Pierre Mélançon appelle au calme et au respect

Pierre Mélançon est connu dans la région, surtout pour ses 30 années d’arbitrage au baseball. Cet automne, à 54 ans, il a pris la décision d’arbitrer au hockey pour donner de son temps aux jeunes et pour pallier au manque de personnel, sans savoir ce qu’il l’attendait vraiment…

La semaine dernière, le Shawiniganais a fait une sortie sur sa page Facebook. Il ne cherche ni les félicitations, ni la sympathie. Il veut simplement ouvrir les yeux aux gens.

« Je n’avais jamais arbitré au hockey et je me suis lancé parce qu’on a un manque d’arbitres en Mauricie, surtout depuis la pandémie. J’ai rencontré Dan Béland, par hasard à Sainte-Anne-de-la-Pérade, et il m’avait fait part du manque de personnel. Je suis père de deux hockeyeurs également alors j’étais tanné des parties annulées ou des parties déplacées », confie-t-il d’emblée.

« Il m’arrive souvent de faire neuf matchs par week-ends, dans six arénas différents. Souvent, je ne peux pas voir jouer mes fils, mais je permets à des jeunes de pouvoir faire leur sport. »

Or, Pierre Mélançon était bien loin de se douter de ce à quoi il allait assister dans les gradins.

« Un dimanche soir, j’arbitrais un match et j’ai vu un parent monter sur la baie vitrée, en train de crier envers mon fils de 13 ans, qui agissait comme juge de ligne. Il criait après lui, mais un juge de ligne n’a rien à voir avec les pénalités! J’ai pris un moment et je me suis mis à réfléchir. Je suis allé voir l’entraîneur du parent pour lui en faire part. Je me suis dit que maintenant, je me fais un devoir pour que ça cesse », témoigne-t-il.

« Un parent, on ne peut pas vraiment le contrôler comparativement à un coach à qui on peut donner une punition de banc ou l’expulser. Pour ce qui est des parents, ça doit cesser. Lorsque j’étais parent de joueur, je n’ai pas toujours été sage non plus. Aujourd’hui, je suis sur la glace et je paye le prix, mais je comprends mieux maintenant et il faut que ça arrête. »

En effet, M. Mélançon se fait un devoir de régler les situations sur lesquelles il a du contrôle, ne serait-ce qu’en rencontrant les entraîneurs de chaque clan avant la rencontre, et parfois même après la rencontre.

« Que les arbitres aient 13 ans ou 20 ans, le parent chiale. Ils n’ont aucune conscience qu’il y a une personne derrière l’emploi. Il est payé pour faire ça, vous répondent-ils. Sans arbitre, il ne peut pas y avoir de match. Les gens ne réalisent pas que l’arbitre est d’abord une personne », ajoute-t-il.

« J’ai fait neuf matchs dans six arénas. Pourquoi? Pour permettre aux jeunes de ces parents-là de pouvoir jouer. J’ai 55 ans et une carrière. Suis-je là pour l’argent? Non. Suis-je là pour gravir les échelons, à 55 ans? Non. Je vous le dis, il faut que les gens ouvrent les yeux et comprennent que chaque arbitre a son histoire. Cette saison, on ne tient même pas compte du classement en plus! »

Bien malin qui pourrait prédire pendant combien de temps le père de famille pourra consacrer son temps aux jeunes si les choses ne s’améliorent pas.

« Je peux le comprendre un peu plus aux Cataractes ou dans la Ligue nationale, parce qu’il y a des enjeux et des séries. Ce sont des hauts niveaux de hockey et les salaires sont plus élevés aussi. Mais de se faire sermonner dans un calibre de hockey mineur où il n’y a pas d’enjeu de classement? Il faut vraiment que les parents commencent à se poser la question », insiste-t-il.

« Dimanche, je vais arbitrer à 8h, à Saint-Boniface, pour que mon gars puisse jouer. Je vais aviser les entraîneurs avant le match que mon fils est là, mais je vais demeurer impartial. Ensuite, j’arbitre un match avec mon plus vieux et on poursuit notre journée à Québec où il s’en va jouer en après-midi. Je vous pose la question. Pensez-vous que ça me tente d’aller à Saint-Boniface, à 8h, dimanche? Pour probablement entendre chialer? Mais je le fais pour les jeunes joueurs. »

Le hockey est un sport de vitesse et des erreurs, il va toujours y en avoir. Le hockey est un sport d’action/réaction.

« Le parent doit arrêter de crier et comprendre que l’arbitre fait de son mieux. Tous les arbitres font de leur mieux, dans les circonstances, là où ils sont appelés à être. Ça se peut que ce soit son neuvième match du week-end, mais comprenez qu’il dédie son temps afin que vos jeunes puissent jouer », conclut-il.

Le problème de pénurie d’arbitres entraîne aussi le fait que de jeunes arbitres soient lancé dans des calibres de jeu qu’ils n’auraient pas eu à arbitrer avant trois ans, parfois. M. Mélançon, qui a soufflé ses 55e bougies le 24 février, avait abandonné sa carrière d’arbitre au baseball lorsqu’il a perdu la flamme, après 30 ans de loyaux services. Reste à voir s’il pourra retrouver cette flamme, cette fois, sur la patinoire.