Du CPE à l’école: l’histoire de Justin

ÉDUCATION. Justin Bergeron a six ans et demi. Au moment où la majorité des amis de son âge entreront en première année, il fera son entrée à la maternelle. Il est l’un des rares enfants au Québec à avoir gradué de la garderie à six ans. À lire aussi: Une normalité différente des autres C’est que Justin est atteint du syndrome de Rubinstein Taybi. Son ADN est un peu différent. Il présente un manque au niveau du chromosome 16. Cela occasionne chez lui des retards dans toutes les sphères de son développement: motricité fine et globale, langage, etc. Ce n’est pas un syndrome génétique: c’est la loterie de la vie qui a pigé son numéro. Pour développer les habiletés que les autres enfants acquièrent presque d’instinct – lever la tête, s’asseoir, marcher debout ou à quatre pattes, sauter, courir, parler ou même tenir quelque chose dans ses mains –, Justin a dû travailler fort. Et il devra continuer à le faire probablement toute sa vie, indique sa mère, Mélanie Diamond. Son petit homme a besoin d’être stimulé au quotidien. Heureusement, il a toute une équipe autour de lui qui l’aide à cheminer depuis sa naissance. Entouré de ces professionnels et de sa famille, il arrive à bien tirer son épingle du jeu. «Il a fait de beaux progrès et il continue d’en faire. Il veut apprendre, alors c’est facile de lui montrer des choses», souligne sa maman. «Il a une belle joie de vivre, ajoute Nancy Héroux, éducatrice spécialisée aux Services de garde Gribouillis de Louiseville. Quand il est arrivé ici, on ignorait s’il allait parler, s’il allait marcher. Aujourd’hui, il se débrouille très bien.» Son année de plus chez Gribouillis était nécessaire, indique sa mère, qui a demandé une dérogation pour ce faire. Elle souhaitait que Justin améliore son langage et apprivoise davantage l’iPad qui l’aide à communiquer. Cela dans le but d’assurer une transition peut-être plus facile entre le CPE et l’école. «Justin avait encore des lacunes au niveau de la communication. Or, je voulais vraiment qu’en entrant à l’école, il puisse exprimer correctement ses besoins et ses émotions, puisque c’est une grosse étape qui demande beaucoup d’adaptation.» Mélanie Diamond avoue appréhender un peu la rentrée. Pas parce qu’elle doute des compétences du personnel de l’école Marie-Leneuf, où ira Justin, mais bien parce qu’elle perdra tous ses repères. «C’est de l’inconnu, même si l’on a visité l’endroit. Je trouve ça difficile pour plusieurs raisons. D’abord, parce que mon enfant s’en ira à Trois-Rivières tous les jours en transport adapté et qu’il devra s’habituer à un nouvel environnement, alors qu’il était si bien au CPE», confie-t-elle. Malgré tout, elle sait au fond d’elle-même que tout se passera bien: «Justin a une belle capacité d’adaptation. Il s’attache rapidement et a beaucoup d’empathie. D’ailleurs, lorsqu’il a visité l’école, il allait au-devant des autres enfants. C’était super». Un Méritas pour Justin Justin Bergeron a reçu en mai dernier une distinction à l’occasion du Gala Méritas annuel du Club optimiste de Louiseville. Lors de ce gala, les éducatrices des Services de Garde Gribouillis sont invitées à sélectionner parmi les finissants de l’installation de Louiseville un enfant qui s’est démarqué. «Cette année, nous étions unanimes: c’était Justin. Il a tellement évolué et travaillé fort pour surmonter ses obstacles! Il a même réussi à se rendre plus loin que ce qui lui avait été prédit. Nous sommes vraiment fières de ses réalisations», a témoigné Nancy Héroux, éducatrice spécialisée. Pour la maman de Justin, Mélanie Diamond, cette reconnaissance était des plus inattendues. «Ça m’a vraiment émue, au point où j’en ai pleuré. Je n’avais jamais pensé qu’un jour ça pourrait arriver, même s’il le mérite vraiment. C’est beau de voir que mon enfant n’est pas mis de côté parce qu’il est différent. Ça donne espoir.» À lire aussi: Une normalité différente des autres