Les citoyens de l’avenue Royale exaspérés

LOUISEVILLE. Des citoyens de l’avenue Royale ont décidé de prendre les grands moyens pour se faire entendre et pour dénoncer le manque de leadership de la Ville de Louiseville dans le dossier du prolongement du réseau d’égout sur une portion de cette route.

Ce projet, qui permettrait de desservir 52 unités sur une distance de 1300 mètres, n’a toujours pas connu de dénouement positif six ans après les premières interventions faites par les citoyens du secteur auprès des élus louisevillois. Le comité représentant les citoyens a multiplié les démarches ces dernières années pour favoriser la mise en œuvre de ce projet, mais ne perçoit toujours aucun signe encourageant de la part de la municipalité pour sa réalisation.

«C’est un blocage incompréhensible, inacceptable et ça va même à l’encontre de la mission première de toute municipalité au regard des services essentiels de base à donner à sa population. C’est un simple projet de prolongement du réseau déjà en place, qu’on juge légitime et tout à fait réalisable à des coûts raisonnables», indique Paul Beaulieu, porte-parole du comité de citoyens de l’avenue Royale, lors d’une rencontre avec L’Écho de Maskinongé.

Les actions menées par les citoyens pour permettre la réalisation de ce projet sont en effet nombreuses. En plus des représentations faites lors des assemblées publiques du conseil municipal et des échanges répétés avec les autorités locales, les citoyens de l’avenue Royale ont demandé aux élus à plusieurs reprises de maintenir le dossier actif, de reconduire la part de financement de la ville de l’ordre de 500 000$, d’avoir recours au changement d’espaces dans le périmètre pour rendre les résidences visées admissibles au programme de financement gouvernemental et ont proposé différentes solutions. «Malgré tous les efforts investis et toutes nos démarches, il n’y a toujours pas de déblocage», déplore M. Beaulieu.

Un sondage qui ne passe pas

Le 10 juillet dernier, la Ville de Louiseville a fait parvenir un sondage aux résidents de l’avenue Royale qui se trouvent dans le périmètre urbain afin de connaître leur opinion sur la possibilité de réaliser un projet d’égout gravitaire uniquement pour les 22 résidences admissibles au programme FIMEAU. Ce sondage n’a toutefois pas passé comme une lettre à la poste.

Tous les propriétaires concernés, sauf un, ont refusé d’y répondre. «Les gens ont jugé bon de refuser de répondre au sondage considérant les coûts inacceptables et le sondage comme un piège. La Ville a présenté des coûts prohibitifs dans ce document-là. Des coûts qu’elle jugeait elle-même prohibitifs il y a un an. Pour avoir une réponse négative, on n’aurait pas pu faire mieux. C’est encore un geste qui manifeste une position de refus d’aller de l’avant. Nous doutons fortement que la ville utilise ce refus et ce très faible taux de participation, non pas pour se questionner et revoir son approche, mais plutôt comme une raison ou un prétexte pour fermer le dossier. Ce serait un grand manque d’écoute et de respect envers les citoyens», souligne Paul Beaulieu.

Suite à l’envoi de ce sondage, le comité a obtenu une rencontre avec le conseil municipal pour discuter du dossier, mais celle-ci ne s’est pas déroulée comme les citoyens l’espéraient. «On a essayé de faire le tour du dossier, de faire part de nos attentes et de nos suggestions. Malheureusement, ce fut une rencontre décousue, décevante et non productive, car il y a eu peu de réceptivité, d’écoute et de volonté à se pencher sur des solutions. Ce sont toujours des réactions à nos idées et des raisons pour ne pas aller de l’avant. Pourtant, nous avons toujours eu une attitude positive et constructive», note le porte-parole du comité, en précisant que le conseiller du secteur Gilles Pagé est en faveur du projet.

«Il y a eu ouverture, recul et incohérence tout au long de cette saga jusqu’à maintenant. La preuve, c’est qu’il y a eu prévision d’argent dans le plan triennal des immobilisations et retrait par la suite. Il y a eu une certaine ouverture pour modifier le périmètre urbain pour rendre plus de résidences admissibles et un recul par la suite. Ce projet a été qualifié d’important et d’essentiel pour la ville en août 2019, mais c’est tout le contraire qu’on constate», ajoute-t-il.

