Le tarif unique pour les services garde: Après un bon coup, le pot

LETTRE OUVERTE. Il faut reconnaitre les bons coups du gouvernement lorsqu’ils se produisent.  Je dois reconnaître le bon coup du gouvernement au sujet des tarifs de services de garde éducatif.

Mais… vous lirez à la fin de ce texte qu’il y a malheureusement un « mais ».

Au terme des États généraux sur l’éducation qui se sont échelonnés sur près de dix-huit mois entre 1995 et 1996, le Québec avait confirmé l’importance de l’éducation et convenu que l’éducation de la petite enfance  (les enfants de moins de 5 ans ) était une responsabilité sociale et que les parents devaient être soutenus par un réseau solide pour les appuyer.

 » Il faut tout un village pour élever un enfant » (proverbe Africain )

Le Québec a donc mis en place les CPE à partir des garderies à but non lucratif. Nous avons soutenu collectivement des services de garde gérés par des parents, souvent avec l’aide d’éducatrices. Le réseau de CPE du Québec a fait l’envie de plusieurs pays et provinces.

Pour valoriser les services de garde sans but lucratif, les tarifs ont été réduits à 5$ par jour.

Le principal handicap des CPE fut leur immense popularité. En effet, les places disponibles étaient largement inférieures à la demande des parents créant rapidement une importante pénurie de places.

En outre, le Québec était convaincu que les services éducatifs devaient être soustraits à la commercialisation de l’éducation. C’est pourquoi, en 1999, les garderies privées commerciales, qui voulaient offrir des services à 5$, devaient s’engager à devenir des CPE sans but lucratif dans les années suivantes.

Ces objectifs furent oubliés avec l’arrivée d’un gouvernement Libéral qui a tout fait pour favoriser les garderies commerciales. Le triste passage de M. Tony Tomassi au ministère de la Famille a bien démontré la vision des gouvernements libéraux en matière d’éducation à la petite enfance.

C’est donc le gouvernement Libéral de Philippe Couillard qui a mis fin indirectement aux tarifs réduits en CPE, en créant un crédit d’impôt inversé qui obligeait les parents à payer un supplément allant jusqu’à quelques milliers de dollars, lors du calcul d’impôt annuel.

Il faut donc saluer la décision du gouvernement de François Legault de mettre fin à cette taxe « parents ».

Mais déception! Avant même de compléter la rédaction de cette lettre de félicitations, nous apprenons que le gouvernement songe à étendre les tarifs réduits à toutes les garderies privées commerciales. Qu’on me comprenne bien, il existe de très bonnes garderies privées commerciales. Mais il faut se rendre à l’évidence : la qualité pédagogique est plus grande dans les CPE. Selon les statistiques 2018-2019 du ministère de la famille, 889 plaintes ont été retenues contre des garderies privées commerciales, alors que seulement 161 plaintes ont été retenues à l’égard des CPE. 899 plaintes contre 161, dans deux réseaux qui reçoivent sensiblement le même nombre d’enfants au Québec.  Parmi les plaintes retenues contre des garderies privées commerciales, 440 visaient la santé et la sécurité des enfants.

L’éducation de nos enfants ne doit pas être objet de commerce. Le gouvernement doit plutôt revenir aux sources des États généraux sur l’éducation et favoriser la création de CPE, comme le demande un groupe de parents motivés  de St-Elie-de-Caxton. Un CPE dirigé par des parents afin d’assurer, qu’à tout moment, la qualité des services éducatifs soit véritablement centre des préoccupations des gestionnaires.

Les CPE veulent développer de nouvelles places pour répondre aux besoins des parents. Ce sont les gouvernements successifs qui ne leur donnent pas l’autorisation ou leur mettent des bâtons dans les roues lorsqu’ils leur donnent finalement le droit d’ouvrir de nouvelles places.

Sur un sujet autre… mais connexe, vous me permettrez d’ajouter que si le gouvernement Legault veut agir pour le bien les familles et leurs enfants, ils doivent aussi prendre soin de leur futur en agissant rapidement pour ralentir les effets des changements climatiques.

Simon Piotte

Directeur de CPE