Les médias sociaux au cœur des pratiques policières

SÉCURITÉ. Les médias sociaux ont de plus en plus d’importance dans nos vies, si bien que les policiers ne peuvent plus les ignorer.

Dans le cadre d’un colloque portant sur les différentes facettes de la police communautaire, la semaine dernière, des policiers de partout dans la province ont reçu différents outils pour rejoindre les citoyens via Facebook et Twitter.

Il faut dire que les médias sociaux sont un couteau à deux tranchants pour les policiers. Ils peuvent à la fois les aider, mais également les faire mal paraître.

C’est que l’omniprésence des téléphones intelligents rend les policiers plus vulnérables lorsqu’une vidéo ne présente qu’une partie de leur intervention. On n’a qu’à penser au policier menaçant un sans-abri de l’attacher à un poteau à -28 degrés Celsius, ou encore au comportement de «Matricule 728», dont les images sont rapidement devenues virales.

«Dans le petit film que l’on va retrouver sur YouTube, on va présenter la séquence où le policier va employer la force, qui est l’un des outils auquel il peut faire appel lors d’une intervention. Mais il y a toute une progression de l’action à laquelle le spectateur n’aura pas accès», souligne le conférencier Samuel Tanner.

«C’est là que les organisations policières doivent rattraper le message pour bien expliquer aux citoyens qui ont une parfois idée idyllique de la réalité policière et des moyens que l’on peut utiliser», renchérit la directrice du Réseau Intersection, Helen Dion.

Pour faciliter les enquêtes

L’utilisation des médias sociaux a tout de même servi aux policiers dans différentes enquêtes, en permettant d’identifier, par exemple, des malfaiteurs dans une émeute ou de démasquer des administrateurs de pages incitant à la violence.

Les policiers ont aussi été sensibilisés à l’importance d’utiliser les médias sociaux pour d’autres raisons que de diffuser des communiqués ou des avis de recherches, mais plutôt d’offrir un contenu qui incite à l’interaction.

«Plutôt que l’information soit centralisée en haut lieu, il serait bon de privilégier l’emploi des réseaux sociaux par les policiers qui ont l’habitude de patrouiller un quartier, qui savent ce qui s’y passe et peuvent transmettre de l’actualité plus immédiate aux citoyens», précise M. Tanner.

Celui-ci donne l’exemple de Boston, où les policiers sont très actifs sur Twitter. «Les patrouilleurs dans les quartiers vont informer les citoyens en disant "faites attention à tel coin de rue", ou qu’il y a eu un tel événement à tel endroit, raconte-t-il. Les citoyens interagissent de plus en plus avec leurs patrouilleurs».

Les médias sociaux ont ainsi facilité leur travail lors des enquêtes des attentats qui ont eu lieu lors du marathon, en 2013.

Des risques de dérives

Samuel Tanner met toutefois en garde les risques éthiques et les débordements que peut avoir une telle communication entre les policiers et les citoyens, dans le «cas d’une mauvaise information ou d’une délation calomnieuse.»

Les policiers sont aussi sensibilisés à ce qu’ils publient sur les réseaux sociaux. «Lorsqu’ils diffusent de l’information, il faut que ce soit à la hauteur de ce qu’un citoyen peut s’attendre d’un policier», souligne Helen Dion.