La goutte qui fait déborder le vase

Des travaux d’asphaltage réalisés ces jours-ci sur l’avenue Royale amènent les représentants du comité à sortir publiquement, estimant une fois de plus que la Ville de Louiseville montre clairement son intention de mettre de côté le projet d’égout sur l’avenue Royale. «Quel message pensez-vous qu’on envoie aux citoyens alors qu’il y a un projet d’égout sur la table? Il est évident qu’au moment même de planifier le projet de pavage et de demander une aide financière, il y a plusieurs semaines, la Ville n’avait nullement l’intention de réaliser le projet d’égout. On n’est pas contre l’asphaltage, mais en bon gestionnaire, normalement la phase 1 vient avant la phase 2. C’est ce qui nous amène à réagir aujourd’hui et à passer à l’offensive», déclare M. Beaulieu.

Pour le comité, le dossier demeure toujours actif et prioritaire. «Les citoyens que nous représentons sont en droit d’obtenir ce service essentiel comme ce fut le cas dans d’autres secteurs similaires de la ville et dans d’autres municipalités. On s’attend à ce que le conseil reconsidère sa position, exerce un leadership et fasse tous les efforts nécessaires pour assurer la réalisation du projet réclamé depuis maintenant trop longtemps.»

Les résidents de l’avenue Royale comptent plus que jamais sur les deux prochains appels de projets du programme FIMEAU, en 2022 et 2024, sur l’agrandissement du périmètre urbain, sur l’appui du député et sur d’autres sources de financement pour voir leur projet se concrétiser.

Louiseville travaillera avec le périmètre urbain actuel

Conscient de l’importance qu’a ce projet pour les citoyens du secteur, le maire de Louiseville rappelle que le prolongement du réseau d’égout sur l’avenue Royale a toujours été conditionnel à l’obtention de subventions.

L’an dernier, la Ville de Louiseville avait demandé au gouvernement provincial une dérogation aux programmes de subventions afin de desservir l’ensemble des résidences visées par le projet, qu’elles soient situées ou non dans le périmètre urbain, mais Québec a refusé d’assouplir ses critères d’admissibilité.

Devant cette réponse, le comité de citoyens a proposé au conseil municipal de modifier ou d’agrandir le périmètre urbain afin que toutes les résidences concernées puissent profiter du programme d’aide, mais les élus ont rejeté cette proposition. «Tout le monde a été patient, mais un moment donné il y a une fin. Notre position est claire. La décision du conseil est de se concentrer sur les résidences qui sont situées dans le périmètre urbain. On va à nouveau demander aux propriétaires des 22 résidences admissibles de se prononcer à savoir s’ils sont toujours intéressés à aller de l’avant avec le projet d’égout. On parle présentement d’environ 35 000$ sur 20 ans par adresse. S’il y a de l’intérêt, on va faire une nouvelle demande au gouvernement pour recevoir du soutien financier pour pouvoir desservir ces gens-là. Mais si le tuyau passe, les gens installés sur une fosse septique auront quand même l’obligation de payer l’infrastructure», informe le maire Yvon Deshaies.

Ce dernier n’a d’ailleurs pas l’intention de s’engager à réserver une portion du prochain programme de remboursement de la taxe sur l’essence pour le projet. «Les citoyens, dont M. Beaulieu, voudraient que la ville réserve 1,5 M$ pour ce réseau d’égout. Nous nous sommes engagés à mettre 500 000$ et pas plus. Je ne peux pas m’avancer sur une décision qu’aurait à prendre le prochain conseil et encore moins garantir de l’argent pour 2023», lance M. Deshaies.

Pour les résidences situées à l’extérieur du périmètre urbain, Louiseville invitera les citoyens à se conformer aux nouvelles normes environnementales par l’installation d’une fosse septique. «C’est déjà commencé. On parle au total de 30 résidences. D’ici deux mois, près d’une quinzaine de ces résidences seront branchées à une fosse septique. Comme près de la moitié des résidences seront installées de cette façon et qu’il n’y a aucune subvention disponible pour ces gens-là, le conseil a décidé que nous n’irions  plus de l’avant avec le prolongement du réseau d’égout dans ce secteur», conclut M. Deshaies.