«Ça ne sert à rien de paniquer»

DROGUE.  Alors que plusieurs grandes villes du Québec s’apprêtent à affronter une possible crise reliée aux effets néfastes de la consommation de fentanyl, drogue qui serait à l’origine de plus d’une dizaine de décès depuis quelques semaines à Montréal, des intervenants du milieu communautaire de la MRC de Maskinongé rencontrés par TC Media affirment suivre d’un œil attentif le développement de cette puissante drogue sans toutefois s’en inquiéter outre mesure.

«Ça ne m’inquiète pas vraiment. Nous n’avons pas vraiment de consommateurs de cette drogue ici pour le moment. Ils sont généralement plus dans les grandes villes. Par contre, on peut s’attendre à ce que ça entre ici un moment donné. D’ici là, ça ne sert à rien de paniquer», lance d’abord Jenny Lesieur-Houde, travailleuse de rue pour le Travail de rue communautaire (TrueC) de la MRC de Maskinongé.

Bien que la réalité de la MRC de Maskinongé soit différente des grandes villes, le risque zéro n’existe pas et le Travail de rue communautaire de la MRC de Maskinongé est bien conscient de cette situation.   

D’ailleurs, le coordonnateur de l’organisme croit que le milieu n’est pas favorable à la consommation de cette drogue.

«J’ai toujours cru et pensé que les lieux ici ne le permettent pas. C’est plus facile de se rendre vers Trois-Rivières et de consommer avec sa gang de chums qui eux ont un contact pour du fentanyl là-bas. Historiquement, les utilisateurs de drogue par injection sur le territoire ne sont pas légion. Il y a un niveau de risque élevé pour un vendeur de vendre des drogues fortes quand il sait que le consommateur peut décéder en avant de chez lui. Le vendeur n’est pas tellement intéressé à ça. (…) Puis, c’est trop facile se faire dénoncer», ajoute Michel Purcell.

Afin de faire face à la menace, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie et du Centre-du-Québec (MCQ) a proposé aux organismes communautaires, dont le TrueC, la possibilité d’avoir accès à des trousses de naloxone, un antidote contre les opioïdes pour les personnes à risque de surdose qui s’administre par voie nasale. «La réponse est que notre organisme n’est pas intéressé à en avoir et à les utiliser pour la simple raison que nous ne sommes pas des spécialistes et nous ne sommes pas habiletés à faire des diagnostics. On ne s’improvise pas médecin. Il y a tellement de risques. Nous allons laisser les ambulanciers et les professionnels de la santé faire leur travail», poursuit M. Purcell en admettant que cela est dans le mandat du CIUSSS MCQ de rendre disponibles ces trousses afin de répondre à la problématique.

Le Travail de rue communautaire de la MRC de Maskinongé croit qu’il n’est pas impossible que le fentanyl fasse son entrée dans la région et juge que chaque partenaire aura son rôle à jouer à ce moment-là. En ce qui le concerne, le TrueC rappelle que le rôle du travailleur de rue est d’écouter et de référer les gens vers les bonnes ressources.

Le saviez-vous?

Le fentanyl peut être consommé par injection, par voie orale ou en timbre transdermique. Cette puissante drogue peut également être mélangée à d’autres stupéfiants fabriqués en laboratoire.

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