«Au moins, ils nous ont fait rêver!»

Dans le monde du hockey, une présence en finale est souvent signe d’un bel été à venir pour une équipe compétitive. Après tout, figurer parmi les deux meilleures formations d’un circuit, ce n’est pas rien, surtout dans la Ligue de Hockey Senior A de la Mauricie (LHSAM), où le calibre augmente année après année.

Pourtant, le Bellemare a raté son coup, l’objectif était clair avant le début du camp d’entraînement. «On ne se contentera de rien d’autre que d’un championnat», fanfaronnait le copropriétaire Francis Laneuville, il y a un peu moins d’un an et Louiseville y croyait.

C’est peut-être la plus grande consolation que peut trouver le consortium de propriétaires à la tête du club, ils ont fait rêver les partisans. Il n’y a pas si longtemps, la Ligue nationale de hockey boudait ses admirateurs, laissant le plancher aux autres ligues. Doués en marketing, les hommes de hockey louisevillois ont su profiter de l’occasion. Ils ont rempli l’aréna. Il fallait arriver tôt pour avoir une place décente. Les chandails noir et jaune à l’effigie de Karl Donovan se vendaient comme des petits pains chauds, les filles du casse-croute se sont payées du bon temps avec le pourboire accumulé les soirs de match. Kevin Desrochers avait trouvé la façon de gagner, les victoires se succédaient. Comme dans un bon film de Walt Disney, c’était trop beau pour être vrai. Le 20 décembre, l’entraîneur a claqué la porte; une bombe, personne ne l’avait vu venir. On murmure entre les branches qu’il n’avait pas les deux mains sur le volant et pour un leader comme Desrochers, c’était devenu insupportable. «Un conflit à l’interne» l’a poussé à quitter le navire.

Les propriétaires ont alors pris tout un pari, mettre un entraîneur recrue derrière le banc. Shawn Legris était encore un joueur de hockey quelques semaines avant son adhésion au club à titre de pilote.

On ne peut rien reprocher à Legris, il a agi en gentleman avec tout le monde: les médias, les partisans et essentiellement ses joueurs. Le jeune homme charismatique a convaincu les vétérans de ramer dans la même direction et c’est déjà un exploit. Mais il n’avait pas l’expérience de Desrochers et son navire s’est échoué en finale contre le Bigfoot de Saint-Léonard-d’Aston. La dernière partie en était une d’anthologie, les joueurs ont tout donné et le cinquième match s’est terminé comme il se devait pour les visiteurs, avec un but du vétéran capitaine André Alie en deuxième période de prolongation, une belle façon d’amorcer sa retraite pour le gaillard de 38 ans.

Après la partie, un sage partisan âgé d’une dizaine d’années y est allé d’une grande citation en s’adressant à son père: «Au moins, ils nous ont fait rêver!»

N’empêche que l’été sera long pour le Bellemare.