«C’était tout un choc pour l’équipe libérale» – Yvon Picotte

Le 15 novembre 1976, les électeurs du Québec ont décidé d’élire le premier gouvernement du Parti québécois dirigé par René Lévesque.

Les libéraux de Robert Bourassa gouvernaient depuis 1970. Bourassa a déclenché les élections le 18 octobre 1976, soit à peine trois ans après sa réélection. Le 15 novembre 1976 a marqué l’histoire de la politique québécoise puisqu’il s’agissait de la première fois qu’un parti prônant la souveraineté du Québec était élu au gouvernement. En Mauricie, un seul représentant de la bannière libérale a été élu, c’était Yvon Picotte dans le comté de Maskinongé.

«C’était une débandade lors de la soirée des élections. Il faut se souvenir qu’entre 1973 et 1976, il y avait eu beaucoup de critiques. Bourassa était fort et il demandait à la population d’avoir un gouvernement encore plus fort. Il avait précipité les élections et ça avait créé une certaine grogne au sein de la population. Les gens ont été méfiants et ils ne l’ont pas compris. René Lévesque a déjoué toutes les prédictions. On est arrivé dans une nouvelle ère avec l’élection de ce gouvernement», se souvient l’ex-ministre et ex-député Yvon Picotte.

Sur une possibilité de 110 députés, les libéraux avaient été secoués d’apprendre qu’ils avaient uniquement 26 représentants à l’Assemblée nationale. Au total, 85,3 % des électeurs avaient exercé leur droit de vote, c’est la plus importante participation de l’histoire électorale québécoise.

«Sur la Rive-Nord, de Charlevoix à l’Outaouais en passant par Montréal, il ne restait que trois députés libéraux. Il y avait Raymond Mailloux, Michel Pagé et moi. Ça m’a donné un choc. C’est là que j’ai appris que même si tu travailles très fort, ça ne veut pas dire que les résultats seront là au point de vue électoral. C’est de là qu’on a commencé à dire que les gens vont voter non pas sur une question de reconnaissance, mais sur une question de programme et de promesses. Ça me fait rire maintenant quand les gens disent que les gouvernements font des promesses, mais qu’ils ne les tiennent pas! Si les politiciens ne font pas aucune promesse, ils ne passent pas!»

Défenseur des régions
Yvon Picotte a été élu pour la première fois en 1973. Alors qu’il a été élu une seconde fois en 1976, l’ex-député de Maskinongé voyait là une opportunité en or de défendre sa région compte tenu de la faible députation libérale à Québec. «Ç’a quand même été une expérience heureuse pour moi personnellement. On était tellement peu nombreux qu’on s’est mis à être des défenseurs des régions. J’ai beaucoup appris lorsque j’étais dans l’opposition. J’avais beaucoup plus de liberté de fonctionner. C’était quand même une défaite très amère et je me souviens que M. Bourassa avait pris sur lui tout le blâme de cette cuisante défaite. On s’est quand même retroussé les manches par la suite», confie l’homme toujours aussi passionné et attentif à la politique.

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