Des citoyens se mobilisent contre la vitesse à Sainte-Ursule

SÉCURITÉ. Des citoyens de Sainte-Ursule qui demeurent à proximité du chemin de la Grande-Carrière (route 348) ont pris les grands moyens pour se faire entendre, de même que pour sensibiliser les automobilistes ainsi que les camionneurs au respect de la limite de vitesse dans leur secteur.

Les résidents ont décidé de rappeler eux-mêmes aux usagers de la route provinciale la limite de vitesse de 70 km/h en installant plus d’une quinzaine d’affiches fabriquées à la main de chaque côté des voies de circulation. «Les gens du secteur sont excédés par les véhicules qui circulent à vive allure sans respecter la limite de vitesse. Et, ce n’est pas une mauvaise lecture de la vitesse qu’on fait!», jure Johane Garneau, instigatrice de cette mobilisation.

Établis à Sainte-Ursule depuis deux ans, elle et son conjoint Pierre Decoste ont eu l’idée de confectionner leur propre affiche l’été dernier, mais ils ont préféré attendre avant de l’installer. Comme la problématique était de retour cette année, ils ont finalement passé à l’action. «On se disait que les gens auraient probablement pensé qu’on exagérait. Par contre, depuis le début de l’été, on a remarqué qu’il y avait un plus grand achalandage sur la route et qu’il y avait plus de camions. La problématique est toujours bien présente. Ça circule trop rapidement et c’est très dangereux», relate-t-elle.

Préoccupation partagée

Aussitôt que cette première affiche a été placée en bordure de route, il y a quelques semaines, plusieurs autres résidents du secteur ont emboité le pas. Le Garage Cloutier a lui aussi trouvé une façon originale de faire passer le message en décorant une voiture pour rappeler la limite de vitesse. «En revenant du village, mon mari m’a dit qu’il y avait d’autres citoyens qui avaient fait comme nous. J’étais surprise! J’ai décidé d’aller rencontrer ces gens-là. Tout le monde est unanime. Les résidents du secteur en ont assez de la vitesse. Ça va trop vite! On est ensemble pour demander le respect de la limite de vitesse qui est imposée. Il ne faut pas attendre que l’irréparable se produise», affirme Mme Garneau.

«Il ne faut pas attendre que l’irréparable se produise»

– Johane Garneau

«Nos affiches ne sont pas là pour provoquer. C’est une question de sécurité simplement. On met beaucoup l’accent là-dessus», précise-t-elle.

L’instigatrice de cette mobilisation ajoute que les résidents ressentent même une forte pression lorsqu’ils souhaitent entrer dans leur propre cour. «Aussitôt que tu veux tourner, ça devient dangereux, car les véhicules derrière roulent vite et ne ralentissent pas. Les conducteurs sont impatients et ne donnent aucune chance à personne. D’un autre côté, les résidents sont stressés et craintifs de provoquer un ralentissement pour rejoindre leur domicile.»

«En plus de la vitesse, les gens dépassent où il y a des lignes doubles. C’est aussi incroyable le nombre de fois où les camions arrivent à pleine vitesse et qu’ils empruntent les courbes en plein milieu des deux voies. Les automobiles doivent se ranger dans l’accotement pour ne pas être impliquées dans une collision», révèle-t-elle.

En raison du caractère accidentogène de cette zone et suite à une demande formulée par la municipalité, le ministère des Transports du Québec avait réduit, il y a quelques années, la limite vitesse dans le secteur, soit de 90 km/h à 70 km/h. «C’est une route importante, mais ça n’empêche pas de circuler de manière sécuritaire. On veut éviter que des accidents surviennent. Les conducteurs ne changent pas leur vitesse de croisière au début de la zone. Ça fait peur», insiste la citoyenne qui souhaiterait une présence policière plus importante dans le secteur.

Johane Garneau, citoyenne de Sainte-Ursule et instigatrice de la mobilisation citoyenne contre la vitesse sur la route 348. Photo Pier-Olivier Gagnon

Déjà une différence

L’initiative des citoyens donnent déjà des résultats encourageants. «Il y a des gens qui ont compris le message. Nos affiches font ralentir les véhicules. On estime que la moitié des personnes qui passent devant chez nous ont réduit leur vitesse. On voit que cette mobilisation a un impact. On applaudit ça», répond Mme Garneau.

Dernièrement, les résidents du chemin de la Grande-Carrière ont demandé au conseil municipal de Sainte-Ursule de faire l’installation d’indicateurs de vitesse lumineux aux entrées de la zone de 70 km/h. Cependant, comme la route 348 relève du ministère des Transports, la demande lui sera transférée. «On pense que ça aussi ça peut avoir un impact, car on dirait que les gens qui circulent régulièrement sur la route, dans cette zone-là, ne voient plus la limite de vitesse. Ce serait donc bien de leur rappeler la vitesse à laquelle ils circulent. On juge que les automobilistes sont capables de se responsabiliser par eux-mêmes», croit l’Ursuloise.

Par ailleurs, des résidents de Saint-Édouard-de-Maskinongé ont également décidé de reprendre cette initiative citoyenne d’affichage sur la rue Notre-Dame où la limite de 50 km/h ne semble pas non plus être respectée. Cette façon de faire a toutefois déplu à certaines personnes puisque des affiches ont été vandalisées à cet endroit.

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