La voix de Duchesne depuis plus d’un demi-siècle

COMMUNAUTÉ. Francine Gélinas est une source intarissable d’histoires et de secrets. Elle parle, ricane, chantonne, mais elle fait aussi preuve d’écoute et de discrétion depuis plus de 51 ans pour le même employeur, la même entreprise, et elle en a vu de toutes les couleurs. Voici son histoire.

L’aventure commence par un stage chez Duchesne et fils ltée, peu avant son embauche en août 1971, à l’époque où l’entreprise vendait au détail. Elle vient d’avoir 18 ans.  » Il y avait beaucoup d’action et je cumulais déjà plusieurs fonctions dès le début.  » La jeune diplômée en secrétariat se sent rapidement impliquée, et prend vite confiance. Dès le premier jour, elle prend la relève de deux personnes qui avaient choisi de quitter l’équipe. Il faut dire que la native de Yamachiche connaissait bien l’usine et son président Marcel Duchesne. Elle sait aussi dans son for intérieur qu’elle veut passer sa vie ici et fréquente déjà celui avec qui elle partage encore sa vie!

 » Moi quand je suis rentré ici, les femmes n’avaient pas le droit de tomber enceinte! Si c’était le cas, il leur fallait démissionner. Quand on leur a autorisé, y’en a 13 qui sont tombées! « 

Elle adore ce qu’elle fait, même si au fil du temps, il y en a eu du changement! De la dactylo aux nouveaux logiciels, c’est la raison principale de l’amour de son travail : embrasser le changement, aimer apprendre. La nouveauté, c’est chaque année dans son métier.

Apprivoiser le changement

Sa grande polyvalence l’a même amené à travailler en usine.  » J’entrais le matin à 6h30 et je revenais à 18h à la réception. Je finissais à 21h! J’adore ce que je fais, dit-elle tout sourire. J’aime les gens, j’aime le monde, et j’aime surtout l’entreprise. J’ai développé rapidement un grand attachement à Duchesne. Aujourd’hui, avec le télétravail et la rareté de la main-d’œuvre, ça incite moins les jeunes à s’attacher à l’employeur. « 

Dans la majorité des appels qu’elle transfère, les employés sont soit chez eux ou sur la route. Mais à défaut d’avoir moins d’action au bureau, les clients eux, ne sont pas moins nombreux.  » Je les connais, je connais leur voix, et en 51 ans, ils ont changé, prit leur retraite, d’autres sont arrivés, alors les liens n’ont jamais arrêté de se créer. J’aime les gens, je me nourris de leur présence.  »  De son propre aveu, un matin que ça ne lui tente pas, ce n’est jamais arrivé, jamais. Elle cite Mr. Marcel (Duchesne) comme elle l’appelle :  » Francine elle, quand on lui donne des vacances, ça lui fait de la peine! « 

Sa recette du bonheur: être heureuse dans ce qu’elle fait et savoir s’adapter. Trouver un endroit qui sait vous satisfaire et vous rendre heureux, c’est la clé. Son métier est de parler certes. Sa carte cachée; son écoute et sa sensibilité. Tout au long de sa longue carrière, elle a eu des tonnes de responsabilités, elle a vécu l’arrivée de l’informatique, la robotisation, un conflit de travail, la pandémie et bien d’autres imprévus! Ses principales tâches : la réception, des entrées de transactions, les chèques, les comptes payables, un peu de RH, de marketing, les envois postaux et par transporteurs, plusieurs comités, etc. Le nouveau propriétaire de l’usine, le groupe Namakor, l’a d’ailleurs rapidement constaté; Francine est une bonne agente de changement. 

Dans moins de cinq ans, en 2027, ce sera le 100e anniversaire de l’entreprise. Quand on lui demande si elle pense s’y rendre, elle rétorque tout sourire :  » Vous savez, rendu à un certain âge, c’est une année à la fois hein! »

Mais tant qu’elle aura la santé et qu’elle saura s’adapter à la nouvelle technologie, Mme Gélinas vous répondra!

La retraite

Son mari travaille toujours lui aussi, malgré son vénérable 75 printemps. Elle a toujours su gâter son entourage et prendre aussi du temps pour elle. C’est important. Les spectacles, le chant, la danse en ligne qu’elle adore pratiquer, son implication dans le Noël du pauvre comme présidente du secteur Yamachiche Saint-Sévère, elle a toujours su trouver un certain équilibre et garder contact.

« Justement, samedi passé, j’ai rencontré quelqu’un qui a travaillé avec moi ici, en 71′. Je ne l’avais pas revue depuis. Et pas plus tard que la semaine passée, j’ai vu Audrey (Duchesne)! « 

Quand on lui parle de retraite, elle répond:  » Mon travail ne m’empêche pas de faire les activités que j’aime. Je peux faire ce que je veux quand je veux même si je travaille le lendemain. Je ne suis vraiment pas prête à ça. »

 » Son expérience et ses connaissances de chez Duchesne au fil de toutes ces années font d’elle notre référence. C’est notre point de chute quand on a besoin d’info ou qu’on n’est pas sûr de quelque chose! « 

 Stéphane, employé chez Duchesne