«Chez nous, on perd plus de 3 000 $ par mois»

AGRICULTURE. Une cinquantaine de producteurs laitiers de la Mauricie et de Lanaudière sont allés à la rencontre de la députée néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau, mercredi, afin de lui témoigner leur reconnaissance dans sa lutte contre l’importation de protéines laitières.

Depuis quelques années, des protéines laitières sont importées au pays. Elles sont utilisées pour la fabrication de fromages, ce qui nuit aux producteurs de lait locaux. «Il y a des concentrés de protéines laitières qui entrent au Canada et qui tassent le lait canadien, indique Gilbert Perreault, représentant des producteurs de lait de Lanaudière. C’est un contournement de la réglementation. On ne demande pas au gouvernement de faire des miracles, on lui demande juste d’appliquer la réglementation qui est en place.»

«C’est un manque de volonté politique de la part du gouvernement fédéral, dénonce la députée de Berthier-Maskinongé. Pendant la campagne électorale, le gouvernement disait qu’il allait régler la situation dans les 100 premiers jours de son mandat. On est arrivé au 190e jour et rien n’a été fait. Nous, on sait ce qu’il faut faire. Il faut se tenir debout pour les producteurs de chez nous.»

Cette dernière ajoute que les pertes financières engendrées par l’importation de protéines laitières sont d’environ 30 000 $ par année pour plusieurs producteurs. «On est capable de faire d’excellents produits canadiens avec le lait canadien et on n’a pas besoin de ces concentrés-là», croit M. Perreault.

Situation critique

Selon le représentant des producteurs de lait de Lanaudière, les volumes d’importation augmentent de façon importante depuis trois ans. M. Perreault soutient même que la situation est critique pour les jeunes producteurs laitiers puisqu’ils n’ont pas la capacité de s’endetter davantage. «Cette crise-là va marquer les jeunes entrepreneurs à jamais parce que ça nuit au développement futur de leur entreprise», explique M. Perreault.

«Chez nous, on perd plus de 3 000 $ par mois, ce qui est plus que mon salaire, renchérit Jean-Félix Morin, jeune agriculteur. J’ai vu de mes amis perdre encore plus et être obligés de vendre leur ferme cet automne. Je trouve ça très difficile. Est-ce que je changerais de carrière? Il faudrait que je retourne à l’école. C’est choquant de voir que c’est seulement politique et que le gouvernement ne s’en mêle pas. Personne ne veut être millionnaire. On veut juste vivre.»

Avoir su il y a quelques années que l’industrie laitière devrait faire face à cette crise, Jean-Félix Morin aurait peut-être fait un autre choix de carrière.