui n’avaient pas terminé leurs études secondaires et qui souhaitaient obtenir leur diplôme. Un nouveau service a aussi fait son apparition pour les personnes comme Muguette Paillé qui veulent se trouver un gagne-pain, la Brigade de l’emploi. La coordonnatrice, Manon Trudel, invite d’ailleurs Mme Paillé à utiliser les services de l’organisme implanté par le gouvernement provincial.

Selon Mme Trudel, avoir plus de 50 ans n’est pas si problématique que cela peut paraître lorsqu’on frappe à la porte des employeurs. «Il y a de tout pour tous, expliquait-elle. Les gens de 50 ans et plus ont des qualités que les autres n’ont pas, on se retourne de plus en plus vers eux lorsqu’on veut un travailleur expérimenté.» Mme Trudel s’y connaît en la matière, puisque la moyenne d’âge de sa clientèle est de 50,37 ans.

Une carrière politique?

Récemment, Muguette Paillé est devenue membre du Parti québécois, elle a même songé à se présenter comme députée pour les prochaines élections, mais elle a préféré laisser le poste à Patrick Lahaie, un politicien plus expérimenté qu’elle.

«Il n’y a pas que la députation et les ministères pour agir en politique, l’action politique c’est plus large que ça. Dans le moment, je suis dans le conseil exécutif du Parti québécois de Maskinongé et je suis sur le comité électoral, alors, c’est sûr que je vais militer et que je vais continuer mon travail sur le terrain. Je pense que c’est là qu’est la meilleure place pour moi», révélait-elle.

Alors où Muguette Paillé aimerait-elle travailler?

«C’est assez large, parce que j’ai de l’expérience quand même dans plusieurs domaines, dont le secrétariat, la santé mentale et l’éducation spécialisée, ce sont des domaines qui me parlent beaucoup et j’ai étudié en animation», conclut-elle.