Une alternative à la hausse des prix des terres agricoles

AGRICULTURE.  Les prix stratosphériques des terres agricoles devenant un frein à l’établissement d’une relève, de plus en plus d’aspirants-agriculteurs se tournent vers le service Arterre pour démarrer leur projet agricole. 

Coordonné par le CRAAQ  (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec), ce service de maillage est présent dans quinze régions du Québec, dont la Mauricie. Essentiellement, l’agent de maillage accompagne et jumèle des aspirants-agriculteurs avec des propriétaires de terres arables. Ceux-ci peuvent être soit des agriculteurs près de la retraite et qui n’ont pas de relève identifiée ou des propriétaires fonciers désireux de valoriser leurs champs.

Depuis la mise en place du service en Mauricie il y a cinq ans, c’est une trentaine de jumelages qui ont été ainsi menés à terme signale Carol-Ann Côté, conseillère et agente de maillage pour Avenir entreprises agricoles Mauricie. « Ça peut être une location, une acquisition ou parfois une location avec option d’achat », précise-t-elle.

Autant les aspirants-agriculteurs que les propriétaires de terres agricoles sont invités dans un premier temps à s’inscrire sur le site arterre.ca . « Une partie de notre travail est de s’assurer que le projet de l’aspirant-agriculteur est viable, que son plan d’affaires tienne la route. Il y a des dossiers à cette étape qui se termine avant même qu’on regarde dans notre banque de propriétaires inscrits », souligne Carol-Ann Côté.

Un match parfait

Entrepreneur en construction de routes, rien ne prédestinait Jacques Desbiens à s’inscrire sur Arterre.ca . Propriétaire de terrains totalisant plus de 1,1 million de pieds carrés à la sortie 187 de l’autoroute 40, dans le secteur Pointe-du-Lac,  il avait conclu il y a quelques années une  transaction avec Shell qui envisageait d’y construire une halte routière. « La Ville de Trois-Rivières a bloqué le projet et a modifié le zonage pour que seulement des projets agricoles puissent s’y développer », explique l’entrepreneur à la retraite.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Jacques Desbiens endosse lui-même dans un premier temps l’habit du gentleman-farmer en plantant sur 90 000 pieds carrés des plants de houblon. L’expérience tourne court parce que les prix ne sont pas au rendez-vous. « J’ai travaillé par la suite avec un horticulteur de la Rive-Sud, mais ça n’a pas abouti. C’est là que j’ai entendu parler d’Arterre et que je me suis inscrit. »

Avec la qualité de ses terres, un aspirant-agriculteur avec un projet solide est rapidement jumelé avec le propriétaire foncier. Producteur d’ail, Samuel Rompré a signé l’automne dernier un contrat notarié de location de 10 ans pour cultiver sur une parcelle de 90 000 pieds carrés. « C’est un jeune responsable et sérieux. Je suis bien content de ce que je vois », souligne Jacques Desbiens qui dit avoir établi un prix seulement pour entrer dans ses frais.

« Je ne fais pas ça pour faire de l’argent, précise-t-il. Si on ne s’occupe pas des terrains, ils vont tomber en friche. Je préfère le louer sans que ça rapporte. Ça vient aider un jeune, ça améliore le terrain et il va prendre de la valeur avec le temps. »

Jacques Desbiens se dit ouvert à d’autres propositions du genre. « La section où j’ai fait mon projet de houblonnière offre un beau potentiel. J’aurais peut-être aussi quatre ou cinq zones de 40 000 pieds carrés chacune de disponibles. Tout ce que je demande, c’est des personnes responsables, prêtes à mettre du jus de bras et à travailler et. Si c’est sérieux comme projet, il y a moyen de faire des noces », sourit-il en terminant.