Des frais accessoires déguisés?

SANTÉ. Un homme de Saint-Élie-de-Caxton se demande bien si le gouvernement et les pharmacies n’auraient pas trouvé une nouvelle façon de présenter les frais accessoires et la taxe santé.

Depuis près de 10 ans, le Caxtonien, qui désire conserver l’anonymat, doit subir des prélèvements sanguins au CLSC de Saint-Paulin. Ces prélèvements sont par la suite acheminés au Centre de Santé et des services sociaux de Louiseville (hôpital) pour analyse. Les spécialistes du laboratoire communiquaient par la suite directement à l’homme, sans frais, les résultats des analyses.

Toutefois, les choses ont changé. C’est maintenant une pharmacie de la région qui possède le dossier du patient et qui lui communique les résultats. On lui facture désormais mensuellement des frais d’environ 20$, résultats à communiquer ou pas.

«Je paie déjà 2400$ par année pour mon assurance personnelle de santé. L’assurance paie environ 12$ du total des frais par mois et moi le reste de la facture que la pharmacie ait des résultats à me communiquer ou non. Les analyses se font toujours à l’hôpital. On a juste changé le moyen de me rejoindre. C’est aberrant! J’ai maintenant des frais à payer juste pour qu’on communique avec moi alors que lorsque c’était l’hôpital je n’en avais pas», déplore notre source.

«C’est fâchant comme situation. D’un côté on nous dit qu’il n’y aura plus de frais et là on continue de collecter de l’argent d’une autre façon. Je n’utilise aucun service à la pharmacie, ni l’expertise des pharmaciens. On fait juste me communiquer les résultats et ma dose de coumadin est toujours la même!»

Une situation «normale» se défend le CIUSSSMCQ

Interpellé sur cette situation, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) tente de se faire rassurant auprès de la population.

Depuis quelques années, le gouvernement a décidé d’instaurer un projet de transfert des suivis sur l’anticoagulothérapie à la warfarine (coumadin). Ce projet est en cours partout au Québec. C’est-à-dire que le CIUSSS MCQ transfère les dossiers pour les suivis vers les pharmacies. «Ces suivis qui se faisaient dans nos installations seront progressivement transférés vers les pharmacies. On informe bien le patient lorsqu’on fait le transfert. Ce virage arrive également à la suite de l’adoption et de l’entrée en vigueur, en juin 2015, de la loi 41 qui permet aux pharmaciens d’exercer de nouveaux actes», commente Mathieu Hélie, coordonnateur des opérations au département de pharmacie du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Au sujet des frais facturés, le CIUSSS MCQ confirme que ces changements amènent des frais pour les patients. Toutefois, on précise que la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ) s’est chargée d’encadrer la rémunération pour ces services pharmacologiques. Par exemple, pour l’ouverture et la prise en charge du dossier en pharmacie, le pharmacien peut facturer au patient un montant de 18,50$. Puis, des frais mensuels s’ajoutent pour le suivi et les ajustements des médicaments selon le dossier du patient. Heureusement, les personnes qui possèdent une assurance se voient déduire 80% de ce montant.

«Ce projet-là s’inscrit vraiment en lien avec la qualité et la sécurité. Ce sont de très bonnes pratiques et ça améliore la qualité des services. L’idée c’est de faire travailler le bon professionnel au bon endroit», précise M. Hélie.

«Avec les nouveaux actes, c’est logique que ce soit les pharmacies qui fassent ces suivis, car ils ont un lien plus direct avec le patient. Ils sont régulièrement en contact avec leur clientèle. Ils peuvent aussi intercepter des informations que nous n’avons pas pour l’interaction entre les différents médicaments dans le dossier du patient. Les gens pensent que c’est toujours la même dose, sauf que c’est important d’avoir un suivi serré, car il y a plusieurs facteurs influents. Les antibiotiques et d’autres médicaments peuvent venir modifier la dose selon le résultat des prélèvements.»