«C’est le temps de monter aux barricades» – Serge Désy

C’est une lutte épique que livre depuis deux ans l’Association des compagnies de téléphone du Québec (ACTQ) au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). La raison de la confrontation est que le CRTC est à étudier la possibilité de permettre à Cogéco, Bell, Telus et Bell Alliant d’offrir leur service téléphonique dans des régions rurales où depuis cent ans, neuf petites compagnies oeuvrent à offrir ce service essentiel.

«Mais où est le problème, penseront certains d’entre vous? La compétition n’est-elle pas gage d’un meilleur service et une garantie de prix compétitifs?»

Normalement oui, dirions-nous, mais dans ce cas précis, on doit bien admettre que non. En fait, ce que le CRTC songe à permettre, c’est l’établissement de grosses compagnies dans les marchés ruraux qui ne seraient pas soumis aux mêmes règles que celles qui régissent les neuf petites compagnies dont Téléphone Milot et Sogetel font partie.

«On n’a rien contre la compétition, déclarait Serge Désy, président de l’ACTQ. Mais on veut que les règles soient les mêmes pour tous. Nous, on est dans l’obligation d’offrir le service à 100% de nos abonnés. Et ce que le CRTC permettrait aux majeurs de l’industrie, c’est de n’exploiter que le milieu urbain de ces municipalités que nous desservons. Cela nuirait considérablement à nos compagnies et je n’ose même penser au coût que devraient assumer pour leur service téléphonique ceux qui demeurent à l’extérieur de ce fameux périmètre urbain».

Insensible aux deux demandes d’arrêt des procédures déjà déposées au CRTC, l’ACTQ y est récemment allée d’une troisième tentative et selon ce qu’il nous a été possible d’apprendre du CRTC, une décision devrait bientôt être rendue.

Entre-temps, l’ACTQ fait le tour des régions où ses entreprises ont pignon sur rue et lancent un véritable cri d’alarme.

«On se bat équipé d’un tire-pois alors que nos adversaires ont des bazookas braqués sur nous», imageait M. Désy faisant référence au chiffre d’affaires de cinquante-quatre millions de dollars des neuf petites compagnies contre le milliard deux cents millions de revenus engrangés l’an dernier par Cogéco seulement.

Sensibilisation soutenue auprès du gouvernement Harper, présentation du dossier auprès d’Industrie Canada pour une future recommandation au cabinet des ministres, représentations auprès d’organismes publics et des médias et enfin, sensibilisation de la population faisant partie des 50 150 abonnés qui risquent d’être touchés par ces mesures, voilà autant d’actions entreprises par l’ACTQ pour faire entendre son point de vue.

«Si au bout de tous ces efforts de conscientisation, ils n’ont pas compris notre message, c’est qu’ils ne veulent rien entendre», insistait M. Désy, particulièrement heureux de voir une centaine de personnes présentes dans la salle et visiblement satisfait de l’implication spontanée des maires de huit des neuf municipalités de la MRC de Maskinongé touchées par la mesure qui se disaient prêts à faire tout ce qu’il leur sera possible de faire pour renseigner leurs citoyens sur les enjeux en cours.

Pierre Paradis, ministre de l’Industrie et du CRTC dont une des compagnies membres de l’ACTQ a pignon sur rue dans son comté ainsi que les trois députés conservateurs de la Beauce, où trois des compagnies de l’association oeuvrent, devraient aussi recevoir la visite des représentants de l’ACTQ qui se battent non seulement pour leur survie, mais aussi et surtout pour le droit inaliénable qu’a chaque citoyen de bénéficier d’un service essentiel aux meilleures conditions possibles et cela, peu importe que ce citoyen demeure au centre-ville de Montréal ou dans le fond d’un rang d’une quelconque municipalité.