Crise d’octobre : la Chambre des Communes rejette la motion du Bloc sur les excuses officielles

La motion qui réclame des excuses au premier ministre pour la promulgation en 1970 de la Loi sur les mesures de guerre et le recours à l’armée contre la population civile du Québec a été rejetée à 263 voix contre 56.

Le parti des verts et la majorité des néo-démocrates ont voté en faveur de la motion qui avait divisé les députés jeudi en plénière. Le parti avait utilisé sa journée d’opposition aux Communes pour relancer les débats. Plusieurs élus estiment que la loi fut promulguée à la demande du Québec, lui aussi responsable d’opérations policières.

Le chef du Bloc québécois, Yves-françois Banchet, souhaite que « la Chambre réclame des excuses officielles du premier ministre au nom du gouvernement du Canada pour la promulgation, le 16 octobre 1970, de la Loi sur les mesures de guerre et le recours à l’armée contre la population civile du Québec afin d’arrêter de façon arbitraire, d’incarcérer sans accusation et d’intimider » près de 500 citoyens québécois.

Au cours des débats, le Bloc a appelé ce gouvernement « qui se proclame contre la violence et l’extrémisme à travers le monde  à faire montre de compassion » à l’égard des victimes et de leurs familles.

« C’était inadmissible il y a 50 ans et ça l’est toujours aujourd’hui », a plaidé M. Blanchet devant des élus non acquis à cette cause pour la plupart.

Les bloquistes mis en minorité

Des libéraux et des conservateurs leur ont objecté le souvenir de l’enlèvement par le Front de libération du Québec de l’ancien vice-premier ministre du Québec, Pierre Laporte. Avec d’autres victimes, il mourut dans des conditions troubles aux mains du Front. Il a également été rappelé au chef du Bloc québécois que la loi sur les mesures de guerre fut promulguée à la demande du Québec de Robert Bourassa, premier ministre à cette époque.

« C’est le Québec qui a reconnu sa responsabilité en donnant une compensation aux victimes … C’est la sûreté du Québec qui a mené les opérations policières », a soutenu le député Gérard Deltell du Parti conservateur, radicalement opposé à la motion.

Pour les libéraux, le Bloc a présenté « une vision tronquée de l’histoire » dans un contexte où les responsabilités étaient partagées par tous les paliers de gouvernement.

Malgré les rapports relativement froids entre les bloquistes et les néo-démocrates, le NPD a apporté son appui à la motion de Yves-François Blanchet. Il a fait valoir au débat la possibilité que le gouvernement de Pierre Eliott Trudeau avait à cette époque, de rejeter la demande du Québec au nom des libertés fondamentales.

Le premier ministre n’était pas au vote. Justin Trudeau avait déjà indiqué la semaine dernière que le Bloc québécois ne parlait pas pour tous les Québécois. Il avait auparavant expliqué qu’il préférait se concentrer sur la pandémie de Covid-19 et l’avenir, plutôt que de s’intéresser «  aux débats politiques sur ce qui s’est passé, il y a 50 ans. »