Le CF Montréal a changé sa culture et a obtenu le respect de la MLS en 2022

MONTRÉAL — Le CF Montréal ne devrait pas pleurer parce que sa saison s’est terminée, mais plutôt sourire parce qu’elle s’est produite.

Le Bleu-blanc-noir a vu sa surprenante, mais magistrale saison prendre fin face au New York City FC en demi-finale de l’Association Est, dimanche, mais il pourra au moins se consoler en se disant qu’il a fait écarquiller les yeux aux quatre coins de la MLS.

Certes, on pouvait voir la déception sur le visage des joueurs et l’émotion dans la voix de l’entraîneur-chef Wilfried Nancy était perceptible après la défaite, mais en remettant les choses en perspective, le CF Montréal a appris de son parcours cette saison et de sa défaite crève-coeur en éliminatoires.

«Impossible n’est qu’une opinion, a déclaré Nancy. Les gars ont toujours cru que nous pouvions faire quelque chose de bien dans nos entraînements, dans les émotions que nous avons eues et dans ce que nous pouvions proposer sur le terrain. Petit à petit, nous avons gagné le respect de tout le monde à travers la MLS. Montréal est maintenant reconnue et ce que nous faisons sur le terrain est clair.»

En nomination pour le titre d’entraîneur-chef de l’année en MLS, Nancy doit également s’inclure lorsqu’il parle de ce respect nouvellement gagné.

Depuis qu’il a pris les rênes de l’équipe, avant le début de la saison 2021, Nancy a établi un style de jeu et des principes clairs qui ont engendré des résultats. Le CF Montréal a raté les éliminatoires de peu lors de la dernière saison, mais il a fracassé deux records de la MLS et 12 records d’équipe en 2022 pour passer du 10e au deuxième échelon de l’Est, avec une progression de 19 points.

L’entraîneur-chef du New York City FC, Nick Cushing, a été aux premières loges pour constater le changement de mentalité au sein de la formation montréalaise et il s’attend à la voir connaître beaucoup de succès dans les années à venir sous la tutelle de Nancy.

«Je crois que le CF Montréal est une équipe exceptionnelle. Les joueurs sont très bien dirigés et ils jouent du très bon football. Ils peuvent marquer sur des centres, passer le ballon et attaquer directement le filet grâce à leur rythme, a observé Cushing. Avec un entraîneur-chef comme Wilfried Nancy, ce sera une équipe dominante. S’il continue à travailler de cette façon, le CF Montréal va devenir une équipe gagnante.»

Rappelons que malgré les succès des Montréalais, il y a toujours un doute qui plane quant au retour de Nancy à la barre de l’équipe. L’entraîneur-chef de 45 ans n’a toujours pas de contrat en poche pour la saison 2023.

Si Nancy a besoin d’un agent pour négocier les termes de son retour à Montréal, il n’aura qu’à se tourner vers son vestiaire. Une vingtaine de joueurs ne seraient pas déçus de le voir reprendre là où il a laissé cette saison.

Le Québécois Samuel Piette s’est d’ailleurs fait le porte-parole de tous ses coéquipiers.

«Je veux que Wilfried et tout son personnel restent à Montréal. Je pense que c’est remarquable ce que nous avons bâti avec Wilfried depuis l’an dernier. Tu vois que les joueurs sont à l’aise et qu’ils prennent du plaisir à jouer, a-t-il fait savoir. Wilfried a fait en sorte que plusieurs joueurs, dont moi, aient pu progresser. Je sais que tous les joueurs dans le vestiaire aimeraient qu’il soit de retour.»

Une culture gagnante

Nancy a aussi été l’instigateur de cette culture gagnante renouvelée au sein du Bleu-blanc-noir. La troupe montréalaise a réussi à reconquérir ses partisans, après un changement de marque tumultueux.

Dans le dernier droit de la saison, et en éliminatoires, le CF Montréal a joué devant plusieurs salles combles et le stade Saputo a été bruyant comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. Les joueurs ont ressenti cette énergie de la foule et les partisans ont apprécié le style de jeu qui était présenté sur le terrain.

«Je suis heureux de l’appui de la foule et de la province. La ville a été derrière nous et nous avons vraiment changé la culture ici. C’est une ville qui raffole du soccer, a insisté le défenseur Alistair Johnston. Les partisans étaient un peu hésitants en début de saison et je le comprenais. Plusieurs personnes doutaient de nous. Nous avons prouvé que nous sommes une équipe excitante et que tout le monde peut se rallier à nous. Les partisans l’ont fait et je les applaudis.»

Émotif pendant son point de presse d’après-match, Nancy a emprunté le même chemin que Johnston.

«Je suis ici depuis longtemps et j’ai vu de très grandes foules au stade olympique à l’époque. Je veux dire merci aux partisans pour le bruit qu’ils ont fait et pour la beauté au stade Saputo. Ce qui me rend le plus fier, c’est que je vois des enfants de 10 ans et des personnes de 77 ans qui remercient l’équipe pour les émotions que nous leur avons données cette saison. Je suis le plus heureux du monde», a-t-il exprimé.

Maintenant que cette nouvelle culture semble bien établie, il ne restera qu’à voir si l’équipe de 2023 pourra obtenir les mêmes succès.

On sait déjà que Djordje Mihailovic quittera pour la première division des Pays-Bas et que Victor Wanyama a mentionné qu’il ne serait pas de retour. Plus tôt cette saison, des rumeurs ont envoyé Ismaël Koné en Angleterre et une participation à la Coupe du monde de soccer pourrait lui être bénéfique, tout comme pour Johnston.

C’est une réalité qui n’est pas inconnue pour Nancy et il a toujours eu à coeur l’idée de faire progresser ses joueurs.

«Je fais aussi ce travail pour développer des joueurs et des hommes. Quand je suis arrivé à la barre de l’équipe, l’objectif avec (le directeur sportif) Olivier Renard était de prendre des joueurs et de les améliorer. Pour moi, ç’a été un succès. Je ne sais pas qui va revenir l’an prochain, mais nous allons recommencer en nous basant sur ce que nous avons fait de bien par le passé. Nous avons réussi à connaître une meilleure saison en 2022 en raison de celle que nous avons vécue en 2021», a-t-il souligné.