Cédrika Provencher : Trois jours plus tard, un des chasseurs revient sur les événements

CÉDRIKA. Il n’avait pas traqué le lièvre depuis près de dix ans et pourtant, ce vendredi 11 décembre, Martin Lanthier a décidé à l’improviste de partir à la chasse en compagnie de son frère, Pascal, et de leur ami Sébastien Lupien. Rien ne le préparait à trouver le crâne d’un enfant, qui plus est, celui de Cédrika Provencher, disparue en 2007. Rencontré lundi matin, Martin Lanthier réalise tout juste l’ampleur de sa découverte.

Si la neige n’a pas encore recouvert le sol de la Mauricie d’un tapis blanc, c’était justement pour permettre à ce chasseur de soulager la famille Provencher d’un grand poids. Pour Martin Lanthier, il s’agit d’un coup du destin. La fillette serait encore seule dans ce boisé s’il n’avait pas décidé, sur un coup de tête, de prendre congé ce vendredi. Il n’aurait pas non plus appelé son frère dans l’intention d’aller à la chasse si la température n’avait pas été aussi propice et clémente.

«Rien ne te prépare à trouver des ossements humains. Jamais tu ne penses que cela va t’arriver un jour. Mon premier réflexe a été de penser à un coyote ou à un lièvre. J’ai vérifié deux fois plutôt qu’une, je suis même revenu sur mes pas pour m’assurer de ce à quoi j’avais à faire. Il semblerait que j’avais à trouver Cédrika», a-t-il confié, visiblement encore ébranlé par les récents évènements.

Depuis cette journée dramatique, les nuits sont courtes, a-t-il admis. Cette nuit-là, il n’a pas réussi à trouver le sommeil. Deux jours plus tard, les nuits sont encore courtes. Ses compagnons de chasse et lui ont dû prendre une journée de congé, lundi, pour se remettre de leurs émotions.

Avec du recul, les trois chasseurs prennent conscience qu’il s’agissait d’une personne, d’un enfant. «C’est un triste dénouement à seulement deux semaines de Noël. La famille pourra au moins commencer à faire son deuil», a souhaité M. Lanthier.

D’ailleurs, le père de Cédrika, Martin Provencher, a pris contact avec eux, a confirmé M. Lanthier. Il a demandé à rencontrer «les hommes qui ont permis à sa famille de franchir une autre étape dans cet horrible drame» une fois que la tempête se sera calmée.

Le chasseur a accepté avec plaisir, le cœur gros.

Une découverte qui relance l’enquête

Après une quarantaine de minutes de chasse, les trois hommes n’avaient toujours pas rencontré de lièvres sur leur chemin. «Nous avons décidé d’organiser une battue. Nous nous sommes séparés et je me suis rapproché de la route. Le lièvre est un animal qui a tendance à se tenir près des chemins. C’est à ce moment-là que j’ai trouvé les restes humains», s’est rappelé Martin Lanthier.

L’homme avait déjà chassé le gibier auparavant et il avait conservé les crânes de certaines de ses proies. Même s’il n’est pas un expert, Martin Lanthier est père de deux enfants âgés de sept et onze ans. Il pouvait donc savoir que les canines font leur apparition aux alentours de neuf ans.

«Quand j’ai regardé le petit crâne, la canine gauche n’était pas totalement sortie. J’ai rapidement réalisé qu’il s’agissait d’un enfant en bas âge», a-t-il indiqué. Sur le coup, il a effectivement pensé à Cédrika Provencher.

«Lorsque j’ai fait part de ma découverte aux autres chasseurs, on en était certain à 95 %. Il fallait cependant laisser les policiers faire leur travail. Des enfants disparus à Trois-Rivières, il n’y en a pas beaucoup et son histoire a été très médiatisée», a renchéri M. Lanthier.

Il est d’ailleurs convaincu que les preuves recueillies grâce aux ossements permettront aux enquêteurs de la Sécurité publique du Québec d’épingler le coupable. Ce dernier espère ainsi apporter quelques réponses et du soulagement à la famille de Cédrika Provencher qui la recherche depuis huit ans.