Retrouver la magie: la mission de l’équipe de hockey-balle d’Haïti

LAVAL, Qc — Il y a sept ans, des Haïtiens de la diaspora de Montréal ont réalisé un rêve fou: celui de remporter un tournoi international de hockey-balle avec leur pays d’origine. À l’aube du prochain championnat mondial, l’équipe est déterminée à faire ses preuves à nouveau cet été, ici même au Québec.

«C’est bien beau parler de 2015, mais on est en 2022! On aimerait qu’on parle de 2022 parce que 2015, ça commence à remonter loin», a noté Patrick Chéry, auteur du but gagnant qui a permis à Haïti de mettre la main sur l’or à l’époque.

Alors à sa première participation de son histoire au Championnat mondial de hockey-balle en 2015, Haïti a connu un parcours Cendrillon lors duquel elle a été sacrée championne de façon inespérée du groupe B. En Suisse, Haïti a pris la mesure de l’Arménie, de la France, du Royaume-Uni et finalement des Îles Caïmans pour se hisser au sommet.

Depuis, sans dire que le carrosse s’est transformé en citrouille, l’Association de hockey-balle haïtienne a dû s’atteler à la tâche de revoir son plan d’attaque pour retrouver la magie d’antan.

Et ce serait un bien bon moment puisque Haïti pourra compter sur le soutien de ses partisans. Le Championnat du monde 2022 devrait être disputé en fin juin à Laval, selon ce qu’a appris La Presse Canadienne.

D’abord, c’est une formation redessinée qui se présentera à la Place Bell dans laquelle il y aura beaucoup de sang neuf. Parmi les recrues qui se sont greffées à l’équipe, l’ancien défenseur du Drakkar de Baie-Comeau, de la LHJMQ, Zachary St-Surin et l’attaquant Sandrick Brisard-Cadet en seront à la première édition.

«Je suis arrivé dans l’équipe et je ne connaissais personne. Maintenant j’appelle les gars la fin de semaine pour discuter de n’importe quoi, a confié Brisard-Cadet. Nous sommes vraiment soudés et je pense que ça va nous aider à passer au prochain niveau.»

Patrick Rafael, qui en sera à son quatrième Championnat du monde, abonde dans le même sens.

«On est super uni. On passe beaucoup de temps ensemble et on s’encourage. Pour avoir fait les autres éditions, je trouve que celle-ci, en termes d’esprit de corps, c’est parmi les meilleures, sinon, la meilleure», a-t-il analysé.

Si les joueurs martèlent l’importance de cette fraternité, c’est parce que l’équipe avait souffert d’un manque de cohésion lors du dernier tournoi.

Après une honnête quatrième place en 2017, les porte-couleurs du bleu-blanc-rouge ont connu une contre-performance en 2019, ne remportant aucune rencontre dans un tournoi ponctué par de l’indiscipline chez les Grenadiers. Que peuvent-ils améliorer?

«Tout», a résumé Chéry.

Ladite magie n’apparaît pas en claquant des doigts

Un autre aspect qui a été pris d’assaut par la formation haïtienne est la mise en forme. La Presse Canadienne a assisté à une séance d’entraînement à près d’un mois du tournoi lors de laquelle l’intensité et la hargne étaient de la partie, tout comme le plaisir et les taquineries.

Après quelques exercices axés sur le positionnement et les schémas tactiques préconisés par les entraîneurs, ils ont été laissés aux bons soins de leur préparateur physique. Ce dernier n’a pas ménagé l’énergie des joueurs qui ont eu le malheur de rater l’entraînement physique de la semaine.

«’Team’ Haïtiest prête depuis l’ouverture du camp d’entraînement en octobre, a déclaré le vétéran Carl Simeon. On s’entraîne cinq à six fois par semaine depuis, juste pour gagner le Championnat du monde. Nous sommes prêts.»

Les efforts ont porté fruit lors des matchs préparatoires. En vue du tournoi estival, Équipe Haïti a notamment défait l’Italie et l’Arménie dans les dernières semaines.

«Les gars cette saison sont très excités, très enthousiastes et doser cette énergie, c’est l’un de nos plus gros défis», a expliqué l’entraîneur adjoint du club et ex-joueur, Mike Fils-Aimé.

«Il faut séparer les moments pour être drôle et sérieux, mais s’assurer de continuer à avoir du plaisir», a-t-il ajouté.

Le hockey comme véhicule de bonnes actions

Cet enthousiasme et cette fierté se ressentent sur le terrain, mais également à l’extérieur pour ces Québécois d’origine haïtienne.

«C’est sûr qu’il y a le hockey, mais il y a beaucoup de choses qu’on fait outre le hockey, a rappelé Fils-Aimé. On veut aider la communauté. Oui, le hockey c’est la belle façade que les gens voient, mais on voit plus grand. Il y a des projets qu’on va bientôt dévoiler et les gens vont voir que c’est plus qu’une équipe, c’est une famille.»

Si la communauté demande à être conquise, les membres de l’équipe le sont déjà.

«Je trouve ça incroyable [d’être dans l’équipe]. J’ai pratiquement toujours été le seul Haïtien de mon équipe, voire de la ligue. Donc d’être avec 25 gars qui me ressemblent, qui ont tous la même énergie que moi et qui ont eu le même parcours, ça fait en sorte qu’on a un lien spécial», a affirmé Brisard-Cadet.

À noter que ces porte-étendards de l’espoir doivent non seulement jongler entre la famille, le travail, les entraînements et la pression de représenter le pays, mais ils doivent aussi faire des sacrifices financiers pour s’inscrire dans l’équipe.

La panacée à tous ses maux demeure la même que dans tous les sports, la victoire.

«Je ne sais pas si je lis dans l’avenir, mais inquiète-toi pas, on va ramener la médaille d’or», a lancé Brisard-Cadet.

Les auspices sont assurément plus favorables pour les Grenadiers lors de cette édition, qui se déroulera en territoire connu.