Jean-Sébastien Fugère sur les traces de son père
Après avoir brillé sur la scène internationale avec sa planche à voile, Jean-Sébastien Fugère tentera maintenant de faire sa marque à bord des navires marchands.
Lors des quatre dernières années, le talentueux véliplanchiste s’est pleinement consacré à son après-carrière comme étudiant dans le programme de Navigation de l’Institut maritime du Québec (IMQ), à Rimouski, d’où il est fraîchement diplômé.
Jean-Sébastien Fugère a mis de côté la planche à voile en 2016 après avoir participé à la campagne olympique canadienne en prévision des Jeux de Rio de Janeiro. «Malgré le fait qu’on avait réussi à qualifier le pays pour les olympiques, le Canada n’a pas envoyé personne dans ma discipline. On avait notre place aux Jeux olympiques et le pays ne nous l’a pas donné. À ce moment-là, c’était comme un coup de pelle dans la face. Ça m’a fait réaliser que je devais penser à mon avenir un peu plus. J’ai décidé de poursuivre mes études pour avoir un métier», confie-t-il.
Fugère s’était inscrit une première fois dans ce même programme d’études en 2012, mais son entrée sur l’équipe nationale en planche à voile, à l’âge de 17 ans, l’a éloigné des bancs d’école pour quelques années.
L’athlète est retourné sur les plans d’eau dans l’espoir d’atteindre ses objectifs personnels et de réaliser son rêve olympique. «Oui, c’était un rêve! Je lui ai touché du bout des doigts. Tout mon dossier était prêt et je savais que j’étais parmi les candidats retenus pour y aller. J’y croyais vraiment. Avec du recul, je n’ai pas le sentiment d’un travail inachevé. Au contraire, je suis très fier du chemin parcouru et de ce que j’ai accompli au fil du temps», reconnait-il bien humblement.
Au cours de sa carrière, Jean-Sébastien Fugère a tout de même eu ses moments de gloire en remportant de nombreuses médailles lors des compétitions provinciales et nationales, championnats du monde, de même que sur les circuits internationaux.
Fier ambassadeur
Pendant son séjour à Rimouski, le Yamachichois a d’ailleurs accepté de s’impliquer comme ambassadeur pour son programme. Il a fait rayonner l’IMQ partout à travers la province et son engagement fut souligné à plus d’une reprise. «À ma troisième année, j’ai participé à une campagne de promotion pour faire découvrir le domaine maritime et l’institut. C’est un domaine qui est méconnu par beaucoup de gens. Moi, je connais ça parce que mon père est dans ce milieu-là depuis longtemps. Ils avaient besoin de têtes d’affiche et l’institut cherchait des étudiants qui se démarquaient. Ils me l’ont demandé et j’ai accepté le projet. J’ai participé à des portes ouvertes, à des événements et à des tournées dans les écoles pour intéresser les plus jeunes à faire ce métier-là», mentionne-t-il.
Sur la voie maritime
Le parcours académique de Jean-Sébastien Fugère l’amène aujourd’hui à être officier de navigation pour l’entreprise maritime Neas. Il contribue avec son équipage au ravitaillement des communautés inuites de l’Arctique. «Ça se rapproche un peu de ce que je faisais avant en planche à voile. Je pars de longues périodes. C’est quelque chose que je suis habitué de faire. Pour moi, ça n’a pas changé ma routine tant que ça. Ce qui est différent, ce sont mes déplacements et la raison pourquoi je les fais. Durant l’hiver, je suis en vacances et j’ai beaucoup de temps libres qui vont probablement me permettre de voyager et de refaire un peu de planche à voile pour le plaisir», raconte-t-il.
Ce choix de carrière n’est pas sorti tout droit de nulle part. Son père, Christian Fugère, est capitaine pour le Groupe Desgagnés, lui qui œuvre dans ce domaine depuis 36 ans. «J’ai grandi dans cet environnement-là et ça m’a toujours intéressé. Mon père a toujours été un modèle pour moi. J’ai toujours admiré ce qu’il a fait dans ce domaine-là et c’est une personne qui est reconnue dans ses compétences. C’est un petit monde. J’ai côtoyé des officiers et des capitaines qui ont déjà navigué avec lui. J’ai de grands souliers à remplir pour le suivre. C’est ce que je vais essayer de faire avec autant de passion que lui», témoigne-t-il.
«La navigation, c’est un domaine qui permet d’évoluer tout au long de ta carrière. Tu as de bonnes responsabilités dès le départ, même quand tu es matelot. Ensuite, tu peux monter des échelons, travailler sur d’autres types de navire, d’autres secteurs et ailleurs dans le monde. Chaque jour, c’est un défi. En plus, les conditions de travail sont excellentes. J’essaie toujours de me dire qu’on travaille pour vivre, on ne vit pas pour travailler. Ça me permet justement de travailler pour avoir un beau mode de vie.»
Jean-Sébastien Fugère ne compte pas en rester à son grade d’officier de navigation bien longtemps. Il aspire un jour à devenir capitaine…comme son père! «Déjà en ce moment, j’étudie pour monter de grade. Je vise plus haut. C’est un processus qui prend un petit peu de temps parce qu’il faut accumuler du temps en mer et il faut faire différents examens à Transports Canada. (…) Avoir le commandement d’un navire, c’est vraiment mon objectif ultime», lance-t-il.
Retour à la compétition?
À l’écart de la compétition depuis 2016, Fugère ne tire pas un trait définitif sur sa carrière de véliplanchiste. «Je n’ai pas refait de compétition depuis ma dernière coupe du monde en Espagne. L’idée de revenir compétitionner n’est pas totalement abandonnée. Le circuit de coupe du monde est encore actif et il y a toujours des compétitions. La planche a changé, c’est un nouvel équipement et il faudrait que je m’habitue, mais j’ai encore le goût. Je n’exclus rien. Je vais voir ce qui s’offre à moi au cours des prochains mois», laisse tomber Jean-Sébastien Fugère.