L’Argentine bat la France 4-2 aux penalties et gagne la finale de la Coupe du monde

LUSAIL, Qatar — Vêtu d’une robe qatarie noire par-dessus son maillot bleu et blanc de l’Argentine, Lionel Messi a embrassé la Coupe du monde, s’est approché de ses coéquipiers et a soulevé le trophée doré dans les airs.

C’était une scène emblématique qui place enfin — définitivement — la superstar du soccer au panthéon des plus grands joueurs.

La carrière générationnelle de Messi est complète. Il est enfin un champion de la Coupe du monde de soccer.

Dans l’une des finales les plus spectaculaires des 92 ans de l’histoire du tournoi, dimanche au Qatar, l’Argentin de 35 ans a marqué deux buts et un autre lors de la session décisive de tirs de barrage pour mener son pays vers une victoire de 4-2 aux penalties contre la France, après un verdict nul de 3-3 après 120 minutes de jeu.

C’est le troisième sacre de l’Argentine à la Coupe du monde, son premier en 36 ans. Il a été réalisé malgré l’exploit de l’attaquant français Kylian Mbappé, auteur du premier tour du chapeau lors d’un match ultime de la Coupe du monde en 56 ans.

«C’est juste fou que cela soit devenu une réalité de cette façon», a déclaré Messi. «Je le désirais tellement. Je savais que Dieu m’apporterait ce cadeau. J’avais le sentiment que cette (Coupe du monde) était la bonne.»

Maintenant, il n’y a plus de débats. Messi rejoint Pelé — ce Brésilien qui a gagné trois fois la Coupe du monde — et Diego Maradona, la regrettée légende du soccer argentin à qui Messi a été si souvent comparé, dans un club exclusif réservé aux plus grands joueurs de soccer de tous les temps.

Messi a répété le tour de force de Maradona en 1986: dominer une Coupe du monde pour l’Argentine.

«Allez, Argentine!», a crié Messi dans un micro, sur le terrain, lors des célébrations d’après-match.

«J’ai hâte d’être en Argentine pour assister à cette folie», a-t-il dit, plus tard.

En brillante forme dès le début du match, Messi a inscrit le premier but, depuis le point de penalty, et a joué un rôle dans celui d’Angel Di Maria, qui permettait à l’Argentine de profiter d’une avance de 2-0 après 36 minutes de jeu.

De son côté, Mbappé avait été anonyme jusqu’à ce qu’il marque deux fois dans un intervalle de 97 secondes, tard en deuxième demie, — un lors d’un penalty, l’autre à l’aide d’une volée décochée de l’entrée de la surface de réparation — pour porter le score 2-2 et forcer l’ajout de deux périodes de 15 minutes.

Messi avait encore beaucoup d’énergie et il a réussi son deuxième but du match, à la 108e minute, au moment où un défenseur français dégageait le ballon qui venait tout juste de franchir la ligne des buts.

L’Argentine semblait se diriger vers un triomphe, mais il restait encore du temps pour un penalty réussi de Mbappé, à la suite d’une touche illégale de la part d’un défenseur argentin dans la surface de réparation, pour propulser ce spectaculaire duel vers une séance de tirs de barrage.

«Nous avons réussi à nous relever des morts», a fait remarquer le sélectionneur français Didier Deschamps, dont l’équipe tentait de devenir la première depuis le Brésil, en 1962, à gagner deux titres consécutifs.

Mbappé et Messi ont effectué les premiers tirs de leur club et ont marqué. Le Français Kingsley Coman a vu le sien bloqué par le gardien argentin Emi Martinez, puis Aurélien Tchouameni a raté la cible pour la France, donnant la chance à Gonzalo Montiel de clore le match. Il a converti le penalty avec un tir du côté gauche et les célébrations de joie ont aussitôt commencé dans le clan argentin.

«C’est un tel plaisir d’être au ‘top’, au sommet», a déclaré le sélectionneur argentin Lionel Scaloni. «Ceci est unique.»

Ainsi prenait fin la séquence de quatre triomphes de nations européennes. Le Brésil avait été le dernier pays d’Amérique du Sud à gagner le tournoi, et c’était également en Asie lorsque le Japon et la Corée du Sud ont joué le rôle de co-hôtes de l’événement, en 2002.

L’Argentine avait auparavant soulevé le trophée commémoratif en 1978 et en 1986. Au Qatar, la nation d’Amérique du Sud est venue confirmer son triomphe à la Copa America, l’an dernier. Ce titre était son premier à un tournoi d’envergure depuis 1993.

C’est l’apogée de la carrière internationale de Messi, qui joue mieux que jamais. Après tout, il a complété la Coupe du monde avec sept buts, un de moins que Mbappé, qui a terminé premier à ce chapitre pendant le tournoi.

Ce fut tout un duel ultime, aussi, pour une Coupe du monde unique —la première à avoir lieu au Moyen-Orient et dans le monde arabe.

Pour la FIFA et les organisateurs qataris, une finale entre deux grandes nations du football et les deux meilleurs joueurs du monde représentait une façon parfaite de clore un tournoi marqué par la controverse depuis le vote de 2010, qui a fait scandale, en faveur de l’attribution de l’événement à un petit émirat arabe.

Depuis lors, l’examen minutieux qui a duré des années s’est concentré sur le changement des dates de la période traditionnelle de juin-juillet à novembre-décembre, sur les vives critiques concernant la façon dont les travailleurs migrants ont été traités, puis sur le malaise que suscite l’organisation du plus grand événement de football dans un pays où les actes homosexuels sont illégaux.

Dimanche, la plupart des gens n’avaient qu’une seule interrogation en tête : Messi peut-il réussir?

Il y est arrivé malgré les efforts de Mbappé — le coéquipier de Messi avec le Paris Saint-Germain — qui a tout tenté, à l’âge de 23 ans, pour répéter l’exploit de Pelé de gagner la Coupe du monde à ses deux premières participations.

Messi est devenu le premier joueur à marquer lors de la phase de groupe et dans chacune des rondes de la phase éliminatoire lors d’une même édition de la Coupe du monde.

Depuis l’inconcevable revers de 2-1 de l’Argentine contre l’Arabie saoudite lors du premier match de la phase de groupe, Messi s’est lancé en mission. Il a choisi d’assumer la responsabilité de diriger son équipe nationale et de jouer à la manière de Maradona en associant ses talents éblouissants à une agressivité rarement vue.

Toutefois, Maradona n’a jamais marqué lors d’une finale. C’est le cas de Messi, ce qui lui permettra d’effacer les souvenirs de sa seule autre participation à une finale de la Coupe du monde, en 2014 quand l’Argentine a baissé pavillon 1-0 contre l’Allemagne et que Messi n’avait pas su exploiter une belle chance de marquer en deuxième but.

Ce soir-là, au stade Maracanã, au Brésil, Messi a fixé le trophée doré de la Coupe du monde qui lui échappait.

Huit ans plus tard, il l’a soulevé au moment le plus important d’une carrière sans pareil.