McKeever, Westlake et Bridges ont fait avancer la cause du parasport

Lorsque Billy Bridges a d’abord fait partie de l’équipe nationale de parahockey en 1998, les joueurs ont dû acheter leurs propres chandails du Canada dans un magasin d’articles de sport.

Ils ont payé pour que leur nom soit apposé au dos au «mom and pop shop», a révélé Sami Jo Small, triple médaillée olympique de l’équipe canadienne de hockey féminin et épouse de Bridges.

«Nous avons encore certains de ces maillots… les noms se décollent», a-t-elle ajouté en riant.

Bridges se souvient d’avoir payé de sa poche les voyages de l’équipe nationale, logeant souvent six joueurs dans une chambre d’hôtel. Son père a façonné ses bâtons dans des troncs d’arbres. Il a maintenant un contrat de commandite de bâton.

Bridges et la légende de ski de fond Brian McKeever ont participé à leurs sixièmes Jeux paralympiques à Pékin, tandis que le joueur de parahockey Greg Westlake a disputé ses cinquièmes.

Les trois ne sont pas seulement les plus grands paralympiens au monde, ils ont également repoussé les limites du parasport au Canada et contribué à refaçonner la façon dont les Canadiens et le monde perçoivent les athlètes avec un handicap.

«Quand j’ai commencé, c’était un peu plus amateur, les gens avaient des emplois de jour, a rappelé McKeever. Il n’y avait pas beaucoup de financement et très peu d’entre nous étaient, disons, des professionnels à temps plein.»

L’athlète de 42 ans de Canmore, en Alberta, a remporté trois médailles d’or à Pékin pour couronner une fructueuse carrière. Avec 16 victoires, il a égalé l’Allemand Gerd Schoenfelder pour le plus grand nombre de titres par un paralympien masculin aux sports d’hiver.

McKeever prend sa retraite après avoir remporté 20 médailles en six Jeux, dont beaucoup avec son frère Robin comme guide. Robin est l’entraîneur-chef de l’équipe paranordique du Canada, et les deux ont partagé une longue étreinte après la dernière course de Brian dimanche, une sixième place au relais ouvert.

Brian McKeever a déclaré que lui et son frère étaient «super fiers» de la façon dont ils ont poussé vers le haut le ski paranordique.

«Le niveau n’a pas nécessairement augmenté autant au fil des ans, mais il y a plus de profondeur, car maintenant vous ne pouvez pas gagner sans être un professionnel à temps plein. Nous avons également inculqué beaucoup de ces valeurs à nos coéquipiers, que vous devez vous entraîner comme on le fait pour le volet olympique, a affirmé McKeever.

«Ce n’est pas parce que nous avons des limites physiques que nous ne pouvons pas nous entraîner pendant le même nombre d’heures et avoir le même dévouement.»

Progression

McKeever a ajouté qu’il ne savait pas, lorsqu’il a commencé sa carrière, que «para» aux Jeux paralympiques signifie en fait «Jeux parallèles» et non paraplégique, une idée fausse courante.

«Nous avons donc aussi un petit problème de marketing», a-t-il constaté.

McKeever, qui n’a pas de vision centrale et seulement un peu de vision périphérique en raison de la maladie de Stargardt, a mentionné que Taiki Kawayoke était devenu le plus jeune champion paralympique d’hiver du Japon à 21 ans au début des Jeux. McKeever a agi comme entraîneur technique au sein de l’équipe japonaise quand Kawayoke avait 12 ans.

«Maintenant, il est dans un programme de ski universitaire, s’entraînant avec leurs athlètes du volet olympique, et le chef d’équipe du Japon, qui est un de nos amis depuis de nombreuses années, a dit: ‘Nous avons appris de vous les gars, que vous devez vous entraîner avec les meilleurs.’»

Si McKeever a un regret, c’est de ne pas avoir pu participer aux Jeux olympiques de 2010 à Vancouver. Il s’était qualifié dans la course de 50 kilomètres, mais a été remplacé le jour de la course, une décision qui, selon lui, était hors de son contrôle. Il est fier de sa 21e place — le meilleur résultat du Canada — au 15 kilomètres libre masculin aux Championnats du monde 2007, pour les athlètes valides.

Westlake, un joueur de 35 ans d’Oakville, en Ontario, prend sa retraite après sa cinquième participation paralympique et avec une médaille d’or, deux d’argent et une de bronze.

Il a été une voix constante non seulement pour le sport paralympique de haut niveau, mais pour le sport pour tous les Canadiens vivant avec un handicap.

«Je visite beaucoup d’hôpitaux en Ontario, principalement dans la région du Grand Toronto, a-t-il dit. Il y a un tout autre volet à cela, c’est qu’il y a beaucoup de personnes vivant avec un handicap qui ont besoin de ressentir les avantages de se faire des amis grâce au sport, et de pratiquer un sport qu’ils aiment et de le faire d’une manière différente… Je suis très passionné par ça.»

Westlake, né avec des pieds malformés et amputé des deux jambes sous le genou avant l’âge de 18 mois, a précisé qu’il s’était assuré de s’imprégner de chaque instant de sa dernière apparition paralympique.

«J’ai aimé suivre les Jeux à travers les yeux des plus jeunes… c’était vraiment spécial et vraiment amusant pour moi d’être ici. J’ai tout laissé là-bas. J’ai pu profiter de chaque instant, et je ne peux pas en dire autant de certains Jeux précédents.»

Bridges, quant à lui, est indécis quant à son avenir. Le joueur de 37 ans aimerait continuer si son corps le lui permet.

«Je veux jouer aussi longtemps que je peux contribuer. Je ne veux jamais de laissez-passer. Je ne veux pas qu’on me donne une place, je veux la mériter et je veux pouvoir contribuer au succès de cette équipe.»

Financement

Bien que les athlètes canadiens aient énormément contribué à élargir les limites du parasport au cours des deux dernières décennies, il reste encore beaucoup de travail à faire.

Les athlètes olympiques canadiens qui ont remporté des médailles aux Jeux de Tokyo ou de Pékin ont été récompensés financièrement — 20 000 $ pour une médaille d’or, 15 000 $ pour une médaille d’argent et 10 000 $ pour une médaille de bronze. Les médaillés paralympiques n’ont reçu aucune récompense.

«Ça s’impose depuis longtemps, a affirmé Josh Dueck, chef de mission du Canada à Pékin et triple médaillé paralympique en ski assis. J’ai l’impression que ça se concrétisera dans les deux prochaines années. Je le croirai quand je le verrai, mais j’ai vraiment l’impression que certaines des conversations qui ont lieu en coulisses sont que tout le monde sait que c’est plus que nécessaire.»

Bridges, qui souffre de spina-bifida, a dit que l’ajout du parahockey féminin était également attendu depuis longtemps. C’est l’une des principales raisons de l’énorme écart entre les sexes aux Jeux paralympiques d’hiver, où les femmes ne représentaient que 24% des 564 athlètes internationaux en compétition.

Bridges, originaire de l’Île-du-Prince-Édouard — lui et Small ont une fille de six ans nommée Kensi — a mentionné que lorsqu’il a joué pour la première fois en 1995, la moitié de ses coéquipiers étaient des filles.

«Il est plus que temps. Je sais que des centaines, voire des milliers de femmes jouent à travers le monde. Je sais que si elles organisent un tournoi féminin aux Jeux paralympiques, des équipes se présenteront. Je sais que des pays comme la Chine ne refuseront pas une opportunité de gagner une médaille.»