Avant-gardiste, visionnaire ou patenteux?

INNOVATION. Avant-gardiste? Visionnaire? Patenteux? Au diable les qualificatifs! À travers ses inventions, Jérôme Bourassa ne cherche pas la gloire, mais seulement à simplifier sa vie et celle de ses collègues.

Son plus récent bébé? Une station sanitaire portable pour l’équipe de pompiers volontaires de Saint-Élie-de-Caxton, dont il fait partie depuis 9 ans.

Une idée qui a germé à la fin novembre, lorsque la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a rendu public son «Guide des bonnes pratiques» destiné aux services de sécurité incendie, resserrant du coup les règles en ce qui concerne les mesures d’entretien de l’équipement et les mesures d’hygiène.

C’est que depuis avril 2016, la CNESST reconnaît sept types de cancer à titre de maladie professionnelle chez les pompiers. C’est pour tenter de les prévenir qu’elle a conçu ce guide.

Il faut savoir que les pompiers sont exposés à diverses substances cancérogènes et nocives lorsqu’ils interviennent sur les lieux d’un sinistre ou d’un accident: gaz, produits chimiques et toxiques, particules, etc. Ces substances se retrouvent sur leurs habits de combat. Résultat: les pompiers peuvent facilement être contaminés, et ce, même lorsqu’une intervention est terminée.

Ainsi, si des mesures de  prévention adéquates ne sont pas prises, cette contamination peut mener à une intoxication immédiate, à une maladie irréversible et, dans certains cas, à la mort, peut-on lire dans ce «Guide des bonnes pratiques».

Pour se désinfecter, s’hydrater et manger

Avec sa station sanitaire portative, Jérôme Bourassa permet aux pompiers de St-Élie de se désinfecter les mains lorsqu’ils le jugent nécessaire; par exemple avant de manger. Une façon d’éviter qu’ils n’ingurgitent des produits dangereux souvent imperceptibles à l’œil nu.

Cette station est toute simple, mais ingénieuse. Il s’agit d’un poteau sur lequel sont vissés divers trucs utilitaires: une boîte à papier brun, un distributeur de désinfectant pour les mains, un casier contenant des barres tendres, un pot d’électrolytes en sachets et une poubelle. Le tout a été conçu avec des éléments récupérés ici et là.

L’attirail est peu encombrant et facilement manipulable. Il a également la taille parfaite pour être rangé dans un casier du camion de pompier en permanence.

 «Il fallait y penser», lance le directeur du Service incendie de Saint-Élie, Mario Samson, visiblement fier de la réalisation de son protégé.

«J’ai voulu y ajouter un panneau solaire pour qu’on puisse installer une cafetière, mais le patron n’a pas voulu», rigole Jérôme Bourassa, en faisant un clin d’œil complice à son directeur.

Les preuves sont faites!

Les pompiers volontaires de Saint-Élie ont eu l’occasion de mettre à l’épreuve la création de leur collègue lors de deux interventions de longue durée, au cours des dernières semaines. «Même si c’est encore embryonnaire, ça a fait leur bonheur», relève le directeur Samson.

La prochaine étape? «Peut-être bricoler deux chaudières pour faciliter le changement de cagoules; une autre pratique désormais surveillée de près par le CNESST», réfléchit Jérôme Bourassa.