Joueur… compulsif ou pas?

SANTÉ. Comment déterminer si on a un problème de jeu compulsif? Il y a des indices qui ne trompent pas, soutient David Lavigne du Centre de réadaptation en dépendance de Domrémy Mauricie-Centre-du-Québec. A contrario, il peut aussi dépeindre ce que n’est pas le joueur excessif, celui qui joue pour le plaisir, qui accepte de perdre l’argent misé et qui sait jouer selon ses moyens.

Profitant de la Semaine de prévention des dépendances (du 16 au 22 novembre), l’intervenant psychosocial parle de cette dépendance encore taboue, plus encore peut-être que l’alcoolisme et la toxicomanie.

«Parce que c’est légal et populaire que de s’adonner à des jeux de hasard et d’argent», dit M. Lavigne.

On estime à 0,7% le pourcentage de la population pour qui jouer deviendra une pathologie. «En Mauricie et au Centre-du-Québec, cela peut représenter 3500 personnes. On pourrait camper le portrait type du joueur pathologique en parlant d’un homme de 25 à 34 ans, impulsif, ayant de faibles revenus.»

Travaillant depuis 15 ans au Centre Domrémy (dont on trouve un bureau à Louiseville), le psychoéducateur a entrepris une tournée d’information, de La Tuque à Drummondville, allant à la rencontre de médias, d’entreprises, d’organismes communautaires, de professionnels.

Par ces rencontres, il explique ce qu’est la dépendance au jeu, ses grandes similitudes avec la toxicomanie. Il dira que, contrairement à elle, le jeu pathologique n’a pas le corps comme limite, mais l’épaisseur du portefeuille. Encore que, avant de s’arrêter définitivement, le joueur compulsif se sera probablement et lourdement endetté, sans compter tous les ennuis de santé qu’il se sera infligés.

Pour bien des gens, les joueurs comme leurs proches, il est difficile d’admettre qu’il puisse s’agir d’une dépendance, voire d’une maladie. «Parce qu’ils ne consomment pas, ne «sniffent» pas, on leur dira qu’il leur suffit d’arrêter de jouer.»

Le jeu pathogène peut entraîner toutes sortes de problèmes sociaux et de santé, conjugaux, professionnels et financiers. «On peut commettre vols et fraudes pour pouvoir continuer de jouer.»

Des traitements

Mais comme pour toute autre dépendance, il y a des traitements.

Le joueur qui se reconnaît une pathologie peut lui-même frapper à la porte du Centre Domrémy. Un proche ou un professionnel peut aussi le faire pour lui.

Le traitement, personnalisé, prend la forme de rencontres individuelles avec un intervenant, en commençant par une évaluation. On conviendra si le traitement peut passer par la réduction progressive ou par l’abstinence complète. S’il le faut, on pourrait décider qu’une cure fermée de trois semaines serait plus efficace.

David Lavigne souligne qu’il faut aussi s’assurer qu’il n’y a pas autre chose sous le jeu compulsif. «On aurait beau vouloir éloigner le joueur de la table de jeu, mais s’il a, par exemple, un trouble d’hyperactivité, on n’aura pas tout réglé.» L’intervenant ajoute que pour certains, d’appartenir à un groupe de gamblers anonymes contribue à leur éviter une rechute.

On peut recourir aux services gratuits du Centre de réadaptation en dépendance Domrémy en composant le 1 866 JOUEURS (1 866 568-3877).

Des indices pour repérer un problème de jeu

*Préoccupation constante pour le jeu

*Besoin d’augmenter les mises pour atteindre l’état d’excitation désiré

*Jouer pour fuir les difficultés ou pour soulager une humeur indésirable

*Retourner jouer pour tenter de se refaire

*Agitation ou irritabilité durant les tentatives de réduction ou d’arrêt.

*Mentir à sa famille ou à d’autres pour dissimuler l’ampleur réelle de ses habitudes de jeu