Chemise Empire se relève les manches

AFFAIRES.  Confrontée à des problèmes de pénurie de main-d’œuvre et de logements, Chemise Empire a pris le taureau par les cornes au cours des derniers mois en participant à une mission de recrutement en Tunisie et en se portant acquéreurs de deux immeubles à Louiseville.

L’entreprise spécialisée en confection de chemises d’uniformes a ainsi embauché sept Tunisiens, six couturières et un couturier, et acquis un triplex et un immeuble à bureaux actuellement en voie d’être converti en un quatre logements.

« Nos recrues tunisiennes ont obtenu leur permis de travail au printemps et étaient prêtes à venir s’installer avec leurs familles, mais il n’y avait pas de logements disponibles à Louiseville, explique Solange Fournier, directrice des ressources humaines et responsable des opérations manufacturières. Le propriétaire de Chemise Empire (Jonathan Sibony) est un homme d’affaires de Montréal qui investit aussi dans l’immobilier. Dès qu’il a vu un triplex sur le marché, il l’a acheté. »

En ce qui concerne l’immeuble à bureaux situé en face de la manufacture, c’est son propriétaire qui a approché Jonathan Sibony qui n’a pas hésité longtemps avant de conclure la transaction. « C’est quand même des investissements importants, mais l’arrivée de ces travailleurs expérimentés nous permet d’augmenter notre volume, donc nos ventes. Ça fait plus de dépenses cette année, mais sur le long terme, ça sera rentable », prévoit Solange Fournier.

Quant à la proximité des deux immeubles avec l’usine, c’est un avantage important à considérer. « C’est vraiment idéal pour nous. On n’a pas à gérer les autos, les transports et des permis de conduire internationaux », poursuit la directrice des ressources humaines.

Les vieilles mains à la retraite

Le choix de la Tunisie comme bassin de main-d’œuvre n’est pas le fruit du hasard. Le pays de 12 millions d’habitants de l’Afrique du Nord a développé au fil de son histoire une riche tradition avec le textile et ses habitants parlent majoritairement le français.

« Il y a beaucoup de grandes usines de couture en Tunisie, des grosses marques font confectionner leurs vêtements là-bas. Mais dans les dernières années, le marché a baissé considérablement et des travailleurs sont prêts à s’expatrier. Je pense que la Tunisie et le Québec, c’est un bon match », affirme Solange Fournier.

Lorsqu’ils auront terminé leur première année chez Chemise Empire, les Tunisiens pourront faire leur demande de résidence permanente. « Nous, on va bien sûr les appuyer pour qu’ils puissent rester ici à long terme », indique la responsable des opérations manufacturières.

Dans le meilleur des mondes, cette première cohorte de Tunisiens s’intégrera à la communauté louisevilloise et voudra éventuellement déménager dans des logements bien à eux. « Nos immeubles, on voit ça comme un tremplin pour nos futurs travailleurs étrangers. Le temps qu’ils viennent s’installer, voir s’ils aiment ça et trouver une bonne place quand leur famille viendra les rejoindre. On pense donc qu’avec ces appartements, on en aura assez, car il y aura une rotation. »

Car pour Chemise Empire, le recrutement à l’international est la planche de salut pour assurer la pérennité de l’entreprise. « Nous avons une population vieillissante au Québec. Il y a plus de départs à la retraite que de nouvelles entrées dans l’usine. Et nos femmes qui partent ici à Louiseville, ce sont nos couturières, nos vieilles mains comme on les appelle affectueusement. C’est simple, il n’y en a plus de couturières au Québec », termine Solange Fournier tout de même confiante de contrer la tendance avec la main-d’œuvre tunisienne dans l’avenir.