Louiseville a perdu son dernier cordonnier

Maurice Branchaud l’avouait quelques jours avant son chant du cygne, il était tanné et fatigué de pratiquer le dur ouvrage de cordonnier. Les semaines étaient intenses et le labeur bien présent. Samedi, c’est une véritable page d’histoire qui s’est tournée alors que le dernier cordonnier de Louiseville est parti à la retraite.

C’est entouré de sa famille et de ses amis que M. Branchaud a réparé une dernière chaussure. L’ambiance était à la fête certes pour cet ardent travailleur qui jouit désormais d’un repos bien mérité, mais la fermeture du commerce est porteuse de questions. Bien longtemps avant son départ, M. Branchaud avait lancé un appel aux jeunes les invitant à prendre la relève du commerce, il proposait même une formation gratuite de six mois afin d’aider la profession à se perpétuer à Louiseville. Malgré cela, personne n’a répondu.

« J’aurais aimé que la cordonnerie reste ouverte. Les clients devront aller à Trois-Rivières », constatait l’homme qui a œuvré dans ce domaine pendant 45 ans.

Pourtant, il y a quatre ans, trois cordonniers chaussaient les gens du coin.

« Je suis bien déçue qu’il parte, on est plusieurs à être découragés que ça ferme. Il ne manque pas d’ouvrage », commentait une cliente, Gertrude Demers.

Reconnu pour son caractère un peu bougre, le cordonnier s’est exprimé avec un rictus à la commissure des lèvres avant de fermer la porte: « Je remercie toute ma clientèle et je m’excuse pour mon franc-parler, des fois je fais des taquineries et les gens ne le prennent pas, mais je suis comme ça ».

Le pince-sans-rire n’avait pas besoin de chercher une justification, Louiseville va s’ennuyer de son cordonnier.