Des pertes énormes

La microrafale qui a déferlé sur Louiseville le 8 juin dernier a causé des maux de tête énormes à plusieurs résidences et entreprises situées malencontreusement dans son sillon. La ferme maraîchère Fernand Frigon a été sévèrement touchée. Le propriétaire, Louis Frigon, estime qu’environ 75% des épis de maïs qui jonchaient ses champs sont perdus.

Quand le vent s’est levé avec vigueur, atteignant plus de 90 kilomètres à l’heure et que des grêlons, d’une circonférence de trois centimètres, se sont mis à frapper le sol, Pier-Olivier Frigon a pris son père dans ses bras. «Ça va bien aller, tout va être correct», lui a-t-il soufflé à l’oreille en maintenant une poigne ferme.

Un peu moins d’un an plus tôt, dans un moment crucial pour les récoltes, le 25 juillet, Louis Frigon s’est affaissé, victime d’un infarctus. C’est à distance qu’il a pu encourager sa famille et ses employés pendant les mois d’août et de septembre. Il lui est fortement déconseillé depuis ce jour d’aller au-devant des émotions fortes.

«Quand j’ai vu le blanc (la grêle) au bout de ma terre, ça m’a fait mal», avoue M. Frigon.

C’est donc un de ses amis, Marcel, qui est allé constater les dégâts.

«Veux-tu connaître la vérité tout de suite ou aimes-tu mieux attendre?» a-t-il demandé à Louis Frigon. Ce dernier savait que les nouvelles n’étaient pas bonnes.

Sur les 50 hectares de la ferme, plus particulièrement 15 ont été touchés.

Heureusement, les fraises, les patates et la majorité des fruits et légumes ont été épargnés par la microrafale. Par contre, les profits reliés au maïs comptent pour 30 à 40% dans les entrées de l’entreprise.

Au niveau des assurances, le seuil d’abandon a été fixé à 75% de perte. Autrement dit, si 74% du maïs est irrécupérable, la ferme Frigon ne touchera pas d’argent provenant de l’assurance.

Au moment où la microrafale a touché la ferme louisevilloise, trois semences avaient été faites. Les employés devraient semer encore trois autres fois au cours des prochaines semaines. Une tactique qui permet d’allonger la saison du blé d’Inde. Il n’en demeure pas moins que les semences hâtives sont les plus rentables pour les maraîchers.

«Dans le moment, mes fraises vont bien, les fèves et les patates aussi, on va essayer de compenser avec ça. Nous avons aussi commencé nos tomates de jardin. Sans exagérer, j’ai une des meilleures tomates de jardin qui se fait au Québec», affirmait M. Frigon.

Ce dernier a une autre bonne raison de se réjouir, puisque son fils semble prêt à prendre la relève, ce qui constituerait la cinquième génération de Frigon à travailler sur la ferme.

«Si mon garçon veut continuer, je vais l’aider! Je vais être derrière lui», assurait le paternel.

«Pier-Olivier a suivi son cours en agriculture, il travaille beaucoup écologiquement», confiait M. Frigon avec fierté.

Ailleurs

Les champs des Jardins Ricard, situés également à Louiseville ont aussi été touchés. Les propriétaires ont toutefois été avares de commentaires lorsqu’interrogés par L’Écho. Selon ce qu’il nous a été permis d’apprendre, quelques bouts de champ sont irrécupérables, là-bas aussi.

Par ailleurs, des concessionnaires automobiles ont subi des contrecoups de la microrafale. Dans certains cas, les voitures ont été fortement frappées par la grêle.

Sur les terrains privés, plusieurs aménagements paysagers ont complètement été ravagés par les caprices de la nature. Une panne électrique a perduré pendant plus de 24 heures pour une dizaine d‘abonnés d’Hydro-Québec.

«Ce n’est que du matériel, on est tous sains et saufs», résumait sagement Laurence Béranger qui tentait tant bien que mal d’effacer les traces des dégâts en travaillant sur son terrain.