«La table provinciale de négociation doit être conservée» – Paul Lavergne

SAINT-PAULIN. Sans convention collective depuis le 31 mars 2015, les paramédics, répartiteurs et le personnel de soutien du secteur préhospitalier du Québec déplorent les intentions du ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette de mettre fin à la table provinciale de négociation et d’aller de l’avant dans la refonte des contrats de service du secteur préhospitalier.

Présentement, les négociations sont au point mort. Selon le syndicat représentant le personnel du secteur préhospitalier, cette façon de faire du ministre constituerait un recul de trente ans alors que, depuis des années, les ambulanciers de l’ensemble de la province se battent pour obtenir de la formation, des conditions de travail et une rémunération uniformes, peu importe où ils œuvrent. Les travailleuses et les travailleurs souhaitent aussi obtenir des solutions aux enjeux prioritaires, notamment aux problèmes liés aux horaires, à la surcharge et à l’organisation du travail.

Selon Paul Lavergne, président du Conseil central du Cœur du Québec – CSN, il serait illogique de confier la négociation des conventions aux entreprises privées alors que leur financement est assuré presque à 100% par les deniers publics.

«Le mode d’opération du gouvernement est de tout déstructurer les systèmes. Il l’a fait en économie comme par exemple en abolissant les CLD et les CRÉ. Le secteur préhospitalier a bâti au fil des ans une structure afin d’avoir une cohésion nationale. On veut négocier à une table centrale, mais ils veulent nous renvoyer à des décisions locales. Ça brise l’intelligence du réseau et ça va devenir la loi de la jungle». M. Lavergne croit que le ministre Barrette doit revenir à la table de négociation. «Nos 3 600 membres nous ont donné le mandat de négocier pour la province parce qu’ils ne veulent pas qu’on réintroduise des disparités de traitement entre les régions. Actuellement, les décisions prises par le gouvernement ne sont pas pour le mieux de la population.»

Abolition des horaires de faction

Dans la région, un des enjeux importants est l’horaire de faction, c’est-à-dire les paramédics qui doivent travailler 24 heures sur 24 durant sept jours consécutifs à partir de leur domicile. Ce service occasionne des délais de réponse aux appels d’urgence. On ne demande rien de moins que son abolition. «Dans notre région, la population est vieillissante, nous avons un milieu très touristique avec plusieurs hôtels et pourvoiries. On a aussi la réserve Mastigouche et un très grand territoire à couvrir ce qui nous amène à une charge de travail supplémentaire. Généralement, pour compléter un appel, un paramédic de Saint-Paulin ou Saint-Alexis-des-Monts doit calculer au moins deux heures par intervention. Quand un paramédic est en horaire de faction, il doit assurer une disponibilité continue. Lorsqu’elle est appelée, il y a un délai avant que l’équipe se mette en direction vers un appel, car les paramédics doivent aller chercher le véhicule ambulancier à la caserne», rappelle Michel Beaumier, président du Syndicat des paramédics du Cœur du Québec.

De jour, uniquement pour Saint-Alexis-des-Monts et Saint-Paulin, trois ambulances sont disponibles. Toutefois, après 16h, une seule ambulance en horaire de faction est disponible pour couvrir la zone. Advenant un appel, une ambulance d’une autre zone doit couvrir le territoire où des milliers de touristes voyagent chaque année. Une situation qui doit cesser croit M. Beaumier. «L’horaire de faction c’est moins coûteux qu’avoir des effectifs à temps plein à la caserne près à partir en tout temps, mais c’est réellement ce que ça prendrait. L’horaire de faction occasionne des délais et il y un impact direct sur la qualité du service offert à la population surtout quand chaque seconde compte! Il faut enlever ces horaires de faction, une mesure qui devait être temporaire lors de son implantation il y a plusieurs années.»

Dans la région, les entreprises ambulancières de Sainte-Thècle, Saint-Tite, La Tuque, Saint-Paulin, Louiseville et Pierreville possèdent au moins une équipe avec un horaire de faction.

Les représentants syndicaux se disent prêts à reprendre les négociations avec le ministère à tout moment, mais affirment que cette table de négociation provinciale et collective doit être maintenue.

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