La fin des poissons appâts pour la pêche sportive?

PÊCHE. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) souhaite interdire, dès le mois d’avril, l’usage des poissons appâts morts et vivants comme leurre pour la pêche sportive l’été, et ce, dans toutes les zones de pêche au Québec.

Avec cette nouvelle règlementation, le gouvernement aurait comme objectif de prémunir le Québec contre une possible dispersion de maladies et d’espèces exotiques aquatiques envahissantes (EAE) dans les plans et cours d’eau du Québec.

L’Aire faunique communautaire (AFC) du lac Saint-Pierre estime que cette décision est injustifiée.

«C’est certain que si le gouvernement interdit son usage l’été, ça ne sera pas trop long qu’il va appliquer l’interdiction l’hiver aussi. Ça va faire mal! On sait que ça fait partie de leurs intentions. Lorsqu’il y a eu le changement réglementaire en 2012, le gouvernement a appliqué certaines règles. Par exemple, les frontières ont été fermées avec l’Ontario et les États-Unis où il y avait présence de maladies. Québec a bien encadré l’utilisation des poissons appâts. Par contre, depuis cinq ans, rien ne s’est propagé et on ne pense pas que ce sont les poissons appâts morts qui vont transmettre des espèces exotiques aquatiques envahissantes», commente Stéphane Marin, directeur général de l’AFC du lac Saint-Pierre.

«Il n’y a rien d’alarmant et rien ne justifie cette interdiction. Le gouvernement pourrait maintenir le statu quo jusqu’à ce qu’il y ait vraiment une problématique particulière. Cette technique de pêche est très efficace et rien ne surpasse ça. De plus, il faut garder en tête que les retombées économiques qui découlent de la pêche sportive et de l’usage des poissons appâts sont extrêmement importantes».

Québec sonde les pêcheurs

Entre le 22 novembre et le 22 décembre 2016, le MFFP invitait les pêcheurs sportifs du Québec à répondre à un sondage en ligne afin de mieux connaître leurs habitudes en ce qui a trait à l’utilisation des poissons appâts et de vérifier leur degré de préoccupation en regard des EAE. «Le gouvernement était très alarmiste avec la première version de son sondage. Il a été modifié, mais on a su que l’objectif final était quand même d’arriver à interdire les poissons appâts. Le ministère s’est aussi engagé à consulter les gestionnaires des territoires et les détenteurs de permis de poissons appâts et rien de ça n’a été fait», déplore M. Marin.

Dans une lettre formulée à l’attention des députés de la région, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FQCP) soulève «qu’aucune information scientifique ne supporte formellement que de nouvelles restrictions réglementaires prémunissent davantage les écosystèmes contre la propagation des maladies et des EAE, et aucune analyse de risque évaluant les probabilités que de tels événements surviennent n’a été portée à notre attention».
Or, l’AFC du lac Saint-Pierre demande que la réglementation actuelle adoptée en 2012 et qui permet l’utilisation de poissons appâts morts et vivants soit conservée.

L’Aire faunique communautaire du lac Saint-Pierre et l’Association de chasse et pêche de Contrecoeur font présentement circuler une pétition. Les personnes intéressées à appuyer les démarches de ces organismes peuvent la signer en se rendant sur: http://www.menes.quebec/