Il était une fois Géraldine, Giroflée et Norbert…

CHIENS. Dans un champ sur le rang des Gravel à Louiseville, une meute de chiens s’amuse à l’extérieur.  Ces magnifiques terriers font partie de l’un des cinq élevages d’airedales au Québec reconnus par le Club Canin Canadien (CCC), association veillant à la sauvegarde et la promotion des races canines au pays.

Céline Brault et son conjoint Noël Gravel ont démarré leur élevage il y a un peu plus de dix ans sur un coup de cœur à la vue d’un airedale-terrier. Les premiers pensionnaires de leur chenil furent deux sœurs, Géraldine et Giroflée, ramenées d’un voyage en France à l’automne 2011. Quelques mois plus tard, c’est Norbert, né en Allemagne, qui vient tenir compagnie aux femelles.

Airedale Terrier la Margeline est aujourd’hui l’un des élevages les plus réputés au Québec. La passion et la rigueur mises dans leur travail par ses propriétaires expliquent sans doute cette notoriété. «Ce n’est rien de payant. C’est même de grosses dépenses, mais nous, c’est notre fierté, notre passe-temps», raconte Céline Brault en entrevue avec L’Écho.

En fait, le couple mise plutôt sur le bien-être de leurs bêtes et le souci de leur trouver de bonnes familles plutôt que sur la reproduction en tant que telle, même si celle-ci est plus lucrative. Il faut savoir en partant  que l’élevage est composé de sept chiens… dont deux retraités: Giroflée (11 ans) et Norbert (10 ans) – Géraldine étant décédée en 2020. «D’autres éleveurs vont placer leurs chiens qui ne sont plus en mesure de se reproduire, mais nous, on fait le choix de les garder jusqu’à la fin même ça coûte de l’argent de les nourrir et de les soigner.»

Norbert à la retraite, c’est maintenant Balzac qui assure le rôle de mâle reproducteur. Et là aussi, le couple Brault-Gravel n’a pas lésiné sur les moyens. «Avant la pandémie, nous allions chaque année à Montgomery, en Pennsylvanie, au plus grand rassemblement d’éleveurs d’airedales au monde. Là-bas, on est entré en contact avec le propriétaire de Pele, un champion américain qui a remporté quelques-uns des titres les plus prestigieux du pays. Quelques mois plus tard, on recevait sa semence par Fedex et c’est Alice qui a mis au monde Balzac en 2019.»

Céline Brault a fondé Airedale Terrier la Margeline avec son mari Noël Gravel il y a une dizaine d’années.

Une belle carrière pour Balzac

Le jeune airedale est déjà sollicité depuis  par de nombreux éleveurs au Québec et en Ontario. «À trois ans seulement, Balzac a une belle carrière devant lui», lance Céline Brault, le sourire dans la voix.

Airedale Terrier la Margeline a établi des règles très strictes pour gérer les accouplements. Les reproductions ne débutent qu’à un an chez le mâle et à deux ans pour la femelle. Et les chiennes n’ont qu’une portée par année et mises à la retraite à six ans, après leur 4e portée. «Les airedales femelles sont des chiennes qui se reproduisent très facilement. Ça fait des mères très maternelles qui peuvent avoir des portées de 8 à 10 chiots parfois.»

Avant d’entrer dans le cycle de reproduction, les chiens et chiennes de Céline Brault doivent passer une série d’examens chez le cardiologue vétérinaire et l’ophtalmologiste vétérinaire.  Pour détecter un éventuel problème de hanches, leur radiographie est envoyée aux États-Unis pour être analysée par des radiologistes. Les chiens sont aussi inscrits à des concours de conformité, question de remporter des prix et augmenter la valeur de la bête auprès des autres éleveurs.

Avec la pandémie, l’engouement pour les animaux de compagnie a explosé, mais Céline Brault s’en est tenue à ses prix originaux. «Un chiot vaut autour de 2700$ chez nous, mais je pourrais obtenir facilement entre 3500$ et 4000$. Le marché est tellement fort qu’il  y a des éleveurs improvisés sur Kijiji qui vendent leurs chiots le même prix que les miens», dénonce-t-elle.

Au lieu de profiter du contexte pour faire monter les enchères, Airedale Terrier la Margeline préfère toujours trouver des nouveaux foyers pour les chiots avec ses formulaires d’adoption plutôt que d’y aller avec des listes d’attente comme le font d’autres éleveurs certifiés. «Notre priorité, c’est de trouver de bonnes familles, car un airedale, c’est un terrier et un terrier par définition, c’est une tête de caboche, pas toujours facile à dresser.»

Hypoallergènes, les airedales sont appréciés notamment parce qu’ils ne perdent pas leurs poils.

Un airedale-terrier, c’est quoi?

Conçu en Angleterre vers 1850, l’airedale tire d’ailleurs son nom de l’endroit où il a été développé, la vallée de l’Aire dans la région du Yorkshire. Joueur, affectueux et fidèle, il voue une adoration inégalée à ses maîtres et est doux avec les enfants. Il a été dressé à l’origine pour chasser la loutre et les rongeurs. Aujourd’hui, à la vue d’un écureuil ou d’un lièvre, l’airedale se mettra immédiatement en mode chasseur. «C’est un chien téméraire qui n’a peur de rien. Son côté chasseur est tellement fort que c’est un fuyard qu’on doit toujours  garder à l’œil. En résumé, je dirais que c’est une bête noble, mais un peu maladroite dans ses mouvements. C’est un clown qui sait se faire apprécier», conclut Céline Brault.